La sodecoton dépense 65 milliards de fcfa pour l'achat des engrais

Ces dépenses représentent plus de 30% du chiffre d’affaires de l’entreprise ont explosé en raison du renchérissement des prix de ces intrants depuis l’invasion de l’Ukraine.

 

Bayero BOUNOU

La sénatrice Micheline Dsamou a présenté il y a quelques jours à Yaoundé, un nouveau projet de construction d’un parc agro-industriel intégré sur 113 hectares dans la région de l’Ouest. Celle qui est par ailleurs propriétaire de l’entreprise Pharmacam a prévu d’intégrer dans le parc, une usine de fabrication des engrais d’une capacité de 25000 tonnes par an. L’objectif de la femme d’affaires est de contribuer à réduire la facture des engrais importés chaque année par le Cameroun. Une étude du marché réalisée par ses équipes, notamment auprès de la Société de développement du coton (Sodecoton), a révélé que les dépenses annuelles de cette entreprise détenue à 59% par l’Etat du Cameroun pour importer les engrais atteignent actuellement jusqu’à 65 milliards Fcfa. En valeur relative, les charges liées à l’achat des produits représentent plus de 30% du chiffre d’affaires de la société, qui tourne autour de 150 milliards Fcfa. Une situation sans doute liée au renchérissement des prix des engrais, renchérissement lié à la guerre qui s’enlise  entre la Russie et Ukraine depuis février 2022 – au plan global, le Cameroun importe 43% de ses engrais de la Russie.

Au premier trimestre 2022, indiquait en septembre l’Institution national de la statistique (Ins), la flambée des prix des engrais avait provoqué une chute du taux de croissance de l’agriculture vivrière au Cameroun de 0,4 point, passant de 2,5% à 2,1% en glissement annuel. Dans un rapport officiel, la Banque mondiale a averti récemment que les prix des engrais se maintiendraient à un niveau très élevé au moins jusqu’en 2024. Dans le cadre de sa politique de développement d’une agriculture de seconde génération, le gouvernement du Cameroun a multiplié depuis 2012 des annonces relativement à des projets de construction des engrais, avec l’objectif affiché de sortir le Cameroun de la dépendance aux importations. En 2013, l’allemand Ferrostaal a présenté aux autorités un gigantesque projet d’usine de fabrication d’engrais chimiques annexée à une entreprise de production de gaz dans le Sud-Ouest. Coût de l’investissement : 1250 milliards Fcfa, pour une capacité installée de600.000 tonnes d’ammoniac et 700.000 tonnes de d’urée par an. Le projet est englué dans des tracasseries administratives qui ne disent pas leur nom.

Etrange paradoxe au moment où le discours officiel flambe sur l’import-substitution. L’an dernier, c’est l’entreprise chinoise Chimie industrie agroalimentaire du Cameroun (Ciac) qui a débarqué à Yaoundé avec l’intention d’y installer une usine de fabrication des engrais biologiques. Ce projet tarde aussi à se matérialiser. 


 


ARTICLE PRÉCÉDENT ARTICLE SUIVANT

Ajouter un commentaire

Vous devez vous connecter pour ajouter un commentaire.

Commentaires