Trois décennies après sa création, le parti a perdu de sa superbe. Entre erreurs stratégiques et soupçons de connivence avec le pouvoir, le parti de Ni John Fru Ndi fait face à la montée de nouvelles formations qui piochent dans ses anciens bastions. Tout à côté, la question du rajeunissement de ses instances est invoquée sous cape . 1-Le parti de la balance à l’épreuve des conflits multiformes Jamais le Social democratic front (Sdf) n’a autant connu une’crise de notoriété aussi profonde. Les élections municipales et législatives du 9 février 2020 ont finalement accentué la chute libre que connait le parti du 26 mai 1990. Le parti de Ni John Fru Ndi ne contrôle que trois communes sur l’ensemble du territoire. Son nombre d’élus à l’Assemblée nationale, lui aussi, a drastiquement été réduis. Au point où, la formation ne peut s’offrir le luxe de constituer un groupe parlementaire, comme cela était au moins le cas, lors des dernières mandatures. Et pour cause, le parti de la balance paye les frais de l’amovibilité de son chef de file à la tête de cette formation malgré. quelques ajustements de façade ; le départ de nombreux de ses cadres et militants ; les incohérences de sa posture idéologique et son cheminement politique. Mais aussi la dispersion de son électorat traditionnel face à l’entrée en scène de nouvelles formations politiques, qui ont considérablement recruté dans ce qui était admis, il y a quelques années, comme bastion du Sdf. Evidement, comme l’indique le parti lui-même, l’effritement du parti résulte aussi de la survenue de la crise anglophone et l’instabilité sociopolitique que cette réalité impose depuis quatre ans. Mais à l’observation, la chute continue du Sdf date de bien longtemps avant. Dès le lendemain de l’élection présidentielle de 1992, le parti a connu ses premiers signes d’effritement. Au terme de cette élection contestée et polémiquée, la chapelle que dirige Ni John Fru Ndi a vu ses partisans se scinder en deux rangs. Le chairman et les plus fidèles de ses partisans n’ayant pas pu convaincre les plus radicaux des militants au choix de ne pas aller à l’affrontement que ceux-ci considéraient comme l’unique alternative au hold-up électoral dénoncé en ces temps là. Faute d’aller à la confrontation, le parti a vu un nombre considérable de ses militants claquer la porte, faute d’avoir obtenu le départ de certains caciques de certaines positions de pouvoir. De même que le parti admet aujourd’hui, quoique sous cape, les effets des guéguerres aux relents ethno-tribales qui ont traversé ce parti. L’élection-désignation du premier vice-président du Sdf, le député Joshua Osih n’ayant pas fondamentalement réglé le débat dit anglo-bami qui avait d’ailleurs infesté les membres issus des autres communautés adhérents du Sdf. En sus, de nombreux militants ont souvent dénoncé la situation de rente vécue et entretenue dans le parti de John Fru Ndi. Les observateurs de la vie du Sdf, au cours des trois dernières années, gardent à l’esprit cette autre crise qui a secoué le parti de John Fru Ndi. Adoubé par le chairman pour porter le fanion du Sdf, dans le cadre de l’élection présidentielle, Joshua Osih a à peine engrangé trois pour cent des suffrages exprimés en sa faveur. Dans le parti, il ne fait pas de mystère que le score du candidat du Sdf à l’élection du 8 octobre 2018 est en partie lié au schisme provoqué au sein de cette formation. Autant que le parti avait misé sur le vote des régions anglophones pour conforter son score face à d’autres candidats de l’opposition dont la curiosité est qu’ils partagent l’ambition de converger en synergie vers l’alternance sans pourtant s’accorder sur la mise sur pied d’une dynamique conquérante. 2- Dans l’étau des petits arrangements avec le Pouvoir Trente ans après sa naissance et passé ses années de gloire, les observateurs, parmi les plus pudiques, s’accordent à dire que le mal est profond dans le Sdf et, son éventuel renouveau nécessite une thérapie de grande maladie. Une situation fortement illustrée par la perte d’implantation territoriale du Sdf qui ne réussit même plus à présenter des candidats pour le tiers des sièges mis en compétition lors des élections municipales et législatives depuis 2007. Une ambition nationale démesurée rageait l’ex militant et secrétaire national à la communication du Sdf, Abel Elimbi Lobé, il y a quelques années. Fini donc la notion de giron du Sdf qui ne peut même plus aller à la conquête de son traditionnel électorat du Nord-Ouest et du Sud-ouest. Certes du fait des troubles sécuritaires qui y règnent mais encore plus. A l’appréciation des chiffres, l’on est bien loin du Sdf qui dirigeait 70 communes sur 360 en 1996. On en est encore plus éloigné des résultats d’un parti qui pilotait 23 mairies et comptait 18 députés lors de la dernière mandature parlementaire. Défaut de positionnement stratégique lisible et traçable dans l’espace politique? 