La localité située dans le département du Haut-Nkam connaît une ambiance délétère depuis quelque temps. La presque totalité des conseillers ne veulent plus travailler avec le maire en place ainsi que ses adjoints. Au centre du mécontentement, «la mauvaise gestion des Centimes additionaux communaux (CAC) et la mise à l’écart du conseil municipal pour la gestion de la commune», selon les informations recueillies et confirmées par les autorités administratives du département. Et c’est donc depuis le mois de novembre 2020 que la pression est montée. Mettant alors aux prises le maire Charles Kameni, Emmanuel Teumawen Djoumbissie et Henri Constant Tchokoualeu Deumeni, respectivement 1er adjoint et 2eme adjoint au maire de ladite Commune. Au plus fort de la crise, un conseil extraordinaire est convoqué le jeudi 12 novembre 2020 pour «examiner les différents problèmes qui freinent l’avancement de la Commune de Banwa», nous •révèle une source à la mairie qui nous précise encore que «lé maire Kameni avait fermé toutes les portes de la mairie, ce qui a fait que la réunion qui devait commencer à 10h, a débuté presqu’à 15h, et les travaux en commission ont commencé jusqu’à 17h, c’est-à-dire au moment de l’arrivée du Sous-préfet de Banwa, représentant du préfet du Haut-Nkam, du Chef service de développement local et de l’honorable Pierre Kwemo. Toutes ces personnalités sont, venues trouver les conseillers municipaux assis dans la Cour de la mairie et c’est en ce moment que le maire Kameni a ouvert les portes», une information confirmée par une source policière qui nous indique encore: « à peine dans la salle des actes, le maire et ses adjoints ont opté pour un désordre total faisant introduire les individus qui n’avaient rien à voir avec la mairie qui ont semé une vraie pagaille. Il a fallu l’intervention des gendarmes pour mettre de l’ordre face à monsieur Ig sous-préfet silencieux». Sept points étaient inscrits à l’ordre du jour. Mais trois étaient majeurs, à savoir la désignation du bureau d’âge, l’audition du maire en vue de régler la crise au sein de la commune et enfin la solution à la crise. L’impossible audition Des sources internes à la mairie nous font savoir que : «après avoir passé en revue les autres points, arrivé le temps des auditions, le maire Kameni et ses adjoints ont encore fait parler d’eux-mêmes, semant un désordre qui ne dit pas son nom et ont quitté la salle. Ce qui n’a pas empêché aux 22 autres conseillers municipaux de poursuivre leurs travaux qui ont débouché sur une délibération pour la destitution du maire et ses deux adjoints, en procédant immédiatement à l’élection d’un nouveau maire et ses adjoints» Interrogées pour mieux comprendre les agissements des conseillers, les autorités compétentes nous renvoient à relire la loi portant sur le Code Général des Collectivités Territoriales Décentralisées. Et là, on nous fait lire l’article 226 dans les alinéas 1 et 2 où il est précisé que: «(1) en cas d’atteinte à la fortune publique, d’infraction pouvant entraîner une sanction pénale assortie de déchéance, de carence avérée ou de faute lourde dans l’exercice de leurs fonctions, le Maire et ses Adjoints peuvent être révoqués par décret du Président de la République, dans les conditions prévues à l’article 225 ci-dessus. (2) Ils peuvent également, après avoir été entendus, être destitués par délibération du Conseil Municipal, dans le cadre d’une session extraordinaire convoquée par le représentant de l’Etat à son initiative ou à celle de la majorité des deux tiers (2/3) des membres du Conseil. Cette délibération emporte d’office suspension du Maire ou de ses Adjoints dès son adoption. Elle est rendue exécutoire par arrêté du Ministre chargé des collectivités territoriales». Toute chose qui confirme la légalité dans la démarche des conseillers. «La commune de Banwa compte 25 conseillers municipaux et c’est 22 qui ont convoqué le conseil municipal du 12 novembre 2020. Et c’est leur droit absolu», nous explique un fonctionnaire à la préfecture de Bafang. Dans nos enquêtes, il est établi que les conseillers ont demandé sans suite la tenue d’un conseil municipal en session extraordinaire. à monsieur le maire. Nous avons d’ailleurs reçu copie de la dernière demande