Taxi : la surcharge s'est normalisée à yaoundé

Une voiture conçue pour transporter quatre personnes en prend désormais cinq voire même six personnes après des conciliabules. Olivier Nakam vient de passer 45 minutes au Rondpoint Nlongkak. Arrivée la veille dans la capitale politique, il doit se rendre au quartier Simbock pour une affaire familiale , il accuse un retard considérable. En dépit du concert de klaxon dont il est la cible, il n’est pas prêt à monter à bord. « Votre taxi est déjà plein’ Vous voulez que je m’installe dans la malle arrière ? », Ré-pète-il’ machinalement aux chauffeurs qui insistent. A ses côtés, Yolande Onana, sapée comme jamais, avec un blanc immaculé attend un taxi propre pour la transporter. Sauf qu’à force d’attendre, la colère des rayons du soleil noircissent sa peau et réduisent sa capacité visuelle. « On ne choisit pas de taxi ici à Yaoundé sinon vous n’allez jamais partir. L’essentiel est d’arriver à destination, quelles que soient les conditions », conseille un vendeur de beignets tout près. Fatigués d’attendre, Olivier Nakam et Yolande Onana, ont fini par surcharger contre leur gré. Tous complices Un taxi devrait transporter en principe cinq personnes à savoir : trois derrière et deux devant y compris le taximan. C’est la norme. Il y a belle lurette, cette norme est passée sous le tapis cédant la voie à l’anarchie. On est désormais à plus de cinq personnes dans une petite voiture jaune. Au point où certaines personnes ont fini par se dire que c’est normal. Il y a même des passagers qui s’en prennent à ceux des usagers qui refusent de violer la loi. Le drame, c’est que les forces de l’ordre, chargées de veiller au respect des lois, ne s’acquittent pas toujours de leur mission. « Regardez dans la ville. La surcharge se fait même parfois devant les policiers. S’ils n’interviennent pas cela voudrait dire que c’est normal », affirme un habitant de la capitale. C’est un réflexe qu’OIes habitants de la capitale ont intégré. Celui qui s’installe tout près du taximan est appelé à reculer pour laisser entrer un autre passager. Un siège pour deux personnes. Le parcours qui était reposant au départ devient un véritable calvaire. « Vous n’avez pas le choix. En l’absence d’un véritable système de transport en commun dans la ville, vous n’y pouvez rien. Vous entrez avec un vêtement blanc, vous ressortez avec des taches et des odeurs insoutenables très souvent », se désole René Fopa. Les vieux taxis résistent Des taximen sont au « pointage » ; le reste ne les intéresse pas. D’autres arrivent tout de même à partager les peines des uns et des autres mais n’y peuvent malheureusement rien : « Je vous assure que si certains avaient vraiment le choix, ils ne devaient jamais surcharger. Ils sont contraints. Accepter se faire presser n’est pas facile. Je vis au quotidien les peines de certains en tant que taximan. On n’y peut rien. Depuis l’augmentation des prix du carburant, le secteur du transport a pris un coup tout aussi. Il faut surcharger pour joindre les deux bouts ». Dans ce contexte de débrouillardise, certains s’appuient sur tous les moyens de locomotion ; même sur les vieux taxis. Herve Noah, taximan dans la ville de Yaoundé, se veut clair à ce sujet : « Ces taxis conviennent aux routes de la ville de Yaoundé. Peut-on acheter une voiture neuve pour travailler sur nos routes parsemées de nids de poules ? C’est impossible. Vous ne pourrez pas reconnaître cette voiture après quelques semaines. En tant que taximan à Yaoundé, je sais de quoi je parle ». L’image nauséeuse de ces ferrailles hante les artères de la capitale avec leurs mouvements gambadés. Vols et agressions L’état de ces ferrailles dissuade certains : « Il y a trop de vieux taxis à Yaoundé. Votre habit n’est pas à l’abri des fers. Les sièges sont sales et les odeurs de l’habitacle peuvent vous faire vomir. C’est désolant pour une capitale comme la nôtre. Je me méfie désormais », se morfond Christelle. Au-delà de cet état révulsif des voitures jaunes, les agressions et les vols sont monnaies courantes : « Ces gars sont très forts. Vous surchargez, les gars de derrière, même les femmes, vous soutirent. J’en ai été victime une fois. Quand je prends désormais un taxi, je tiens fermement mon sac », souligne Mme Ngono. Des histoires renversantes autour de la surcharge, on en a à la pelle. Il suffit de se placer à un arrêt taxi pour inhaler les expériences des uns et des autres. Cette situation remet au goût du jour la question de la politique de transport dans la capitale politique. Même les moto-taximen baignent dans ce marigot dangereux. « On a l’impression que l’Etat a démissionné. La surcharge est automatique. Tu paies le tarif normal, le chauffeur surcharge sans ton avis. Le gouvernement doit prendre ses responsabilités pour résoudre cette situahon aux conséquences irréversibles », jette à brûle pourpoint Yannick Biaise Fru. Si le phénomène de la sur-charge dans les taxis s’es* normalisé dans la ville de Yaoundé en créant un mal être des passagers, les chauffeurs qdant à eux s’y plaisent car au finish, ils font entrer des espèces sonnantes et trébuchantes.


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