Quand nous demandons la suppression du pagne du 8 mars, ce n'est pas à cause du pagne en lui-même, mais en raison des catastrophes sociales qu'il entraîne, et du fait que la femme camerounaise ait fini par croire que la " journée du droit des femmes " était plutôt la " journée de la fête du pagne."
Cela signifie que si le 8 mars au Cameroun était fondamentalement consacré à l'étude de la lutte des femmes pour leurs droits à travers l'histoire, le fait que les femmes portent le pagne ne poserait pas le moindre problème.
Si l'on profitait de cette date pour réfléchir sur la question : " Que représente la femme au Cameroun au juste ? Comment lui rendre pleinement son rôle et son statut pour que la société profite de la meilleure manière de son intelligence, de sa finesse, et de son apport général ? " plutôt que de penser : " Je veux moi sauf que mon pagne pour aller soulever au Njoka et boire comme une truie ", le pays serait un modèle de développement civique et de construction sociale.
En d'autres mots, si vous n'avez pas envie de renoncer à votre pagne, faites au moins comme notre Lady nationale : dénoncez l'injustice ! Défendez les droits des femmes - et des hommes - tous les jours de l'année, et encore plus ce 8 mars ! Exprimez-vous sur les tortures contre les faibles, contre la vie chère, l'absence d'infrastructures sanitaires et l'insécurité générale dans le pays !
Comme ça, vous prouverez que le pagne n'est pas pour vous un outil de pourrissement mental ; qu'il ne vous fait pas perdre la tête ; qu'à cause de lui vous n'avez pas oublié que le but du 8 mars est de redonner à la femme humaine toute son humanité. C'est là notre voeu le plus cher. C'est le but de ce combat
En haussant son cerveau avant de hausser sa robe, la femme se rend service à elle-même.
Donc, je reprends :
Si nous souhaitons la disparition de ce tissu, c'est parce que la plupart de nos femmes en font leur finalité première, et qu'à cause de lui, elles ont précisément perdu la raison.
Mais dans le même temps, il vaut mieux une femme consciente et engagée qui porte un pagne... qu'une femme inutile et jouisseuse qui n'en a pas.
Car la finalité, c'est l'engagement, non pas l'habillement.
Par Wilfried Ekanga