Émergence en 2035 : pourquoi la stratégie 2020-2030 est compromise

Barnabé Okouda, le directeur exécutif du Centre d’analyses et de recherche sur les politiques économiques et sociales (Camercap), think tank apparenté au gouvernement camerounais, vient de publier une analyse sur la mise en œuvre, le 1er janvier 2020, de la Stratégie Nationale de Développement à l’horizon 2030. Le Cameroun a adopté en novembre 2020 son nouveau plan décennal de développement, avec une dénomination qui ne se réfère plus à un support, sous l’appellation de la Stratégie Nationale de Développement à l’horizon 2030 (SND30). Elle intervient à la suite du DSCE (2010-2019). Celte stratégie a fait l’objet d’une analyse de Barnabé Okouda, le directeur exécutif du Centre d’analyses et de recherche sur les politiques économiques et sociales (Camercap), think tank apparenté au gouvernement camerounais. « Dans la foulée et à peine lancée, la SND30, sans avoir fait ses premiers pas, se retrouve en concurrence déloyale avec un nouveau programme économique et financier. En effet, aux dernières nouvelles officielles, après des semaines de négociations officielles par les plénipotentiaires du gouvernement camerounais, le Conseil d’administration du Fonds Monétaire International (FMI) devrait se prononcer ce mois de juin (le 25) pour approuver un énième programme économique et financier pour le Cameroun. En langage simple, le pays rentre à nouveau dans un programme d’ajustement structurel », Barnabé Okouda. Les enjeux et les défis de la SND30 sont hautement cruciaux sur le plan budgétaire. Les résultats non accomplis du DCSE n’ont pas donné de marges de manœuvre au gouvernement. Achever et rendre opérationnels les grands projets de la décennie 2010-2020 afin de retrouver le sentier de croissance vers l’émergence, exige une mobilisation importante des ressources budgétaires. Par ailleurs, les progrès ou les nouveaux engagements de la SND30 pour la transformation structurelle de l’économie, notamment à travers la mise en œuvre du PDI (Plan Directeur d’industrialisation actualisé) requièrent également des ressources budgétaires colossales. De manière linéaire donc la combinaison des deux orientations ci-dessus + recommande une politique budgétaire plus ambitieuse et innovante, associée à une stratégie d’endettement souple et ajustable en quasi temps réel. Seulement, indique Camercap, « le pays s’engage de nouveau (juin 2021) dans un programme économique avec le FMI (et les autres PTFS certainement), ce qui impose fatalement une obligation de consolidation budgétaire, de surveillance rapprochée et doublée d’une extrême prudence sur le plan budgétaire. Les 02 options sont manifestement incompatibles ! Bien qu’il soit déclaré que le nouveau programme va s’appuyer sur la SND30, nul n’est besoin d’être expert des programmes du FMI pour comprendre que c’est de rhabillage diplomatique, techniquement, cela veut simplement dire que l’on va désormais choisir des priorités dans les priorités de la SND30 qui sont compatibles avec le programme ». Ecueils et incertitudes Toujours selon notre source, l’entrée sous-programme avec le FMI contredit et hypothèque les objectifs de développement de la SND30 qui prévoit pour ses 2 premières années, d’importantes réformes pour mettre en branle la transformation structurelle et l’industrialisation envisagées. Cela’ fera un an à peine que la SND30 a été lancée et quelle n’a véritablement pas démarré son premier plan d’action triennal, sa course ressemble désormais à celle d’un athlète, qui au départ d’une course de 100 mètres (par ce qu’il s’agit d’aller vite et bien), se voit surchargé d’un chronomètre de 10 kg sur son pied droit, sous le prétexte de contrôler sa course. Atout ou handicap ? Cherchons l’erreur. Débat sur la dette Pour le ‘lhink Tank, le débat lancé et suscité dans les media et l’opinion publique sur l’endettement du Cameroun est inopportun sur le volume et le rythme d’endettement. La bonne problématique à adresser devrait porter sur la qualité et la gestion de la dette. Ce que l’on en lait et les résultats obtenus. Si à chaque fois que le pays s’endette pour 1000 F CFA, la bonne utilisation de cette ressource additionnelle permet d’obtenir 1300 FCFA qui lui permette de rembourser 1100, et créer une richesse de +200, sa crédibilité reste intacte malgré le volume de sa dette. C’est le cas de tous les pays comme les USA, le Japon, etc. « Une fois de plus, comme le DSCE, la SND30 n’aura pas de vie tout comme ce fut le cas du 5è plan quinquennal (1986-1990). Les objectifs devraient donc être révisés en intégrant cette contrainte du Programme Économique pour les 03 prochaines années avec lucidité et réalisme. À cet effet, peut-être une lueur d’espoir viendrait en ce qui concerne les recettes de réaliser enfin le potentiel fiscal correspondant à notre économie, et relever avec efficacité le challenge de la maîtrise des recettes non fiscales, qui offrent encore des marges importantes », conclut Çamercap.


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