datant du 6 novembre 2020 ‘ avec ampliations au Minddevel, au gouverneur de la région de l’Ouest, au préfet du Haut-Nkam et au sous-préfet de Banwa. Au terme donc de la session extraordinaire, un procès-verbal a été établi et déposé à la préfecture pour être acheminé au ministre de la décentralisation et du développement local comme l’exige la démarche. Information confirmée également par les services de la préfecture où l’on nous fait lire les extraits de la correspondance n°217/L/F33/SP avec pour objet «Session extraordinaire du •conseil municipal de la commune de Banwa»., Un courrier adressé à «Monsieur le Ministre de la décentralisation et du développement local S/C Monsieur le Gouverneur de la région de l’Ouest ». Le contenu est précis: « J’ai l’honneur de vous transmettre ci-joint, pour compétence, et suite à donner, un ensemble de documents et de résolutions prises par 22 conseillers municipaux à l’issue de la session extraordinaire qu’ils ont convoquée et tenue le jeudi 12 novembre 2020 à Banwa… La dite session extraordinaire a abouti à la révocation par délibérations de l’exécutif municipal issu du scrutin du 09 février 2020 constitué du Maire Kameni Charles, du Premier adjoint Teumawen Djoubissie Emmanuel et du deuxième adjoint Tchokoualeu Deumeni Henri Constant. Ils ont été remplacés par les sieurs Tomoh David comme Maire et Ngamaleu Modeste Mathias et Deutou Nguemeni Jean Marie comme Premier et Deuxième adjoints au Maire respectivement… Face à cette situation pour le moins inédite de mandature 2020/2025, je reste à votre entière disposition pour toute instruction ou information concernant ce dossier», a écrit Luc Ndongo, le 15 novembre 2020. . La grande manipulation Alors que les autorités locales et les conseillers municipaux attendent lés instructions venant de Yaoundé, les conseillers sont plutôt surpris de découvrir à travers les réseaux sociaux, une lettre datant du 30 novembre 2020, signée par Georges Elanga Obam, ministre de la décentralisation et du développement local qui parle de la «violation de l’article 172 du code général des collectivités territoriales décentralisées». Une lettre anonyme puisque les services du préfet du Haut-Nkam «n’ont pas connaissance d’une telle correspondance encore moins les services du gouverneur. C’est un faux document. Le ministre ne peut pas adresser une correspondance qui ne soit pas arrivée ici à la préfecture et que nous soyons informés qu’à travers les réseaux sociaux», nous a-t-on répondu la-bas. Il faut bien le signifier, le mal est profond et réel. Et l£s autorités judiciaires ont donné raison aux 22 conseillers qui ont saisi le tribunal de Bafang avec tous les justificatifs de la mauvaise gestion financière par le maire Kameni et ses adjoints. Et en date du 1er décembre 2020, le Tribunal de première instance de Bafang a ordonné de bloquer tous les comptes de la mairie. Le président dudit tribunal a dit «ne effectuer aucun décaissement de quelque nature que ce soit et par quiconque que ce soit jusqu’à l’entrée du nouvel exécutif dans ladite commune», lit-on dans l’ordonnance n°30/Cab/PTPI/BFG. Le jeu trouble des chefs traditionnels Une grande curiosité de tout de même. Les chefs traditionnels qu’on soupçonne de manipuler dans l’ombre pour semer le grand désordre obs.ervé dans la commune, ont convoqué tous les conseillers municipaux pour une séance de travail. «Nous sommes surpris de leur souci subitement manifesté pour la mairie. Quand on sait par exemple que Bapoungué ancien premier adjoint au maire Charles Djandjo maire Rdpc évincé, qu’ils aient subitement de la sympathie pour les conseillers UMS. Cela pousse à réfléchir un tout petit peu. Certains d’entre nous y sont allés à la rencontre et ont clairement expliqué les faits. Il y a même de forts soupçons que ce sont eux qui ont fabriqué la fameuse correspondance du ministre qui circule sur les réseaux sociaux», nous relate un conseiller qui a souhaité garder l’anonymat. En attendant de voir l’issue de cette affaire. La commune de Banwa fonctionne en petit régime, tous les comptes étant bloqués et les conseillers attendent la suite à donner à leurs délibérations tel que prévu par la loi. Affaire à suivre.
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