Jean-pierre bekolo : ‹‹ kamto veut arranger la route , cabral achète le 4×4››
Dans un style simple et vrai, le cinéaste soutient que le président du Parti camerounais pour la réconciliation nationale travaille pour maintenir le régime en place. « Au Cameroun chacun pense qu’il est en mesure tout seul dans son coin d’avoir une connaissance de son passé et de se projeter vers un avenir glorieux, lui et sa famille. Doit-on appeler vie, cette existence qui trace une ligne partant d’un passé dont on ne veut rien savoir et allant vers un futur qui se réduit à subir présent? », écrit Jean-Pierre Bekolo dans une tribune ce samedi. Pour lui, les camerounais qui trainent donc dans les ministères y trainent pour “suivre leurs dossiers” très très personnels. « Ça s’appelle le singularisme. Dans ce singularisme il accepte tout: les brimades, la petite corruption, le clientélisme, le tribalisme… pourvu que “mon” dossier avance. Si quelqu’un arrive dans le même bureau pour un service avec une perspective plus collective et revendique ses droits, c’est à dire les droits de tous qui ne sont plus les siens à lui tout seul, il devient le trouble fête car il remet sur la table le projet collectif qui exige que nous devons créer et appliquer des règles qui marchent pour tous », explique l’acteur culturel. Cabral Libii « Celui-là qui renonce à ses petits intérêts particuliers et qui dit “l’Etat c’est nous!” pose un sérieux problème au Camerounais qui gère sa relation avec l’Etat “une place” comme la majorité. Si le premier est dans le singularisme, le second est dans le solidarisme. Voilà les deux idéologies qui s’affrontent au Cameroun. Notre route est cassée et a des trous, celui qui essaye de mobiliser tout le quartier pour arranger la route est dans le solidarisme et celui qui préfère acheter un 4×4 est dans le singularisme », ajoute-t-il. Il croit d’ailleurs savoir que Cabral Libii est dans le singularisme et c’est ce qui le rend séduisant pour les camerounais adeptes de cette relation individuelle, son ascension est fulgurante et force l’admiration. « Les Ambazoniens sont dans le solidarisme, Kamto et le MRC sont aussi dans le solidarisme, ils sont dangereux car ils nous empêchent de poursuivre “nos dossiers”. Ils sèment le désordre. Comment je peux encore retrouver mon dossier s’il y a le désordre? En conclusion, Kamto veut arranger la route, Cabral achète le 4×4 », analyse Jean-Pierre Bekolo. Cameroun « Parce que le projet collectif n’est plus que source de problèmes et de perturbation de nos desseins individuels au Cameroun, je me demande comment ce pays avec qui nous n’avons plus qu’une relation individuelle semblable à celle que développons avons avec notre avocat qui nous aide a régler nos problèmes individuels, comment un tel pays ne va pas imploser ? », s’interroge ce dernier dans la même lancée. « Comment envisageons-nous notre propre existence dans un espace que nous n’imaginons que pour nous seuls? En d’autres termes nous ne nous imaginons pas le pays avec les autres. Nous avons uniquement besoin d’eux pour que faire “corps”, je veux dire pour faire “pays”. Si les autres ne sont plus là, le pays n’existe plus, ce qui ne nous dérangerait pas tant que ça si ce que nous tirons du pays dans “nos dossiers” ne disparaissait pas avec. Je parle des privilèges individuels qui se cachent derrière le “un et indivisible” », conclut le cinéaste.