3- Le Sdf peut-il se refaire ? Les atermoiements du Sdf lors de certains grands rendez-vous politiques justifient, dans une proportion considérable sa perte de notoriété. Ce fût le cas en 2011 lorsque le parti de John Fru Ndi a annoncé son boycott de l’élection présidentielle avant de se raviser. Idem de 2013 où le Sdf a conditionné sa participation aux élections sénatoriales au préalable de la tenue des élections municipales. Le parti avait réussi à convaincre une importante partie de l’électorat avant de revenir sur ses pas. Un appel à aller aux urnes qui avait provoqué l’effet contraire. Une partie non négligeable de l’électorat ayant fait le choix de ne pas participer à cette consultation. D’autant plus qu’une rumeur de connivence entre le chef de file du Sdf et le directeur du cabinet civil de la présidence de la République avait parcouru l’espace public, sans que ni le chairman du Sdf, Ni John Fru Ndi, encore moins aucun de ses lieutenant ne vienne formellement démentir. Des petits arrangements avec le pouvoir qui ont achevé de résoudre certains cadres et autres militants à la démission. Dans cette tourmente, le Sdf peut-il se refaire une aura? Dans sa communication relative à la commémoration de la naissance de cette formation politique en 1990 à. Bamenda, le ministre du shadow cabinet du Sdf en charge de l’information et des médias se veut rassurant. Jean Robert Wafo soutient que «Durant ces 30 dernières années, des erreurs et des fautes ont été commises. Toute famille a des problèmes. Le Sdf en a certainement. Ces problèmes seront résolus par la contribution de tous. Le Sdf a trébuché mais n’est nullement tombé. Encore que quand bien même on tombe, l’essentiel n’est pas de tomber mais de se relever chaque fois qu’on tombe.» Le parti entend d’ailleurs indiqué que le Cameroun se trouve à un moment décisif de son histoire. «Le Sdf prendra certainement sa part dans ce tournant important. Un nouveau départ s’impose. Aucun militant ne doit avoir le sentiment d’être laissé de côté, d’être isolé ou d’être inutile. Et c’est possible parce que ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous divisé.» Reste que les dynamiques dont bénéficiait le Sdf paraissent bien faibles en ce moment. L’aphonie de son chef de file et les batailles larvées qui se poursuivent sous cape dans le parti ne semblent pas améliorer la posture du parti de Ni John Fru Ndi. Seul résonne encore son démarcage assumé sur la social-démocratic qui avait séduit une bonne frange de l’opinion il y a quelques années. Des raisons de s’aligner sur la prédiction de son ministre du shadow cabinet en charge de l’information et des médias, Jean Robert Wafo qui indique que la bataille sera rude. Le Sdf détient-il pour autant les cartes nécessaires pour espérer vaincre? Pronostic difficile à déduire dans un contexte aussi versatile que celui de l’environnement sociopolitique camerounais. Quelques préalables conditionnent néanmoins un engagement de cette envergure. D’abord l’impératif de se reconstituer des bases locales. Or, le parti a vu l’essentiel de ses cadres au cours des 15 dernières années. De même que le Sdf d’il y a 20 ans ne bénéficie plus des soutiens logistiques et financiers qui lui garantissait de tels déploiements au plan national. De même qu’au sein même du Sdf, nombreux doutent de la volonté du chef de file à lâcher les rênes pour ouvrir le parti à une modernité qui lui fait cruellement défaut. C’est que, à 79 ans, Ni John Fru Ndi ne semble pas résolu à passer le témoin à une nouvelle génération. De même que le «vieux» semble considérer cette option comme une mort politique. Dans le même temps, une question émane de l’intérieur du parti lui-même : «Peut-on militer pour l’alternance à la tête de l’Etat sans appliquer le principe au sein même de sa propre chapelle ?» 4-Au-delà des faits d’armes L’alternance à la tête du Sdf est la question à laquelle nul ne veut répondre à haute voix dans la chapelle de John Fru Ndi. Le parti trentenaire préfère mettre en évidence son apport dans les avancées démocratiques qu’à connu le Cameroun depuis sa création. Des apports que nul ne saurait par ailleurs lui concéder. Vu sous ce prisme, le parti a beau jeu d’invoquer la liberté d’expression ; la bataille pour l’instauration des urnes transparentes et la refonte du fichier électoral ; l’introduction partielle de la biométrie ; la mise sur pied du Sénat et l’aboutissement au Conseil constitutionnel. De même que l’on ne peut ignorer que l’essentiel des initiatives portées par le parti de Ni John Fru Ndi au parlement ont été ignorées. De là à se prévaloir d’une posture de «principal parti de l’opposition» qui lui échappe visiblement ? La réponse semble contenue dans la communication du ministre du shadow cabinet du Sdf en charge de l’information et des médias. Selon Jean Robert Wafo «L’objectif du parti dès son lancement n’est pas encore atteint, c’est vrai. Il est évident que beaucoup reste encore à faire pour que le Cameroun devienne une Nation démocratique, une République au sens vrai du terme.» De même que le parti justifie ses déboires à l’argument du contexte électoral promu par le pouvoir. De quoi justifier entièrement la posture générale du Sdf sur l’échiquier politique actuel?
Plus d'articles
-
DTR Consulting : hébergement web et infogérance de qualité
DTR Consulting est une entreprise Camerounaise spécialisée dans l'hébergement web et l'infogérance. Nous proposons des solutions adaptées aux besoins des clients avec des tarifs clairs et compétitifs. Pour plus d'informations, rendez-vous sur notre site internet
Savoir plus
Annonceurs
-
revue-de-presse-cameroun-20240220
2024-02-20 15:42:17
-
revue-de-presse-cameroun-20240216
2024-02-16 10:19:10
-
revue-de-presse-cameroun-20240215
2024-02-15 07:14:12
Journaux
-
Drame de Mbankomo, une enfant de 5 ans meurt à l'hôpital, arrestation de sylvia mbongo
2023-10-15 06:45:30
-
Décès de la femme du pasteur tunasie, certificat de nationalité, fuite des examens, vente en ligne
2024-06-27 08:22:02
-
S03E01: CAN 2023 en Cote d'Ivoire, récap sur le discours de fin d'année du Président Paul Biya
2024-01-15 12:19:46