Pendant deux ans, pays siège désormais au sein du conseil de paix et de sécurité tandis que Marie-Louise Abomo a été élue pour six ans comme membre de La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (Cadhp). C’est une double victoire pour le Cameroun. Un sentiment de satisfaction anime la délégation conduite par le ministre des Relations extérieures (Minrex). Mais aussi de « travail accompli », souffle-t-on dans l’entourage de Lejeune Mbella Mbella. On ne se veut cependant pas triomphaliste. Pourtant, le Cameroun devrait l’être. Surtout au vu des nombreuses attaques dont il est la cible depuis près d’une décennie sur les questions de droits de l’homme et des libertés individuelles. Et même des peuples. Accusé par les ONG dites de défense de ces droits de les violer. Notamment dans les conflits qui secouent le pays depuis quelques années. Le régime de Yaoundé est constamment accusé de perpétrer des exactions contre son propre peuple. D’abord dans la guerre asymétrique contre Boko Haram dans l’Extrême-nord, à la frontière avec le Nigeria. Puis, au cours de la crise anglophone. A chaque fois, le gouvernement a été sur la défensive. Expliquant que les exactions sont commises autant par les belligérants que l’armée camerounaise. Qui est souvent, selon le gouvernement, en posture de légitime défense mais aussi et surtout « dans son rôle de préservation de l’intégrité du territoire national ». A Addis-Abeba le 7 février 2020, il a été plus question d’honneur. La diplomatie camerounaise s’est déployée. Sous la houlette de Lejeune Mbella Mbella, le Cameroun fait son entrée au très stratégique conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA). C’est cette instance qui s’occupe des questions de résolution des conflits. Et en cette année 2020, son rôle sera prépondérant. Surtout que, selon la commissaire des affaires politiques de l’UA, « 14 des 34 crises qui secouent le monde sont africaines ». Bien plus, le thème choisi par la commission de l’UA pour cette année 2020, « Faire taire les armes », marque la volonté de l’instance panafricaine de venir à bout des conflits en Afrique. « LAf rique, en admettant le Cameroun au sein de la structure en charge de la gestion des conflits sur le continent, marque sa volonté de faire profiter au reste du continent l’expérience de Yaoundé dans la résolution pacifique des conflits », confie un diplomate de l’Afrique de l’Est. « Nous ne pouvons pas oublier la maestria avec laquelle Paul Biya a mené les discussions sur le conflit avec le Nigeria au sujet de la presqu’île de Ba-kassi, au Sud-ouest du pays. L’Afrique a besoin de cette méthode à un moment où elle est secouée de toutes parts », ajoute un ministre de l’Afrique de l’Ouest. Qui poursuit : « Même en matière de gestion des conflits internes, le Cameroun peut se targuer de pouvoir donner des leçons à certains pays qui ont plus de ressources que lui ». Pour toutes ces raisons donc, le Cameroun va siéger pendant deux ans aux côtés de 9 autres pays élus pour la même période et de 5 élus pour trois ans, tous renouvelables. L’autre victoire engrangée par le Cameroun est l’élection de l’actuelle présidente de la section pénale à la Cour suprême du Cameroun à la Cadhp. Marie Louise Abomo, magistrate hors hiérarchie, entame une nouvelle expérience à l’internationale. Cette présence, comme représentante de l’Afrique centrale au sein de cette autre instance de l’UA, composée de 11 membres, et basée à Banjul en Gambie, est le résultat d’une diplomatie de coulisses triomphante. En effet, à travers Mme Abomo, le Cameroun était challengé par le Tchad. Qui s’est désisté « devant le consensus qui se dégageait autour de la candidature de la Camerounaise », indique un membre de la Cadhp. Pendant six ans, l’au-teure d’une thèse de doctorat sur la réforme du divorce au Cameroun (Le divorce au Cameroun, pour une réforme, 1998, ndlr) à l’Université de Toulouse 1 va devoir mettre à profit son expérience pour « protéger et promouvoir les droits de l’homme et des peuples africains en interprétant la Charte africaine y relative. On l’attend également sur la promotion du genre, une question à laquelle tient l’UA dans tout ce qu’elle entreprend. L’élection de Mme Abomo survient quelques jours (le 3 janvier 2020, ndlr) après la publication du rapport unique valant 4ème, 5ème et 6ème rapports périodiques du Cameroun au titre de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, et des premiers rapports au titre du Protocole de Maputo et de la Convention de Kampala pour la période. « De manière générale, l’on peut relever que l’Etat du Cameroun a mis en œuvre les obligations contractées au titre des instruments [du système africain de protection des droits de l’homme] qui lui font obligation d’adresser un rapport à la Cadhp dans un contexte marqué par une crise sécuritaire et une crisè économique]… ] Pour garantir les droits de l’homme des personnes relevant de sa juridiction au cours de la période sous revue, l’Etat du Cameroun devait assurer la paix et la sécurité et prendre des mesures d’adaptation à la crise économique sans compromettre les activités économiques et la croissance, e sans aggraver la situation des couches les plus vulnérables. », peut-on lire dans l’introduction générale de ces rapports.
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