Très souvent, la vérité est à la vue de tous. Cette notion de «démocratie apaisée» ou de démocratie pacifiée signifie le pouvoir de définir le paysage politique au Cameroun. Ce pouvoir de définition implique de ne pas avoir d’autre choix que de devoir prendre à la lettre le sens de la vérité orientée produit et dicté par le régime de Yaoundé. Il n’est donc pas nécessaire de délibérer, donc plus aucune possibilité de discussions ouvertes sur tous les événements organisés par le régime de Biya. Au contraire, comme avec sa « démocratie apaisée », le régime de Yaoundé prétend qu’ils sont les seuls à parler au nom de ce qu’ils ont tendance à appeler le « vrai peuple » ou la « majorité silencieuse ». Cette prétention à un monopole moral de la représentation politique a deux conséquences qui sont immédiatement préjudiciables à la démocratie. Le régime accuse tous les autres prétendants et acteurs politiques d’être d’emblée illégitimes. De plus, ils ne discutent pas en termes de désaccord sur la pensée politique, ce qui dans une démocratie est le but même de la politique – offrir aux citoyens des options, pas seulement une compétition sur la compétence et les qualifications. Au lieu de cela, la politique est strictement personnelle et personnalisée au Cameroun: les adversaires politiques du régime de Yaoundé doivent être systématiquement tous des escrocs et des corrompus. Ainsi, l’unité n’est possible que selon les propres termes dictés par le régime; comme personne d’autre ne peut vraiment et n’a le droit de parler au nom des Camerounais ordinaires, la dissidence et l’opposition sont par définition suspectes, et de facto considérés par lui comme illégitimes. Tout cela sous-tend la reconnaissance du fait que le conflit légitime est une force constante et nécessaire au maintien d’une démocratie saine. Évidemment, ce n’est pas le genre de conflits orchestrés par le régime et mis en scène par sa propagande, comme l’arrestation médiatisée et humiliante de l’ancien tout puissant ministre de la défense Edgar Alain Mebe Ngo’o ou la séquestration arbitraire des dirigeants du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) en prison, puis la bigoterie cynique de l’enfermement des combattants de la liberté anglophone. En réalité, dans une démocratie normale, la concurrence ou la compétition politique se déroule de manière pacifique au sein des institutions politiques existantes, où de véritables pratiques démocratiques peuvent également faciliter la résolution de conflits intenses lorsque le système politique est contesté de l’intérieur par des groupes luttant contre le gouvernement ou l’ordre établi, et lorsqu’ils émanent de l’extérieur aussi. Au Cameroun, cependant, il n’y a pas de défi ni de défiance légitimes puisque le gouvernement est juge et juré en même temps. Ainsi, cette idée que la politique au Cameroun est calme et ne crée pas de division, avec un espace public dans lequel des questions controversées… peuvent être résolues, ou du moins gérées, par le dialogue et les conflits entre idéologies, classes sociales, partis politiques ou autres groupes d’intérêts, relève désormais du passé et s’apparente même aujourd’hui à une grosse blague. C‘est une blague parce que le régime de Yaoundé ne reconnaît clairement pas l’existence d’adversaires politiques réels et légitimes. Nous assistons à un régime qui déploie une forme de populisme de victime à Yaoundé, ce qui est néfaste pour la nation et pour les droits de l’Homme. Ce genre d’indignation sélective contre la nation est à la fois fatiguant, affligeant et destructeur. Le CL2P lutte contre cela en répondant par des arguments rationnels et par un réel besoin de participation public et de délibération. Notre pays ne peut en effet pas avoir une culture de la liberté d’expression si nous continuons à récompenser ceux qui cherchent à détruire des carrières et des vies, plutôt que de réfuter ou contredire des idées. Cette habitude de détruire les débats politiques est une forme de vengeance et de lynchage inscrite dans les mœurs sociales au Cameroun. C’est simplement lâche. Et c’est exactement le genre de monde politique que des partisans méchants, passionnés et médiocres veulent construire au Cameroun. Ainsi, si le régime de Yaoundé se soucie vraiment des Camerounais ordinaires comme il le prétend, le CL2P le met au défi de commencer par respecter les procédures légales et internationales appropriées. Surtout avec un régime qui continue à promettre de nouvelles expériences destructrices après 36 ans au pouvoir, sinon 70 (si on considère qu’il n’est que la continuité de l’UNC d’Ahmadou Ahidjo); il semble étrange de décider d’office que la politique camerounaise peut et doit se passer de toute alternative ou alternance. Si le gouvernement pouvait enfin, en quelque sorte, cesser de se demander si l’opposition légitime appartenait à la politique traditionnelle, il pourrait même finir par découvrir que cette opposition a des choses intéressantes à offrir à la collectivité entière.
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