Depuis le déclenchement de la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, seules quelques rares interventions, notamment celles du président de la République du Tchad, Idriss Deby et de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, appelant à une résolution du conflit ont été enregistrées. Les pays africains s’intéressent certes à la crise anglophone. Mais s’investissent-ils dans la résolution du conflit qui dure depuis bientôt trois ans? Difficile de répondre par l’affirmative à cette question au regard des maigres réactions enregistrées depuis le déclenchement du conflit entre l’armée et les séparatistes favorables à la création d’un «Etat Ambazonien». Pour Ahmadou Sehou, historien et analyste politique, l’attitude des pays africains par rapport à la crise anglophone à laquelle fait face le Cameroun, est assez surprenante dans le contexte actuel d’évolution des relations internationales, déclare-t-il dans les colonnes du quotidien Le Jour en kiosque ce 24 mai 2019. «Elle nous fait simplement constater que les pays africains peinent à sortir de la posture de neutralité ou d’indolence, induite par le sacro-saint principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des autres Etats inscrit dans la charte de l’OUA dans sa création au lendemain des indépendances. Chaque pays, ayant ses propres crises et insuffisances, préfère ne pas se mêler des affaires du voisin de peur que la réciproque soit possible», soutient l’analyste politique. «Les chefs d’Etat africains ont cette forme qui est le prolongement de la non-ingérence entre eux ce qui fait en sorte que lorsque quelqu’un d’entre eux est en difficulté, ils ne vont pas en rajouter», précise Njoya Moussa, politologue. Et pourtant, rappelle le quotidien Le Jour, lors de l’ouverture de la 14e conférence des chefs d’État de la Communauté Economique des États de l’Afrique Centrale tenue à N’Djamena le 24 mars dernier, le président du Tchad, Idriss Deby exhortait ses pairs à œuvrer au retour à la normale dans les deux régions anglophones du Cameroun. «Il est impératif que nous travaillions pour un retour à la normale dans les régions du Sud-ouest et du Nord-ouest du Cameroun», exhortait-il. Et a l’occasion de la 10ème journée CEMAC, célébrée le 16 mars 2019, le président de la République tchadienne formulait également le vœu d’une résolution de la crise: «J’invite mes frères camerounais à la sagesse et au dépassement en vue de ramener la quiétude dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du sud-ouest en proie à des violences sur des bases de revendication sectaire et identitaire». Si l’écho de la crise retentit bien au-delà de la sous-région CEMAC, mais là aussi, relève le journal «on se contente de simples déclarations». Ismail Chergui, le commissaire paix et sécurité de l’Union Africaine interrogé par la presse lors du dernier sommet de l’institution à Addis-Abeba en février dernier avait lâché : «Nous donnons intérêt à toutes les situations sur le continent, sans aucune exception. Donc, soyez assurés que nous dialoguons avec le gouvernement (camerounais) sur ces questions».
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