Confidentiel : ces hommes politiques qui négocient l'entrée au gouvernement

Il s’agit des hommes politiques bien connus de notre landerneau politique. Ceux-ci ont soit des élus ou alors bénéficient d’une proximité avec des acteurs qui jouent le rôle de passerelle. Depuis février 2021, (date de la tenue des élections municipales et législatives), les camerounais sont toujours à l’attente d’un nouveau gouvernement. Bien après ces élections locales, l’on a aussi assisté aux élections régionales. Bien après ces régionales le vieux lion n’a toujours pas procédé à la mise sur pied d’un gouvernement nouveau. Alors que Paul Biya est en court séjour privé dans le vieux continent, Actu Cameroun apprend que des manœuvres ont lieu dans les coulisses ente Yaoundé et certains acteurs politiques de l’opposition pour leur entrée au gouvernement. Lire ici l’analyse Sylvain Dipoko : C’est une tradition dans bien de pays du monde .Les résultats des élections locales contribuent généralement à redéfinir le poids politique des appareils et à redessiner à la fois le jeu et les cartes politiques dans un pays. Ils conditionnent l’influence des partis politiques selon le nombre d’élus obtenus aux municipales, aux législatives, aux sénatoriales et aux régionales. Les positions prises par les leadership de ces organisations prennent aussi de l’envergure selon cet indicateur en plus de la pertinence du problème soulevé, servant ainsi de contrepoids et d’alternative réelle au Gouvernement . Une influence qui constitue un atout dans les négociations et la considération auprès des interlocuteurs, qu’il s’agisse de l’opposition ou du pouvoir. Au Cameroun, ils sont 16 partis politiques sur les 329 actuels à avoir au moins un conseiller municipal (RDPC ,UNDP, PCRN, UDC ,SDF, FSNC ,MDR ,MCNC,UNIVERS ,PAL , FDC ,MP ,MANIDEM ,ANDP ,PURS…)et 08 à avoir au moins un député (RDPC :152 ; UNDP:07; SDF: 05 ;PCRN :05 ; UDC:04 ;FSNC:03 ; MDDC et UMS :02.). Malgré cette faible représentativité de l’opposition au sein de l’appareil parlementaire d’État, cette configuration a favorisé de nouvelles formes d’alliances informelles chez certains leaders de ces formations politiques en concurrence avec d’autres sans élus, pour une entrée dans le Gouvernement. Celestin Bedzigui, le vieux briscard Docteur en Econométrie, Prospective et Prévision de l’Université de Paris IX Dauphine, le président du PAL depuis 1991 est un acteur de la tripartite qui ne cesse d’étonner par sa trajectoire, sa démarche et sa logique politiques. Ex-directeur général des sacheries du Cameroun, ancien cadre politique de l’UNDP, cet opposant devenu adjoint au maire de Monatele dans l’actuelle législature, a néanmoins surpris l’opinion en 2018 avec son ralliement à la candidature de Paul Biya. Expérimenté et rusé, l’actuel chef traditionnel de Monatélé n’hésite pas à prendre publiquement position au sujet de la marche de son pays , autant que de marquer son soutien à des personnalités comme Titus Edzoa ,Maurice Kamto ou très récemment encore au philosophe Fridolin Nké ,lorsque les reputations de ces derniers sont malmenées. À la soixante-dizaine, Celestin Bedzigui estime mériter mieux qu’adjoint au maire et reste à l’affût d’un appel pour une entrée dans le Gouvernement. Chief Milla Assouté, le retour en négociation Le long exil du Chef Suprême du peuple de Santchou , Chief Pierre Mila Assouté depuis 2005 n’a pas éloigné le président du RDMC de la politique Camerounaise. Opposant à Paul Biya, ce membre du comité central ancien député RDPC de la Menoua de 1983 à 1988 et promoteur du Conseil national de Libération qui reproche au régime de Yaoundé d’avoir voulu attenter à sa vie à cause de ses positions politiques ne cache pas des contacts entretenus avec le pouvoir dans la perspective de son retour. Pendant ce temps, le président du RDMC et formateur de Cabral LIBII continue de se prononcer régulièrement sur la vie politique Camerounaise, avec une pondération et une mesure digne d’un sphinx. Serge Espoir Matomba, l’ovni politique Alors que son jeune âge aurait dû constituer un atout, en plus de la réputation de milliardaire dont les traces restent invisibles , Serge Espoir Matomba, dernier à la présidentielle 2018 , se présente comme un doctorant