[NOSO ]le terrible constat d'Ambroise Kom

Le professeur de littérature africaine estime que les anglophones ont participé à l'assimilation qu'ils dénoncent. Le professeur Ambroise Kom était l’invité de la dernière édition du programme d’Equinoxe Télévision, «la vérité en face», diffusé le 17 mai 2020. L’universitaire a notamment répondu aux questions en rapport avec la crise anglophone qu’il préfère appeler «la question anglophone». Il a dit ne pas comprendre pourquoi les revendications des anglophones ont pour base la langue. «Nous ne pouvons pas revendiquer l’héritage anglo-saxon. Il n’y a pas d’héritage anglo-saxon. Il n’y a pas à être fier d’un héritage colonial», a déclaré le Pr Kom, avant de préciser qu’il ne souhaite pas que tous les acquis de la période coloniale soient balayés. Ambroise Kom propose d’en tenir compte pour bâtir une identité camerounaise. Ce qui n’a pas été fait selon lui. Le spécialiste de la littérature africaine soutient que les anglophones sont en partie à l’origine de leurs déboires. «Les anglophones aussi ont participé à l’assimilation qu’ils dénoncent. Au début, quand on pouvait encore faire le travail de la construction d’une identité nationale, les anglophones ont cru que parce qu’ils étaient minoritaires –je le dis parce que j’ai fait l’Université de Yaoundé avec les anglophones dans les années 60. J’ai vu faire les amis comme Nsahlai et consorts– ils pouvaient profiter de leur situation de minoritaires pour revendiquer quelques strapontins. Mais ça les a rattrapés. Ils ont revendiqué ces strapontins-là sauf qu’à un moment tous ceux qui voulaient avoir des strapontins ne les ont pas eus.Et alors ils ont dit qu’on les a assimilés. C’est faux !», conteste le gestionnaire de la Librairie Peuple Noirs Peuples Africains à Yaoundé. Il déclare que «chacun est venu revendiquer sa petite part du gâteau qu’on lui a donnée. A un moment donné ceux qui sont venus après pour revendiquer leur part se sont rendus compte qu’il n’y avait plus rien et ont dit: ‘‘on nous a assimilés, on nous a mentis’’, rapporte l’enseignant. Il illustre son propos en expliquant que quand on nomme des Premiers Ministres issus de leurs régions, les anglophones sont contents. «C’est triste!», déplore-t-il. Pour ce qui concerne les efforts de résolution du conflit dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, l’universitaire demande aux autorités d’assouplir quelque peu leurs positions. «Il va falloir que le gouvernement écoute le peuple, qu’il mette un peu d’eau dans son vin», réclame-t-il. Lorsque l’on lui demande si le Grand Dialogue National n’a pas contribué à la résolution de la crise anglophone, il a cette réaction: «De mon point de vue, le Grand Dialogue National a été un raté. On peut le recommencer mille fois avec plus de sincérité. Cela, en demandant aux gens de contribuer même par écrit. On peut demander aux gens de faire des propositions écrites et ils vont le faire. On va faire une synthèse qu’on présentera. Il ne faut pas simplement envoyer des individus faire comme s’ils étaient là alors qu’ils n’ont aucune solution», suggère-t-il.


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