Les revendeurs ne se cachent plus, installés sur les abords des routes des grandes villes des régions de TËxtrême-nord, du Nord et de l’Adamaoua, ils sont de sérieux concurrents aux station-services agréées pour la distribution. Reportage à Maroua, Yagoua, Kaelé, Guider, Garoua et Ngaoundéré. Carrefour Frolina à l’entrée de Maroua. Il est presque 8 heures du matin. Sur des bicyclettes, des motos surchargées de bidons jaunes remplis de carburants zoua-zoua des jeunes traversent le check point de la douane. Chacun prend la destination la plus proche de son lieu de livraison. Ceux en partance pour les départements du Mayo-Danay et Mayo-Kani continuent sur la nationale N°1. Ils sont partis de la frontière avec le Nigeria à l’aurore ou se ravitaillent dans la ville de Mora, dans le Mayo-Sava. Ici, le bidon de 20 litre aménagé peut contenir facilement 35 à 38 litres de carburant et le prix varie entre 9000 et 13500 FCFA selon le fournisseur. « C’est mon activité depuis bientôt 10 ans. Je pédale mon vélo chargé de bidons de zoua zoua de Mora à Maroua et il y a des jeunes à qui je les revends. Je gagne entre 3000 et 4500 FCFA par bidon selon la saison », confie Saidou Mal Adji, un importateur de carburant zoua-zoua au quartier Domayo-Louggol. Ce jeune trentenaire est bien connu des forces de maintien de l’ordre de Mora et de Maroua. La relation autrefois tendue avec les forces de maintien de l’ordre et les agents dé la Douane s’est muée. « C’était dure au début maintenant tous me connaissent ici et savent que je le fais pour nourrir ma famille. Nous sommes les débrouillards. C’est mon gagne-pain. Je ne peux rien faire avec mon baccalauréat si ce n’est être commerçant de Zoua-zoua », explique Saidou Mal.Adji. Comme lui, de nombreux jeunes sont assujettis à une taxe d’importation de ce carburant qu’fis payent régulièrement auprès des municipalités et de l’administration des impôts. Aux abords des routes de Maroua, la vente du zoua zoua jadis interdite est tolérée. Les revendeurs en provenance du Nigeria ne se cachent plus. Les clients se recrutent dans toutes les couchent de la société. « C’est tout le monde qui se sert chez nous. Le prix ne peut jamais dépasser 400 frs le litre. Les grosses berlines se garent ici pour se ravitailler », commente Joseph, un autre revendeur du carburant zoua-zoua au carrefour Dougoî. Selon les explications de ce dernier, le carburant importé du Nigeria n’est pas de mauvaise qualité. « Même les autorités savent que c’est du bon carburant que nous vendons. C’est peut-être la conservation qui dérange. Certains ne lavent pas bien les bouteilles. Moi, je vends par bidon de 30 litres. Il y a maintenant les produits pour nettoyer les réservoirs des voitures. On conseille aux clients de l’utiliser à chaque consommation de plus de 20 litres » soutient-t-il. Camion-citerne A Maroua, c’est à Dogoi, Bar-maré et Doualaré que se trouvent les plus grands sites de stockages des carburants zoua-zoua. Les petits revendeurs jouent des coudes à côté des gros importateurs. Avant l’avènement de Boko-haram dans la région de l’Extrême-nord, des camions citernes ravitaillaient la région de l’Extrème-Nord. Les importateurs sont bien connus des autorités administratives de la région. Dans les services du gouverneur, la question de l’importation du carburant zoua-zoua est embarrassante mais l’élément de langage convenu est la tolérance administrative. « Nous nous sommes battus pour faire sortir de l’illégalité nos compatriotes qui font dans ce commerce. L’Etat à travers la douane perçoit des droits, les autres administrations veillent à ce que les importateurs payent les impôts. C’est de la débrouillardise », explique un haut fonctionnaire en service à la région de l’Extrême-nord. Dans la ville de Kaelé et ses environs, les revendeurs se recrutent un peu partout. Le prix du litre varie entre 400 et 500 FCFA en fonction du fournisseur. « Ce n’est pas une activité illégale. Je suis en règle avec la douane, les impôts et la commune à qui je paie les impôts libératoires. Cette année on voulait que je passe à la patente », explique Ousmane Gadjéré, l’unique grossiste du zoua-zoua dans la ville de Kaelé. Proximité avec le Tchad Dans le Mâyo-Kani, chaque importateur a son périmètre. Il livre aux revendeurs de la localité. « Nous ne sommes pas nombreux. Il y a ceux qui livrent à Guidiguis, d’autres à Dgzigui-lao ou Moutourwa. Les douaniers connaissent tous les importateurs de zoua-zoua. Le préfet et les maires aussi puisqu’il n’y a pas de station-services ici », confie Ousmane Gadjéré. A Yagoua, dans le Mayo-Danay, la proximité avec le Tchad accroît les opportunités. Les importateurs sont de plus en plus nombreux avec l’entrée dans l’activité des hommes en uniformes, des magistrats et autres fonctionnaires. Toute une association d’importateurs et de revendeurs du carburant zoua-zoua a vu le jour. « Tout le monde fait dans la vente du carburant. Parce que ça va jusqu’au Tchad où dans les arrondissements de Maga, Gobo, Vêlé, Kaikai, Kar-Hai. Les fonctionnaires se sont reconvertis en revendeurs de carburant zoua-zoua ou ils protègent un revendeur », confie un doyen du secteur. Les deux station-services de Yagoua tournent au ralenti. Elles ne tiennent pas face à la concurrence du zoua-zoua qui a pignon sur rue dans le chef lieu du département du Mayo-Danay, Dans la région du Nord, l’activité est florissante. Dans les quartiers comme Diambcuici-, Lopéré, Foulbéré, E.Démiré, Ta kasko, les vendeurs exposent leurs produits qui ce vendent comme des petits pains. Pourtant à la suite des incendies ayant ravagé certains quartiers de la ville, le zoua zoua avait été interdit par Jean Abaté Edi’i, le gouverneur de la région du Nord. La mesure du patron de la région n’a cependant pas été implémentée, lorsqu’on sait que les différentes villes de la région n’ont pas en leur sein des station-services. A travers les villes comme Doubey, Barndaké, des importateurs de carburant, à moto ou à véhicule, font passer chaque jour des milliers de litres pour ravitailler la capitale la région, et les villes comme Guider, Figuil, Touboro, Gouna, Ngong. La région est aussi connue comme zone de transit du carburant en partance pour le Tchad et la RCA. Dans la région de l’Adamaoua, les vendeurs de Zoua Zoua jouent au chat et à la souris avec les autorités et les forces de l’ordre. Des mesures draconiennes d’interdiction prises par les autorités ne produisent pas les effets escomptés. A Ngaoundéré, les vendeurs de ce carburant payent désormais les taxes et les documents de douano leur sont exigés. Toutefois, l’activité se pratique toujours paradoxalement dans l’illégalité. Sous la pression des forces de ‘’ordre, les vendeurs se contentent d’exposer quelques fifres alors que les stocks sont dissimulés dans les domiciles. Les villes comme Tignère, Tibati, Banyo qui sont enclavées, sont ravitaillées par des importateurs qui profitent de la porosité de ia frontière avec le Nigéria pour développer leur activité.
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