Révélation du journal Le Monde hier à Paris. « Selon plusieurs sources dignes de foi, Ali Bongo a subi un accident vasculaire cérébral peu de temps après son arrivée à Riyad, le mercredi 24 octobre, affirme le journal. Quelle en est la gravité ? Quelles en seront les éventuelles séquelles ? Il est encore trop tôt pour le dire. “Il a été opéré pour nettoyer le saignement et maintenu en coma artificiel. Pour l’instant, on attend”, relate, sous couvert d’anonymat, une personnalité familière du Palais du bord de mer à Libreville. Dimanche 28 octobre, rappelle Le Monde, alors que tout le Gabon bruissait de rumeurs, le porte-parole de la présidence avait rompu le silence en évoquant lors d’une intervention télévisée un malaise “consécutif à une fatigue sévère due à une très forte activité ces derniers mois”. » Par ailleurs, poursuit Le Monde, « selon La Lettre du Continent, publication spécialisée et généralement bien informée sur les arcanes des présidences africaines, depuis cette “défaillance” du président, une “troïka” a été mise en place pour assurer la continuité de l’Etat. Celle-ci serait composée du colonel Frédéric Bongo, le directeur général des services spéciaux de la Garde républicaine et demi-frère du président, de Brice Laccruche Alihanga, le directeur de cabinet présidentiel, et enfin de Marie-Madeleine Mborantsuo, la présidente de la Cour constitutionnelle. Si le premier était chargé de veiller sur la sécurité du pays et des intérêts de la famille Bongo et le deuxième de la gestion des affaires courantes, la troisième personnalité de ce triumvirat jouerait cependant un rôle essentiel. En effet, c’est elle qui détient le droit de décréter une vacance du pouvoir et ainsi de provoquer une transition en théorie dirigée par la présidente du Sénat. » Muré dans le silence Ces révélations hier du Monde et de La Lettre du Continent ont semé le trouble dans les médias gabonais… « Pour l’heure, au Gabon, où les déclarations sur l’état de santé du président se succèdent, chacun y va de son commentaire, particulièrement sur les réseaux sociaux, relate le site d’information Gabon Review. Le gouvernement, qui n’a jamais communiqué officiellement sur l’Etat de santé du président reste, quant à lui, muré dans son silence, pointe encore le site gabonais. Ayant promis, le 28 octobre, qu’il communiquerait régulièrement sur le sujet, pour éviter des “contrevérités [et] des mensonges” diffusés sur les réseaux sociaux et certains sites d’information, le porte-parole de la présidence de la République ne s’est plus jamais exprimé. » Camouflage En début de semaine, le site Gabon Eco évoquait différentes hypothèses sur l’état de santé du président Bongo, parmi lesquelles l’AVC, et dénonçait également le silence des autorités. « C’est presque un camouflage complet voire une volonté manifeste de dissimulation, alors que les rumeurs sur la mort du Président de la République se propagent, avec une ténacité déconcertante à Libreville, affirmait Gabon Eco ; et aiguisent, dans la foulée, les appétits cryptopersonnels du pouvoir et de l’opposition, qui déjà, à travers des déclarations et des mises en garde, appellent le gouvernement au devoir de vérité sur la santé réelle d’Ali Bongo. D’autres, comme s’ils n’attendaient que cela, invitent déjà la Cour constitutionnelle à constater la vacance du pouvoir. Même l’opposant Jean Ping qui s’était jusque-là barricadé dans un silence de tricard est sorti du bois pour appeler les Gabonais à transcender leurs clivages et à faire bloc autour de lui. » Le recours à l’article 13 ? Que peut-il se passer désormais ? Est-on face à une vacance du pouvoir au sens constitutionnel ? Le juriste gabonais Boniface Roux Boudiala, tente d’apporter des éclaircissements dans une tribune publiée par le site Africa Postnews : pour lui, le cas d’Ali Bongo, s’il n’était pas démontré qu’il est en pleine possession de ses capacités, ce cas pourrait entrer dans le cadre de l’article 13 de la constitution sur la vacance temporaire ou l’empêchement définitif d’exercer la fonction présidentielle. « Si le gouvernement estime qu’il n’y a pas de “vacance de la présidence de la République”, il lui incombe d’en apporter la preuve tangible, affirme le juriste gabonais, pour faire taire toutes supputations. La persistance, dans une voie du blocus de l’information, sonne comme un aveu d’échec et d’impuissance, poursuit Boniface Roux Boudiala. Face à la lettre implacable de l’article 13 de la Constitution, il convient, conclut-il, de dissiper ce gros nuage de fumée qui entoure la santé du Président de la République, pour déraciner toutes les supputations qui ne cessent de fleurir depuis bientôt deux semaines. »
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