Les hommes d’Eglise ne roulent pas sur l’or. Loin de cette idée qui voudrait qu’ils gagnent beaucoup d’argent, les serviteur de l’Eglise tirent même des fois le diable par la queue. « Prêtre diocésain que je suis, je travaille dans un village lointain, dans une brousse. Chez moi il n’y a pas d’eau potable ni électricité. Les populations peinent eux même à s’en sortir. Le diocèse me donne 40 000 FCFA de salaire tous les mois. Puis-je m’en sortir avec ? Evidemment non. C’est la misère », confie un homme d’Eglise sous le couvert de l’anonymat. Cependant, dans l’Eglise catholique, les rémunérations varient suivant la zone d’exercice. En effet, en zone urbaine, les rémunérations sont plus conséquentes qu’en zone rurale. Les rétributions mensuelles sont fixées par chaque diocèse. Selon une source généralement bien introduite dans le diocèse de Yaoundé où l’on compte des centaines de milliers de fidèles et des rentrées financières importantes lors des cultes, chaque vicaire perçoit 80 000 FCFA, tandis que le curé a droit à 100 000 FCFA. Du côté d’Obala par exemple, ville périurbaine située à quelques kilomètres de la capitale, le curé n’en reçoit que 80 000 F et son vicaire 60 000 FCFA. Pour l’Eglise catholique, il est nécessaire d’attribuer des salaires à ses serviteurs. En effet, une disposition de la loi canon 281 le précise: « puisque qu’ils se consacrent au ministère ecclésiastique, les clercs méritent une rémunération qui convienne à leurs conditions. Qui tienne compte, autant de la nature de leurs fonctions que des circonstances des lieux et de temps. Et qu’elle soit tel qu’il puisse subvenir à leurs propres besoins et à assurer une rétribution équitable à ceux dont le service leurs sont nécessaires ». Nous voyons certains ainés à la retraite vivre dans la peine Cependant, on note comme une violation de l’alinéa 2 de ladite loi. En fait, elle stipule: « Il faut veiller à ce qu’ils (les prêtres. Ndlr) bénéficient de l’assistance sociale grâce à laquelle ils sont correctement pourvus de leurs besoins de maladie, d’invalidité et de vieillesse ». Cette disposition fait sourire chez certains prêtes. Un qui exerce a Douala fait même des révélations à ce sujet. « Nous sommes des tacherons. En cas de maladie ou d’autre forme d’invalidité, vous êtes pris en charge par l’assureur de la paroisse. Mais celui-ci ne couvre pas votre carrière. Aussi, nous voyons certains ainés à la retraite vivre dans la peine. Tout jeune pasteur qui voit cela est inquiet. Et est tenté de faire dans les affaires. Ou même de devenir l’ami des hommes riches ». À l’Eglise évangélique du Cameroun (EEC), la situation est presque identique. « Une fois, notre Eglise a voulu nous affilier à la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS). Mais cela s’est avéré compliqué parce que nos salaires mensuels n’atteignaient pas le Smig», soutient un pasteur ayant requis l’anonymat. Poursuivant son témoignage, notre source précise qu’à l’EEC, on a décidé finalement d’octroyer « un moyen de subsistance ». « Il y a près trente ans, les pasteurs percevaient de façon trimestrielle, une somme de neuf mille francs. De revendication en revendication, les pasteurs ont pu se hisser à un niveau un peu plus élevé. La base salariale à l’E.E.C est désormais 39 900 FCFA », raconte le pasteur. 9 000 FCFA à la fin du mois Pour sa part, la révérende Albestine Mémiafo, épouse Kenmogne, expliquait dans une interview accordée à l’hebdomadaire Repères en 2015, qu’en dehors du salaire minimum qui est donné à chaque pasteur, qui est davantage une indemnité de titre et de résidence, il reçoit aussi un appui de sa paroisse. Venant notamment du Conseil des anciens d’Eglise. Toutefois précise-t-elle, cela lui est attribué en fonction du contexte et de l’environnement dans lequel il exerce. Les choses sont cependant loin d’être complètement satisfaisantes. « J’ai longtemps travaillé à l’Ouest. Dans certaines communautés j’avais à peine 9 000 FCFA à la fin du mois. Travailler dans les coins reculés, c’est difficile. Surtout quand vous avez des enfants qui fréquentent au secondaire ou à l’université ça devient très compliqué. Surtout que tu n’as pas d’autres activités. Car cela est interdit », regrette la première femme pasteur de la paroisse EEC de Nlongkak à Yaoundé. Cependant, elle admettait que les choses sont en train de changer petit à petit. « Quand on se souvient que cinq ans auparavant, les pasteurs ne dépassaient pas 10 000FCFA de salaire minimum. Après des revendications, il a été revu à la hausse au cours d’un synode. Jusqu’à présent les pasteurs en demandent encore. Le débat est sur la table et les responsables se concertent ». La situation chez les musulmans Du côté des imams camerounais, l’on n’a pas ce débat. Les chefs religieux et imams vivent de leur travail ou alors de cadeau et autres présents. « C’est un honneur d’être un imam. Parce que tu es désigné grâce à ta connaissance du Coran et des saintes écritures, à cause de ta bonté et ton bon comportement. Mais en dehors de cette fierté de servir Allah, notre Dieu, et recevoir les honneurs des hommes, il n’y a aucun autre profit. Puisque l’imam ne perçoit pas de rémunérations ni d’argent de poche », a indiqué El Hadj Modibo Halidou Ibrahima à nos confrères de Repères. Il est imam principal de la mosquée d’Essos. Au Cameroun, les imams ne sont pas pris en charge par l’État, contrairement au Nigeria. « Pour être un imam dans notre pays, il faut savoir de quoi vivre. C’est pour cela que certains parmi nous sont des commerçants, des hommes d’affaires, ou des débrouillards en général. A côté de cela, beaucoup vivent des dimes et autres actes de bonne volonté des fidèles ».
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