en économie avec un background et une trajectoire académiques inconnus. Celui que la place de Yaoundé a baptisé « Monsieur bon de carburant » du fait de son habitude à demander ce service aux ministres et autres autorités qui le reçoivent en audience traîne une forte réputation d’arnaqueur de dames , de locataire et d’employeur indélicats. Désormais promoteur d’un groupe media qu’on soupçonne d’avoir été créé avec l’appui de Yaoundé pour servir de contrepoids aux médias de contestation de la ville de Douala, le Premier Secrétaire du PURS espère utiliser cet instrument pour polir son image abondamment entachée par de nombreuses lourdes dettes et factures impayées. Plus qu’un calcul politique, sa course vers la fonction ministérielle est davantage perçue comme un refuge recherché pour devenir intouchable vis-à-vis de ses créanciers et protéger son mauvais rapport préoccupant à l’argent. Proche de David Eboutou qui lui montre les couloirs du cabinet civil et de Célestin Djamen très récemment , l’homme politique fréquente continuellement les couloirs de Yaoundé chaque semaine dans l’espoir d’une récompense en contrepartie d’une fidélité de fortune et d’une adversité manifeste contre le PCRN et le MRC. Célestin Djamen, un opposant assagi Celestin Djamen n’est plus à présenter. Premier activiste à porter plainte à Paul Biya en France contre sa gabegie ,le président de APAR rentre au Cameroun pour militer dans le SDF qu’il quitte pour rejoindre le MRC afin de compétir dans le cadre des élections locales de 2020. Déçu et révolté par la décision de ce parti de ne pas prendre part à ce rendez-vous électoral ,Celestin Djamen qui a par ailleurs reçu une balle et été dans les geôles pendant un mouvement de contestation politique en faveur de sa nouvelle famille politique, prend ses distances et en démissionne finalement. Après un rapprochement avec David Eboutou et une abondante communication sur lui par ce dernier, il crée finalement APAR, son propre parti politique. Des indiscrétions font état d’une mission de 04 ans pour fragiliser la crédibilité du MRC qu’il n’hésite jamais à tacler ,et d’un background favorable pour assumer une fonction ministérielle. David Eboutou, le recruteur L’observateur averti qui suit les activités de cet influenceur digital n’a pas besoin de longues recherches pour constater le basculement éditorial de sa page Facebook , son virage à 180 degrés et la différence de positionnement nette entre postures républicaines et propagande anti-MRC. C’est que David Eboutou est en mission. La même qui le conduisit à Kondengui à l’époque où avec Patrick Sapack ,ils étaient au service des médias pour faire chanter les dirigeants des États et marchander leur silence contre de fortes sommes d’argent . Le contentieux de milliards reçus au nom du PDG de Vision 4 et non déclarés ni reversés en intégralité est éloquent à propos . Sorti de prison, il se met tout de suite au service du système pour contrer la domination du MRC les réseaux sociaux afin de faire basculer la tendance. La recherche de la notoriété et de l’influence est le premier objectif. Une fois acquises, la deuxième est de déconstruire et de fragiliser toute velléité de l’opposition de se solidifier. Les partis et les leaders dont l’envergure menace le Gouvernement sont les principales cibles : Maurice Kamto et le Mrc, Cabral Libii et le PCRN. Le travail se fera sur 04 ans. Entretemps David Eboutou recrute des opposants pour renforcer cet objectif en les introduisant au cabinet civil. D’abord Serge Espoir Matomba du PURS , puis Celestin Djamen que le régime aide à créer et à financer le démarrage des activités de APAR. Des millions circulent .On passe à la caisse . David Eboutou quant à lui a la charge de donner de la visibilité et de construire la notoriété pour constituer un contrepoids auprès de l’opinion. En contrepartie, son mariage est financé par le régime, il soutient sa thèse de doctorat sans difficultés contrairement à Okola Ebode ,les nouvelles recrues le dépannent financièrement. Les publications contestataires et dénonciatrices quant à elles se raréfient .Elles n’aident pas l’atteinte de l’objectif, elle fragilisent le régime. Sylvain Dipoko


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