Ce que Mongo Beti disait de Calixte Beyala en 1997.

« C. Beyala n'avait pas les moyens de son ambition. Pour devenir un grand auteur, il importe de savoir écrire. Pour savoir écrire, il importe d'en avoir l'apprentissage ». « Malheureusement, C. Beyala n'a pas la patience des vrais artistes. Son problème est d'abord et surtout de réussir très vite, de gagner beaucoup d'argent, de faire parler d'elle, de se faire applaudir en somme. Elle copie donc, non pas les chefs-d'oeuvre de la littérature, mais les grands succès du moment ou récents, ce qu'on appelle les best sellers, c'est-à-dire les romans qui se vendent par centaines de milliers d'exemplaires, sinon par millions » « Bien sûr, Calixthe Beyala récuse l'accusation de plagiat. Mais à la manière dont elle s'y prend, on voit bien qu'elle ne croit pas elle-même à son innocence. La meilleure façon de se laver d'une accusation de plagiat, c'est de porter l'affaire en justice pour diffamation, ce que Calixthe Beyala n'a pas fait » « Calixthe Beyala, inconsciente, sans doute moins cérébrale, plus frivole, semble, quant à elle, insubmersible en quelque sorte ». « La percée de Calixthe Beyala, qui n'est pas seulement concrétisée par le Grand Prix de l'Académie Française, mais s'est aussi manifestée par une vente sans précédent de son roman pour un auteur africain, frisant des records jusqu'à la bombe du plagiat, s'explique par la conjonction de cette réalité qu'on peut qualifier de sociologique et de la présence au pouvoir d'une droite néo-gaulliste, attachée, à sa manière, à l'Afrique, à laquelle C. Beyala a su se rendre sympathique dès son arrivée en France ». « Pour séduire le public camerounais, il ne suffit pas de décrocher un grand prix à Paris, ni même d'étaler un génie créateur à la Shakespeare, ni de déployer un style éblouissant. Il faut encore prendre part, sans équivoque, d'une façon ou d'une autre, au combat patriotique de libération nationale. Si Victor Hugo avait été camerounais, il serait mort dans l'anonymat, à moins de proclamer bien haut sa foi dans la longue marche épique où nous ont précipités Um Nyobé et ses camarades ». « Il est clair que Calixthe Beyala, femme imbue d'elle-même (qui, paraît-il, se voyait dans cinq ans au plus membre de l'Académie Française, n'hésitant pas à se comparer à Simone de Beauvoir, qui d'ailleurs, n'entra jamais dans l'auguste compagnie) », « A l'évidence, C. Beyala ne savait pas écrire, ce qui n'est pas bien grave, puisqu'on peut toujours apprendre un métier qu'on ne maîtrise pas. Elle avait conscience de ne pas savoir écrire, ce qui peut être une chance, si ce complexe d'infériorité persuade l'écrivain à la nécessité d'un apprentissage. Copier peut précisément être une forme d'apprentissage ». « Voilà comment l'impuissance, exacerbée par le milieu parisien, peut conduire au plagiat, à cette espèce de vol avec effraction morale. Il est même arrivé que l'éditeur flanque son poulain d'un nègre, sorte de double qui écrit à sa place ce qu'il va se contenter de signer ». « Dans un autre contexte, il est probable que C. Beyala aurait consenti à l'effort d'apprentissage de l'écriture, au lieu de succomber à l'appel du plagiat., cette facilité avilissante; ou bien elle aurait cherché ailleurs qu'en littérature la satisfaction de ses désirs de réussite sociale ».


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