S’appuyant sur une note du ministre de la Justice, les juges du Tribunal Criminel Spécial ont mis à l’écart deux avocats commis par la CAMWATER dans le procès de son ex-directeur général, Jean William Sollo. Les hommes de loi ont bruyamment contesté et quitté la salle d’audience, provoquant ainsi le renvoi de l’affaire. L’hebdomadaire Kalara paru le 21 mai 2019 rapporte que l’ambiance était surchauffée au Tribunal Criminel Spécial (TCS) le 16 mai dernier. C’était à l’occasion de l’ouverture du procès qui oppose l’Etat du Cameroun et la société publique CAMWATER, à son ex-directeur général, Jean William Sollo et ses coaccusés, tous poursuivis pour des faits présumés de détournement de deniers publics. «Des avocats qui élèvent la voix pour dire au collège des juges qu’il n’a pas le droit de leur interdire de prendre la parole pour défendre leur client, une entreprise publique alors qu’ils sont régulièrement constitués, avant de quitter la salle d’audience en annonçant une réaction du Barreau; des représentants d’une entreprise publique qui ne savent plus où donner de la tête et qui décident finalement de quitter la salle, alors que leur présence est utile à la poursuite du procès; le représentant du parquet qui se retrouve sans témoin à faire entendre, la personne désignée ayant demandé, en vain, d’apporter des clarifications préalables à son entrée dans le box; puis le tribunal qui est contraint de renvoyer la suite du procès de deux mois, dans l’espoir non avoué d’avoir à faire, lors de la prochaine audience, à des parties plus calmes», décrit le reporter de Kalara. A l’origine de cet imbroglio, une décision des juges de museler Me Emmanuel Tang et Me Rose Céline Mbarga, les deux avocats commis par la CAMWATER pour ce procès. Le ministère public a soutenu que leur désignation n’avait pas été au préalable été approuvée par le ministre de la Justice (MINJUSTICE). L’avocat général a lu une correspondance du MINJUSTICE, Laurent Esso, qui demande à la direction générale de CAMWATER de se rapprocher du ministre des Finances (MINFI), lequel avait déjà constitué un avocat (Me Bi Bikaï), pour discuter de la désignation des avocats de cette entreprise dans le cadre du procès sus évoqué. Des propositions prises en compte par le collège des juges. Les avocats de CAMWATER, mis à l’écart, estiment que le ministre de la Justice ne peut donner quelque directive aux juges sans violer l’indépendance du pouvoir judiciaire prévue par la constitution. Me Tang et Me Mbarga souhaitent que les juges du TCS s’affranchissent des ordres du MINJUSTICE. Ils ont donc saisi le bâtonnier afin d’obtenir la contestation officielle de l’acte du MINJUSTICE.
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