Le cardinal tumi a toujours réclamé le fédéralisme

Dans un entretien accordé à Rfi, le cardinal Christian Tumi a déclaré qu’il faut retourner au système fédéral pour régler la crise anglophone. Il ne croyait pas que les élections régionales apporteront des solutions justes, complètes et durables à cette crise. Interrogé sur Rfi trois semaines avant les élections régionales du dimanche 6 décembre 2020, l’archevêque émérite de Douala, le Cardinal Christian Tumi a été formel au sujet de ces régionales dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest qui sont en crise depuis octobre 2016 et en guerre depüis novembre 2017 : «Cela ne va pas automatiquement résoudre le problème, non. J’ai dit qu’il faut qu’il y ait une certaine autonomie du Nord-ouest et Sud-ouest comme c’était autrefois quand nous étions un pays fédéral. C’était une période dans notre pays où l’on n’a eu aucun problème», a fait savoir le Cardinal Christian Tumi. Celui-ci estime que les élections régionales ne sont pas suffisantes. «Le fédéralisme pour stabiliser le Cameroun» Convaincu que le problème réside au niveau de la forme de l’Etat, le cardinal Christian Tumi s’interroge en attirant l’attention du chef de l’Etat et de son gouvernement : «Je me demande pourquoi ils ne sont pas allés directement vers une sorte de fédéralisme?». Avant de marteler qu’« Il – faut que les Francophones s’enlèvent de la tête qu’un État fédéré est nécessairement un État divisé. Non, on peut avoir un fédéralisme et le pays reste parfaitement uni, parce que rien de moins que le fédéralisme ne va réussir à stabiliser le Cameroun ». Enlevé sur la route qui relie Bamenda à Kumbo dans la région du Nord-ouest le 5 novembre 2020 par un groupe armé séparatiste et ensuite libéré 6 novembre dernier par le même groupe armé, te Cardinal Christian Tumi s’était exprimé à la mi-novembre dernier à Rfi. A propos de son kidnapping par un groupe de sécessionnistes le cardinal Christian Tumi a raconté brièvement ses conditions de détention. Un traitement avec respect et considération. Une vidéo a d’ailleurs circulé sur les réseaux sociaux sur son entretien avec ceux qui l’ont enlevé avec le FON des NSO. Le Cardinal Christian Tumi a aussi expliqué la préoccupation des sécessionnistes : « Ils voulaient savoir quelle était mon opinion sur la forme du gouvernement du pays. Je leur dis : c’est le fédéralisme. Ils ont dit que je fasse tout pour le southern Cameroon. Je leur ai dit non, que j’étais comme eux, un jeune homme à la réunification et que nous avions la paix. Je crois que c’est au Chef de l’Etat maintenant de faire quelque chose et je crois qu’il peut le faire, c’est-à-dire déclarer l’amnistie pour qu’il y ait la paix et que les enfants aillent à l’école. Il faut que l’armée rentre dans ses casernes et que ces garçons-là déposent les armes »,,a-t-il poursuivi. Un statut spécial irréel Une amnistie pour l’apaisement dans le conflit anglophone. Ce qui pourrait faciliter la poursuite des contacts préliminaires amorcés le 2 juillet 2020 à Yaoundé entre les leaders sécessionnistes emprisonnés, dont Sissuku Ayuk Tabe, et la partie gouvernementale. Croyant que le but du Grand dialogue national – qui s’était tenu au Palais des Congrès de Yaoundé du 30 septembre 2019 au 4 octobre 2019- était de résoudre de façon durable et définitive la crise anglophone, !e Cardinal Tumi y avait participé et même présidé l’une des commissions. Le Grand dialogue national avait finalement débouché sur des recommandations et non pas sur des résolutions. Ce ne fut pas un dialogue inclusif. Certes, la loi 2019/024 portant Code général des collectivités territoriales Une vie de négociations. On l’a vu, inlassable citoyen dans les démarches et dans de négociations pour mettre fin au conflit meurtrier dans les région décentralisées a été promulguée le 24 décembre 2019 par le président de la République. Cette loi devrait renforcer l’autonomie des autorités locales avec un engagement de porter à au moins 15% des recettes de l’Etat aux collectivités territoriales décentralisées. Visiblpment, ce pourcentage des recettes n’a pas été respecté dans l’examen et l’adoption de loi de finances 2021. Un statut spécial des régions du Nord-ouest et du Sud-ouest devrait être mis en place. Le texte de loi qui clarifie ce statut spécial n’existe pas. De concert avec des confrères de l’Eglise presbytérienne du Cameroun et de la confession musulmane, le Cardinal Christian Tumi a proposé d’organiser une conférence générale anglophone. Conférence générale anglophone : un vœu pieux Il s’agissait de réunir des représentants de tous les fils et filles des treize départements issus des deux régions anglophones du pays. Le Cardinal Christian Tumi n’a jamais obtenu l’accord du président de la République pour organiser cette importante rencontre. Initialement prévue pour se tenir à Buea les 21 et 30 août 2018, avant l’élection présidentielle du 7octobre 2018, ladite conférence – qui devait rassembler les anglophones des différentes tendances – pro-décentralisation, fédéralistes et séparatistes-, fut reportée les 21et 22 novembre 2018. Elle ne s’est jamais tenue. La conférence générale anglophone devait pourtant constituer la première étape d’un dialogue national de sortie de crise. Crise qui a fait plus de 3 000 morts et au moins 800 000 déplacés internes. Le Nigeria abrite sous l’encadrement du Haqt commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (Hcr) plus de 60 000 réfugiés anglophones.


ARTICLE PRÉCÉDENT ARTICLE SUIVANT

Ajouter un commentaire

Vous devez vous connecter pour ajouter un commentaire.

Commentaires