J’ai croisé sur mon chemin le Chef Sokoudjou il y une quarantaine d’années, à Bafoussam où j’étais un tout jeune Chef des Services Commerciaux des Brasseries pour l’Ouest et le le Nord-Ouest. J’en ai gardé le souvenir d’une personne à l’énergie débordante et d’un patriotisme impétueux. C’est d’ailleurs cette dernière qualité qui l’avait emmené à mon bureau ce jour-là car il avait appris à Bamendjou qu’un jeune Camerounais avait été porté à la tête des Services Commerciaux de la Sabc à Bafoussam, un apanage jusque-là exclusif des Blancs. C’est la manière remarquable de le faire qui m’a profondément marqué. Il s’est fait recevoir par le Directeur d’Agence avec qui il entretenait une relation cordiale en lui disant être venu s’assurer de ce qui lui était revenu. Et d’entendre frapper à ma porte et voir entrer le Directeur suivi d’un colosse qui d’une voix tonitruante s’exclama : « mais c’est un enfant!!! ». Le temps de me lever surpris et entendre mon patron dire me désignant dire : « M. Bedzigui, le nouveau Csc », et désignant son compagnon: « Sa Majesté Sokoudjou, Chef Supérieur de Bamendjou ». Le dernier grand patriote nationaliste vivant Dans un élan enthousiaste, ce dernier me prit les deux épaules en me disant devant mon patron de blanc : « les félicitations, cher compatriote !!! » Mon patron s’éclipsa en nous souhaitant bonne conversation. Le temps que je désigna le siège à ce visiteur qu’il me renouvela ses félicitations et me demanda : « Tu es d’où » ? Je lui répondis que j’étais Eton né à Yaoundé. Et il se passa la chose à laquelle je m’attendais le moins. Dans un ewondo pur et parfait d’accent, le Chef Bamendjou me dit : « Me ne nkukuma ngelafis to ne Ewondo bo be nga na le ma »… Traduction: « Je suis Chef Bamiléké mais c’est les Ewondo qui m’ont élevé »… La suite de la conversation s’est déroulée en langue Beti, lui parlant Ewondo et moi parlant Eton. Je lui dis que j’avais grandi à Mokolo au milieu des Bangangte dont je parlais la langue et que j’avais une épouse Bandjoun Et le Chef Sokoudjou de s’écrier de sa voix de stentor : « C’est ça le Cameroun de demain »!!! Voilà le Chef Sokodjou que le destin m’a honoré de croiser, un patriote exalté à en mourir du Cameroun… Sans nul doute, après la récente disparition de Woungly Massaga, il est le dernier grand patriote nationaliste vivant qui mérite d’être célébré et non fustigé ou vilipendé comme s’y essaient certains inconscients. Je deviendrai moi-même Chef Traditionnel des années plus tard et du souvenir que j’ai gardé du Chef Sokoudjou, j’ai toujours pensé que ce statut devait m’aider à magnifier mon amour pour mon pays. Chef traditionnel ou Citoyen à droits limités Au Chef traditionnel, il est reconnu deux rôles : gardien de la tradition et auxiliaire de l’administration. A ces deux rôles qui se jouent sur deux champs, il convient d’ajouter un attribut commun et inaliénable à tout citoyen de ce pays qui est celui de la jouissance du droit constitutionnel fondamental qu’est la liberté d’opinion et d’expression. La fonction d’auxiliaire de l’administration amène le Chef à suppléer à la présence de l’État, celui-ci ne pouvant techniquement pas être omniprésent dans la vie de tous les jours et de tous les instants dans nos communautés. Ce rôle porte sur deux domaines: la justice et la sécurité. L’autorité traditionnelle administre une justice de conciliation entre les membres de la communauté. Par ailleurs, usant du seul instrument qu’est le respect de ses populations, il veille à sécurité des personnes et des biens en rappelant quand cela est nécessaire l’observance des règles de la convivialité clanique et de parenté. Voilà les deux champs exclusifs et limités dans sur lesquels se définit et s’exerce la fonction « d’auxiliaire de l’administration ». Cette dénomination ne saurait absolument légalement déborder sur les d’autres champs comme veulent l’imposer certains zélés carriéristes en mal de voies et moyens de se faire remarquer par leur hiérarchie. Le champ de ce premier rôle ne saurait empiéter celui des traditions dont l’autorité traditionnelle est réputée être le gardien. Il ne peut non plus absolument pas déborder sur celui de l’exercice des droits constitutionnels reconnus à chaque citoyen. Être autorité traditionnelle ne peut se traduire par un statut spécial limitatif de la jouissance et de l’exercice du droit citoyen essentiel qu’est la liberté d’opinion et d’expression. Les initiatives et actes pris dans le sens d’une telle limitation sont en violation flagrante des principes constitutionnels. Les remontrances et autres invectives dont est victime le Chef Sokodjou, prétexte pris de ce qu’il est « auxiliaire de l’administration », quel que soit le niveau dont elles émanent relèvent de rotomontades qui déshonorent ceux qui sont aux rennes de l’État. Pour résumer notre pensée, la question finale est donc : « auxiliaire de l’Administration », rôle que l’on confère au Chef traditionnel, constitue-t-il un statut spécial de limitation du droit de citoyen à la libre opinion et expression ??? La réponse est absolument non. Je le dis comme j’agis. Et en tant que « Chef Traditionnel Ekang » et « Opposant », je ne me suis jamais imposé la moindre restriction dans mon discours militant. En prime, j’ai même infligé une défaite au Rdpc dans un de ses fiefs et l’administration n’y a pu rien faire. Et lorsque le Préfet de la Lekie a signé un arrêté d’interdiction du don de Survie Cameroun au prétexte qu’il venait de Maurice Kamto, je suis passé outre… parce que comme l’indique la posture de S.M. Sokoudjou, l’intérêt du peuple passe avant tout. Leçon de l’histoire: Passer outre aux rotomontades de ceux qui s’en prennent à Sa Majesté Sokoudjou. Et la bêtise s’éteindra d’elle d’elle-même par un pschiiiit!!! Courage Chef Sokoujou, Nous sommes avec toi. Le peuple avant tout. *Chef traditionnel Ekang président du PAL
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