Cameroun : l'armée ramasse aussi les ordures en zone de conflit

Des militaires de Bamenda, dans la région anglophone du Nord-Ouest au Cameroun, ramassent les ordures pour pallier la destruction par des séparatistes présumés du matériel de la société qui est normalement chargée de cette tâche, ont rapporté mardi des témoins à l'AFP. L'entreprise Hysacam, spécialisée dans la collecte des ordures ménagères, a suspendu ses activités à Bamenda le 1er février, à la suite de la destruction de camions-bennes et d'autres installations par des hommes armés, séparatistes anglophones présumés. Depuis, les ordures s'accumulent dans la ville, auxquelles des habitants excédés mettent le feu, provoquant incendies et fumées toxiques. Face à cette situation, des soldats et des sapeurs-pompiers ont été déployés dans les quartiers de Bamenda pour remplacer les éboueurs. On "ne pouvait pas attendre davantage, nous ne pouvions pas continuer de voir les populations souffrir de la situation", a déclaré à la presse locale le général Robinson Agha, commandant de la 5e région militaire basée à Bamenda."Non seulement c'est une menace pour la santé, mais plus encore pour la sécurité", a-t-il ajouté. Selon Judith Yengou, commerçante de la ville, "même la nourriture que nous vendons ici n'est pas bonne à cause des odeurs que dégagent les ordures, ce n'est pas hygiénique".Fin 2017, après un an de protestation, des séparatistes anglophones ont pris les armes contre Yaoundé. Depuis, les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest sont le théâtre d'un violent conflit armé. Des combats opposent régulièrement l'armée, déployée en nombre, à des groupes épars de séparatistes armés qui, cachés dans la forêt équatoriale, attaquent gendarmeries, écoles et autres symboles de l'Etat, multiplient les kidnappings. Plus de 200 membres des forces de défense et sécurité camerounaises ont perdu la vie dans ce conflit, ainsi que plus de 500 civils, selon le centre d'analyse International Crisis Group (ICG). Selon l'ONU, 437.000 personnes ont en outre été déplacées par le conflit dans les régions anglophones, et plus de 32.000 autres ont fui au Nigeria voisin.


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