Ahmadou Roufai, lamido (chef traditionnel des communautés musulmanes) de Didango, un village bororo situé près de Koutaba, a saisi la justice administrative afin que sa candidature soit incluse sur la liste des candidats à élire par le collège des chefs traditionnels dans le département du Noun. Les toutes premières élections régionales au Cameroun auront lieu le 6 décembre prochaine.Une journée historique dans le processus de décentralisation au Cameroun fondé sur l’article 55 de la Constitution, comme le souligne Célestine Ketcha épouse Courtes, ministre de l’Habitat et du développement urbain et présidente de section de l’organisation des femmes du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Ofrdpc) dans le Ndé-Nord à Bangangté. A un mois de cette consultation électorale, cette dignitaire du parti au pouvoir a exhorté ses camarades à briller par une large participation lors de ce scrutin. Il s’agit de « célébrer les avancées démocratiques, impulsées, selon elle, par Paul Biya, président de la République et président national du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) ». Mais contrairement à ce tableau apparemment reluisant brandi par des militants et affidés du parti au pouvoir, des contestations s’élèvent dans les dix régions du pays. C’est notamment celles portées par des dignitaires traditionnels bororos dans la région de l’Ouest. Ahmadou Rufaï, lamido de Didango dans le département du Noun rumine ainsi sa colère contre ses homologues chefs traditionnels du département du Noun depuis la publication de la liste des candidats appelés, le 21 septembre dernier, pour la compétition politique au niveau du collège électoral des chefs traditionnels. Son nom n’y figure pas. « Nous sommes des citoyens camerounais comme tous les autres. Notre chefferie est reconnue par les autorités administratives. Je dispose d’un arrêté préfectoral homologuant ma désignation comme chef traditionnel. Les listes validées par Elecam ne respectent pas les lois et règlements du pays Je suis déterminé à ce que ma candidature soit admise. Je vais aller au plus loin jusqu’à ce que mon droit à être candidat à cette élection soit respecté. Il est impensable que l’on décide des questions qui concernent nos activités sur le plan du développement local en notre absence», soutient-il. Il fait savoir que ses arrière-grands-parents peuls-fula-ni, communément désignés Bororos, se sont installés à Koutaba en 1914, bien avant l’existence formelle du Cameroun. Composantes sociologiques Il invoque l’article 246 du Code électoral qui dispose que « Le conseil régional doit refléter les différentes composantes sociologiques dans la région». Des singularités qui sont loin d’être respectées dans l’établissement des listes électorales par l’organe en charge de l’organisation des élections nationales et locales au Cameroun, Election’s Cameroon (Elecam). Ce chef traditionnel souligne que les membres de sa communauté participent, au même titre que les autres composantes sociologiques, au développement du département du Noun. En parcourant le cadre juridique en vigueur au Cameroun, il apparaît, ajoute Charlie Tchikanda, directeur exécutif de la Ligue des droits et libertés, une certaine injustice subie par certains groupes sociaux, « au-delà des tripatouillages et du clientélisme », généralement perceptibles dans la confection des listes des candidats aux différentes consultations électorales. C’est ainsi que le chef du village Mancha-Yoyo dans l’arrondissement Massagam n’a également pas été retenu. Confusions Le responsable de la Ldl signale par ailleurs que cette exclusion des minorités bororos des listes pour les régionales est d’autant plus déplorable qu’aucun candidat de cette ethnie n’est présent dans le collège des conseillers municipaux ni des dignitaires des partis politiques, et ce dans aucun des huit départements de la région de l’Ouest. Pourtant, le Code général des collectivités territoriales décentralisées, adopté à la suite du Grand Dialogue National tenu au Cameroun, entre septembre et octobre 2019, a bien relevé la prise en compte des autochtones et des minorités, en matière de compétition électorale. Candidat sur la liste du Rdpc dans le département de la Mifi et membre du bureau national de l’organisation des jeunes de cette formation politique, Hypolite Tchoutezo, estime que les plaintes du lamido de Didango ne sont pas fondées. «Il ne faut pas confondre représentation sociologique et représentation ethnique. La jurisprudence en droit électoral camerounais est constante en la matière. Toutes les listes du Rdpc dans les huit départements de la région de l’Ouest ont tenu compte de ces critères. Les listes des chefs traditionnels, en majorité des militants du Rdpc, respectent aussi ces critères édictées par les lois de la République notamment le code électoral », soutient-il. Au niveau de l’antenne régionale d’Elecam dans la région de l’Ouest, André Sob, le responsable des opérations électorales et référendaires, affirme que « le conseil électoral d’Elecam a validé les candidatures conformément à la loi. Les citoyens mécontents sont libres de recourir à la justice pour porter leur contestation ». Le lamido de Didango devra attendre la sentence de la chambre administrative de la cour suprême qui doit se réunir incessamment.
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