Une photographie, montrant des cadavres d'adolescents, et très largement partagée sur Facebook, est utilisée dans plusieurs pays africains pour illustrer de supposés massacres ou catastrophes. Il s'agit en réalité d'une photo montrant les victimes d'un accident, survenu à cause d'une tempête au Ghana, en mars 2017."La république du Cameroun est génocidaire dans le Sud-Ouest du Cameroun. Ceci est la grande oeuvre du BIR (unité d'élite de l'armée camerounaise, NDLR) sur les civils anglophones", affirme un internaute dans cette publication partagée 148 fois. Des affrontements entre l'armée et des séparatistes anglophones, qui militent pour la création d'un Etat indépendant dans les régions camerounaises du Sud-Ouest et du Nord-Ouest, se produisent quasiment chaque jour. Depuis fin 2017, près de 500 civils ont perdu la vie, selon le centre d'analyse International Crisis Group. Une recherche inversée sur Google permet également de retrouver cette image dans un article juin 2017, traitant également de la crise anglophone au Cameroun.Et cette photographie a été utilisée à de nombreuses reprises, pour illustrer à tort des événements très différents. Nigeria, Tanzanie, RDC, Congo... Comme ici sur Facebook, où une publication en anglais, partagée près de 185.000 fois, affirme que 11 personnes sont décédées à Oshogbo, dans le sud-ouest du Nigeria, à la suite d'un coup de téléphone "maléfique".L'image est également reprise pour illustrer un accident de bus scolaire ayant fait 33 morts en Tanzanie en mai 2017 comme sur Instagram.Ou encore sur Twitter ici en octobre 2017 pour accuser le président nigérian Muhammadu Buhari de "tuer les habitants du Biafra", région du sud-est du pays en proie à des violences entre des sécessionnistes et l'armée.Plus surprenant encore, on retrouve cette image en couverture d'un ouvrage intitulé "Le génocide des Laris au Congo", et publié en septembre 2018 par la maison d'édition L'Harmattan.Ce dernier a été interdit de publication au Congo par le gouvernement, qui, lors d'une conférence de presse en octobre 2018, affirmait que l'auteur avait utilisé comme image de couverture une photographie d'une catastrophe survenue en mars 2017 au Ghana.Une faute reconnue par la maison d'édition. "L'auteur nous a fourni la photo et nous n'avons pas vérifié", a indiqué à l'AFP un employé de L'Harmattan. "La toute première édition comportant cette photo fautive a été immédiatement retirée du circuit commercial et remplacée par une autre version", a-t-il précisé.Contacté par l'AFP, l'auteur a expliqué avoir trouvé la photo dans une banque d'images et doit revenir vers nous pour plus de précisions. Ou a été prise cette vidéo ? Sur Facebook, la photographie la plus ancienne que nous ayons retrouvée illustre un "désastre" aux "chutes de Kitampo", selon l'internaute qui l'a postée le 19 mars 2017.Vingt jeunes ont effectivement péri ce jour-là, noyés ou écrasés, à la suite de fortes pluies. Le drame s'est produit au pied d'une cascade située à Kintampo au Ghana. Un évènement rapporté à l'époque par l'AFP dans cette dépêche.D'autres photographies prises le jour de l'accident permettent d'authentifier cette image.Un internaute, qui indique sur Facebook habiter à Kintampo, a mis en ligne des photos (attention les images peuvent être choquantes) du drame le 19 mars 2017 également.Sur celles-ci, on reconnait des éléments présents sur l'image virale, comme l'homme en polo rayé rouge et gris ou encore les chaussettes au bout orange de l'un des jeunes décédés.Sur la photographie on identifie au troisième plan un panneau sur lequel est inscrit "Waterfall Stage". En recherchant sur Google "Kintampo waterfall stage", on retrouve des photographies de ce même panneau.Ces élements indiquent que ces photographies ont été prises à Kintampo au Ghana, et non dans le Sud-Ouest du Cameroun, au Nigeria, en Tanzanie, au Congo, ou encore en République Démocratique du Congo.
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