Téléphonie mobile : camtel hors réseau

Malgré ses multiples avantages, la Cameroon Telecommunications n’a jamais pu franchir ce pas. La faute à l’inertie de l’actuelle équipe managériale dirigée par Judith Yah Sunday. Les faits remontent au 12 mars 2020. La ministre des Postes et télécommunications (Minpostel), Minette Libom Li Likeng procédait à la remise officielle de trois conventions de concession, octroyées par l’Etat à la Cameroon Telecommunications (Camtel), l’opérateur public des télécoms au Cameroun. Concrètement, les trois nouvelles concessions octroyées à l’opérateur public des télécoms étaient relatives à l’établissement et l’exploitation d’un réseau de communications électroniques mobiles, à couverture nationale, ouvert au public, lié aux technologies d’accès 2G, 3G et 4G d’une part. Il s’agissait en outre de l’établissement et l’exploitation d’un réseau électronique de communications électroniques fixes à couverture nationale ouvert au public par accès filaires. Et, enfin, de l’établissement et l’exploitation d’un réseau 4e transport de communications électroniques, y compris les stations d’atterrissage de câbles sous-marins et des téléports vers les réseaux satellites. Grâce à ces nouvelles concessions, qui font officiellement de Camtel le 4e opérateur du mobile au Cameroun’ (après MTN, Orange et Next-tel), avec autorisation de déployer jusqu’à la 4G, l’État camerounais avait pour ambition de renforcer davantage la position de l’opérateur historique au cœur du développement du secteur des télécoms et TIC dans le pays. Douze (12) mois se sont écoulés depuis l’annonce en grande pompe de cette mutation majeure. Et l’on se rend compte que la révolution n’a pas eu lieu. Promis à la liquidation durant plus de deux décennies, l’entreprise publique des télécoms peine à relever de nombreux défis. Sous le feu des critiques, elle fait face à des soupçons de non-transparence, voire de corruption ou de gestion non équitable des opérateurs dans les segments qui leur sont propres. Camtel fait également face à des récriminations et reproches pour faible qualité de service, service après-vente approximatif, lenteur dans la mise à disposition des services. Irrégularités Une telle situation ne pouvait laisser de marbre la Minpostel, qui a adressé une correspondance administrative plutôt musclée à la directrice générale de la Cam-tel Judith Yah Sunday, epse Achidi, en date du 11 janvier 2021, avec pour objet «Conduite de la réforme de Camtel ». Ainsi, Minette Libom Li Likeng dit avoir constaté «un certain nombre d’irrégularités dans la prise de décisions stratégiques dont les effets ne concourent pas à une réussite de la réforme organisationnelle et fonctionnelle prescrite par le gouvernement ». Aussi, peut-elle relever, sur le plan financier, un certain nombre de dysfonctionnements : l’obstruction de la direction générale dans le travail de contrôle de gestion de l’entreprise; la validation du budget 2021 de Camtel en douzième provisoire; l’absence d’un business plan mettant en exergue la cohérence entre les investissements et la viabilité des activités liées au segment du mobile; l’immaturité avérée des projets de l’entreprise. Sur le plan des ressources humaines, des entorses au principe de nomination par la direction générale, des responsables relevant de la compétence du Conseil d’administration, toute chose de nature à compromettre le climat social au sein de l’entreprise et sa capacité à se positionner sur des projets nouveaux sont notées par la Minpostel. Sur le plan technique et stratégique, Minette Libom Li Likeng regrette «le non-respect de la mise en place efféctive des trois (03) Business Units qui conditionne la réussite de l’exploitation des concessions octroyées ». Réformes En effet, la réforme prescrite à Camtel, suite aux concessions (Mobile, fixe et transport) qui lui ont été attribuées le 4 mars 2020 par le gouvernement, prescrit la mise en place d’un continuum organisationnel ouvert avec la création en son sein des Business Units, en fonction de chacun des titres d’exploitation attribués. Autre récrimination, la mise sur pied d’une «Task Force» composée de 170 personnels en lieu et place de la Business Unit Mobile, sans aucune précision sur les missions et les aspects liés à la gestion de cette unité. Par ailleurs, Judith Yah Sunday avait planifié le lancement du réseau mobile pour le 21 décembre 2020 sans business plan. Au cours d’une réunion présidée par la Minpostel en présence des responsables de l’ART (le régulateur) le 16 décembre 2020, ce lancement avait été différé en raison des insuffisances réglementaires notoires à la mise en œuvre du réseau mobile. Dans un courrier reçu le 7 janvier 2021, la DG de Camtel a néanmoins invité la Minpostel à présider le lancement du Mobile pour la date du 13 janvier 2021, sans rendre compte de la levée des réserves formulées au cours de la réunion du 16 décembre 2020. «Tout ceci ne permet non seulement pas d’assurer une entrée réussie de l’opérateur historique dans le segment de la téléphonie mobile pourtant tant attendue, mais aussi de rassurer les acteurs du secteur sur la neutralité, la transparence, la non-discrimination et l’objectivité de Camtel à gérer les segments de monopole de fait (fixe, transport)», s’indigne Minette Libom Li Likeng. Qui, au regard de ce qui précède, a prescrit à la DG de Camtel «un retour sans délai à l’orthodoxie managériale» à l’effet de garantir le succès de la réforme engagée et la crédibilité de l’opérateur historique.


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