Le ministre de l’Administration territoriale vient d’écrire à la présidence pour méconnaître le sénateur Djorwé.
Bruits de bottes dans la maison de Dakole-Daissala.
Dans un courrier adressé au directeur du Cabinet civil de la présidence de la République (DCC) daté du 5 janvier dernier, le ministre de l’Administration territoriale (Minat) écrit que « …le parti politique ‘’Mouvement démocratique pour la défense de la République’’ (MDR) a pour président Monsieur Daïssala Tigana Tassi, suivant les résolutions de la convention nationale extraordinaire dudit parti ténue le 17 décembre 2023 à Yaoundé ». Reconnaissant ainsi le fils de feu Dakole Daïssala, fondateur de ce parti. Paul Atanga Nji ignore ainsi le sénateur Djorwe Paulin qui assure la transition à la tête de ce parti depuis le décès de son fondateur en 2023 le 9 août 2022. C’est que le fils du fondateur du MDR a été élu à la tête du parti par un groupe d’individus le 17 décembre dernier à Yaoundé. En l’absence des cadres du parti jusqu’ici connus.
A ce qu’il semble, Paul Atanga Nji répondait à un courrier à lui adressé au préalable par la présidence de la République, en l’occurrence à celui de Samuel Mvondo Ayolo. D’autant plus que le courrier du Minat qui a fuité sur la place publique, mentionne « faisant suite à votre message Fax cité en référence, relatif à l’objet visé ». Sauf à croire que la présidence de la République a été saisie par Daïssala Tigana Tassi après son « élection », la présidence aurait peut-être un projet avec le parti de l’ancien allié politique de Paul Biya.
On sait que Dakolle Daïssala a toujours eu des liens particuliers avec le président Paul Biya. Après l’éloignement des années de braise qui a vu le président du MDR remporter six voix de députés, l’homme renoua rapidement avec Paul Biya qui l’avait fait embastiller sept ans sans jugement après les événements d’avril 1984. Une alliance salvatrice pour un Rdpc en tourmente, ramena l’ancien directeur général de la Sotuc aux affaires comme ministre des Postes et télécommunications. Mais Dakolle Daïssala quitte le gouvernement le 7 décembre 1997, et confie avoir volontairement quitté le navire gouvernemental pour conquérir un poste de député. Effectivement l’homme sera élu à l’Assemblée nationale. Seul dans son parti. En 2004, celui qui, sept ans plus tôt, avait soutenu la candidature de Samuel Eboua, ancien secrétaire général de la présidence de la République sous Ahmadou Ahidjo, se retourna vers Paul Biya lors de l’élection présidentielle de 2004. Dakolle Daïssala retrouva un poste au gouvernement : le ministère des Transports. Ce qui eut de l’effet sur un MDR déjà très mal en point. Aux législatives de 2007, le MDR ne gagnera plus aucun poste de député.
Il faudra attendre les premières élections sénatoriales en 2013, pour que le natif du Mayo Kani retrouve des grâces auprès du faiseur de rois Paul Biya. L’homme figura parmi les 30 sénateurs dont le destin dépend de la magnanimité du président de la République. Un deal que Paul Biya a respecté même après la mort de son ancien camarade de l’équipe Ahidjo. Ainsi, Me Djorwe Paulin, un des fidèles de Dakolle Daïssala sera récompensé pour sa loyauté. L’homme est nommé sénateur, en remplacement de son défunt président. Entre temps, le parti lui a confié les rênes du MDR pour une transition qui devrait se conclure par un congrès électif devant produire le nouvel exécutif du parti.
Congrès électif en perspective
Mais aussitôt, le strapontin suscite des appétits. Le successeur politique de Dakolle Daïssala essaie de recadrer les choses : « Le 05 janvier 2024, les militants et militantes du Mouvement Démocratique pour la Défense de la République (MDR) ont été surpris de voir circuler à travers les réseaux sociaux, une correspondance dans laquelle un Président National de leur parti aurait été désigné le 17 décembre 2023 au cours d’une prétendue convention extraordinaire du parti. Les militants, cadres et élus de notre formation politique, connus pour son légalisme et son attachement aux valeurs de la République si chers à son Fondateur, ont d’autant plus été étonnés de par le contenu du document en circulation, qu’ils n’ont jamais pris part à une soi-disant convention extraordinaire », a réagi Me Djorwe, dans un communiqué rendu public ce 6 janvier 2024.
Source : News du Cameroun