Alice nkom : ?paul biya est incapable de parler à ses compatriotes?

Plus de cinq ans après son début, la crise dans les régions anglophones du Cameroun n’est pas prête à connaitre un dénouement.

Depuis 2017, les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun sont en proie à la crise séparatiste. Maintes initiatives ont été mises en place pour tenter de résoudre cette crise désormais muée en guerre fratricide entre forces gouvernementales et les groupes armés soutenant l’indépendance de l’Etat virtuel d’Ambazonie.

Après le Grand Dialogue National convoqué par le président Paul Biya en 2019, force est constater que la situation sécuritaire ne s’est pas améliorée dans les régions et les affrontements ont connu une recrudescence. Récemment, le Canada a annoncé accepter le rôle de médiateur dans le conflit après avoir accueilli sur son sol, des pourparlers entre des émissaires de Yaoundé et des mouvements séparatistes.

Quelques jours plus tard, le gouvernement camerounais, par la voix de son porte-parole, le ministre de la Communication René Sadi a démenti cette information. Pour lui, les autorités camerounaises n’ont mandaté aucun pays pour assurer une quelconque médiation dans cette crise. Une déclaration qui a refroidi les ardeurs de la communauté internationale qui avait salué l’annonce du Canada.

Dans une interview à Jeune Afrique, l’avocate Alice Nkom a regretté que le régime de Yaoundé n’ait pas saisi cette opportunité pour retrouver la voie de la paix. « Je trouve cela pitoyable. Quand vous êtes un « mendiant de la paix » comme le prétend le président de la République [dans son discours à la tribune des Nations unies, en septembre 2017], vous ne pouvez pas répondre ce qu’on a répondu à la médiation canadienne. Vous ne pouvez pas, ça n’a pas de logique, pas de cohérence. Le Canada est un pays qui ressemble beaucoup au nôtre, d’abord en matière de diversité« , a lancé Mme Nkom qui constate d’ailleurs l’incapacité de Paul Biya à dialoguer avec ses compatriotes.

« J’estime que tout le monde peut être médiateur. Ce que je vois surtout, c’est que le chef de l’État est incapable de parler à ses compatriotes. A-t-il déjà été là-bas ? Non. Il est donc incapable de ramener la paix. Que ceux qui ont l’habitude de la paix, qui ont la culture de la paix et du dialogue le fasse« , a lancé la militante des droits humains.