Le gendarme qui savait ériger ses propres postes de contrôle

Introuvable depuis trois ans, un adjudant-chef de gendarmerie a refusé de se plier aux injonctions de la haute hiérarchie au sujet des extorsions financières commises dans une barrière parallèle aux abords d’un poste de péage routier où il avait été désigné. Le parquet du Tribunal militaire a requis sa condamnation. Poursuivi pour violation de consignes et insubordination devant le Tribunal militaire (TM) de Yaoundé, l’adjudant-chef de gendarmerie Belinga est introuvable. Il n’d plus été aperçu à son lieu de service depuis le mois de juillet 2019. Las d’attendre la comparution de ce dernier devant le TA, le juge a retenu son affaire à l’audience correctionnelle du 9 juillet 2020. Le tribunal a constaté l’absence du mis en cause et a donné la parole au commissaire du gouvernement (équivalent du procureur de la République) pour la présentation des faits au centre du procès. Selon le représentant du parquet, les faits décriés remontent au 26 juillet 2019. Ce jour-là, l’adjudant-chef Belinga avait été désigné avec d’autres gendarmes pour assurer le contrôle au poste du péage routier d’Awe à Yaoundé. Arrivés dans les lieux, M. Belinga et ses éléments vont ériger un poste de contrôle parallèle à quelques mètres du péage. Au cours de ce contrôle insolite, ils interpelleront un camion transportant des planches et ayant à son bord un gendarme. L’adjudant-chef demande à son collègue de lui présenter les pièces du véhicule. Ce dernier refuse de s’exécuter. Face à l’entêtement du conducteur du camion, M. Belinga va immobiliser le véhicule litigieux: il s’en suivra un éclat de voix entre les deux pandores. La hiérarchie de l’adjudant-chef est saisie. Sur instruction de celle-ci, le camion sera libéré. Selon le commissaire du gouvernement, M. Belinga sera convoqué quelques jours plus tard pour s’expliquer sur les forfaits commis au poste de contrôle devant le Secrétaire d’Etat à la défense (SED) chargé de la gendarmerie. Et depuis Sors, le mis en cause a fondu dans la nature. 11 n’a jamais répondu présent à la convocation de sa hiérarchie. Pour soutenir l’accusation, le représentant du parquet a déposé sur la table du juge un procès-verbal d’enquête préliminaire daté du 12 août 2019.11 ajoute que l’absence de M. Belinga devant la barre est une fuite en avant qui démontre à suffire que l’incriminé n’a pas des arguments de défense convaincants à présenter au tribunal D’après le parquet, il est constant que l’adjudant-chef a commis des exactions au poste de contrôle qu’il a lui-même créé en violation des consignes qui lui ont été données par sa hiérarchie. Par ailleurs, l’homme en tenue a refusé de déférer à la convocation du patron de la gendarmerie. Ce qui constitue l’infraction d’insubordination. Le commissaire du gouvernement a demandé au tribunal de déclarer M. Belinga coupable des charges retenues contre sa personne. Le parquet a également requis la condamnation de ce dernier avec «un mandat d’arrêt qui permettra de le pêcher comme un poisson là où il se cache ». La sentence du tribunal sur la culpabilité ou pas de l’adjudant-chef est attendue le 13 août prochain.


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