Foumban :à l'épreuve de la décentralisation biaisée

Ibrahim Mbombo Njoya tente d’outrepasser sa fonction. La maire de Foumban Patricia Tomaïno Ndam Njoya s’offusque. Le sentiment de son honneur bafoué par le sultan Ibrahim Mbombo Njoya suscite une contre-attaque de l’élue décidée de revendiquer son autorité au sujet d’un site jadis détruit par les flammes et réaménagé par le roi bamoun, puis inauguré le 14 février dernier par le préfet du Noun à qui le gardien de la tradition a symboliquement remis les clefs des lieux sans le consentement ni la collaboration de la maire. Or, ceci paraît une violation de la loi sur la décentralisation. La situation remet sur la table le débat autour de la séparation des pouvoirs, du rôle et de la fonction des différents acteurs au sein des collectivités territoriales décentralisées (Ctd). La maire s’est- elle vue arrachée les clefs de la porte d’entrée de Foumban sa ville. Le pari déclenché par Ibrahim Mbombo Njoya fut- il sénateur, écarte les textes pourtant clairs et qui indiquent l’autonomie des élus locaux dans le nouveau système de la décentralisation. Un coup de massue sur la loi, diligenté par le chef supérieur bamoun étouffe la première magistrat de la ville non moins sans lui ravir la vedette dans un climat de tension politique habituellement mis en branle par l’Union démocratique camerounais (Udc) et le Rassemblement démocratique du peuple camerounais ( Rdpc) au pouvoir depuis 39 ans. La maire milite pour le premier et le roi pour le second. Les deux figures occupent les strates de décision dans leur formation politique respective. Au-delà du bras de fer la quête du bilan que voudrait défendre les parties opposées dans le compteur de leurs réalisations, avec pour effet le vote des populations aux prochaines échéances fait perdurer la crise. La lutte pour le contrôle de la municipalité est ouverte. Dans une missive adressée à Ibrahim Mbombo Njoya la maire de Foumban Patricia Tomaïno Ndam Njoya qualifie de “ désordre visuel » la nouvelle construction de la partie litigieuse de même quelle impute explicitement la responsabilité du sultan. Dans le parcours de sa dénonciation expressive de toute sa colère l’élue avise le gardien de la tradition de » regagner le palais en attendant de tirer les conséquences fâcheuses voire dangereuses de cette délocalisation des loges ». La présence des objets traditionnels exhibés par le sultan à cet endroit provoque davantage la colère de cettedernièreexigeantesurleretour de ces valeurs dans un espace autre que l’entrée de la ville. Toutefois la pratique de la décentralisation laisse à désirer. Les élus locaux ne cessent de faire face aux préfets et sous- préfets dans l’exercice de leur fonction. Il est triste de constater le blocus des administrateurs dans les démarches engagées par les maires pour assurer la gestion autonome de leur municipalité. En juillet 2020 Paul Éric Kingué maire de Mjombé-Penja outré par l’imposition du préfet du Moungo suite à la gestion des carrières de sa localité que le représentant de l’Etat bloquait, avait tenté de traduire devant les tribunaux son vis- à- vis. Mais le rouleau compresseur des caciques du régime, dévoué à la confiscation du pouvoir avait réussi à torpiller l’affaire au détriment de la décentralisation en panne de sa concrétisation.


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