Le 02 mars dernier, le Minfopra a signé un communiqué appelant les présélectionnés à prendre l’attache de ses services compétents pour la régularisation de leur situation, neuf ans après le lancement de l’opération. SSept ans déjà que son calvaire dure. Sept années qu’elle travaille pour le compte de l’Etat, mais n’a ni matricule, ni salaire. Francine Ekoum est l’une des recrues des 2500 jeunes, une opération lancée en février 2011 par le chef de l’Etat, afin de lutter contre le chômage. Elle a été enrôlée en mai 2013, puis affectée au ministère des affaires sociales. Sans la moindre prise en charge, elle a été détachée à Tcholliré, dans le département du Mayo-Rey, région du Nord. « Pour payer le transport lors de mon départ, je me suis faite accompagner par ma maman, nous avons dépensé presque 100 000 Fcfa ». Une fois sur le lieu d’affectation, se souvient-elle, « il fallait louer la maison, puis payer l’écolage de ma fille qui se trouvait à Yaoundé ». Elle y a passé quatre années. Pendant ce temps « je passais de temps en temps quand l’occasion se présentait dans mon ministère d’origine pour les supplier, en vain, mes responsables à m’affecter à Yaoundé où je pouvais bénéficier d’un soutien familial ». C’est finalement en 2018 qu’elle est affectée à Yaoundé. Elle a certes bougé [du Nord pour le Centre] mais rien n’a changé sur ses situations financière et professionnelle. « On m’a envoyé au commissariat du sixième arrondissement à Etoudi ». Pour s’installer à Yaoundé, il s’est endettée, tout comme survivre au quotidien. Hier 11 mars c’est dans sa demeure après le quartier Abattoir que l’équipe de reportage de Mutations l’a rencontrée. Après une dure journée de travail, cette dame qui attend actuellement la venue au monde de son deuxième enfant est assise dans un fauteuil vieilli par le poids de l’âge. Elle regarde le téléviseur. La qualité de l’image est assombrie par des tâches noires, signe qu’elle serait connectée par un câblo-opérateur, à vil prix. L’ampoule qui brille dans son salon est semblable à la joie qui illumine son cœur, car fait-elle savoir, bout du tunnel serait proche. « Avec l’arrivée du nouveau ministre une issue semble être trouvée ». En effet, les recrues des 25 000 jeunes encore sans salaire et sans matricule, réunis autour d’un collectif, une centaine au total, ont été surpris par un communiqué du ministre de la Fonction publique. Celui-ci stipule : « Dans le cadre de la régularisation de la situation administrative des personnels issus du recrutement spécial des 25000 jeunes diplômés, prescrite par monsieur le premier ministre, chef du gouvernement, le ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative, invite les candidats officiellement présélectionnés au travers dudit recrutement et, n’ayant pas encore de matricule solde, à bien vouloir prendre l’attache de ses services compétents, porte 206 ». L’attente a été longue et pénible. Entre 2011, année de lancement de l’opération et 2020, celle de signature du communiqué, beaucoup de choses se sont passées. « Deux recrues sont morts ». D’autres, bien vivant ont perdu le bon sens et ont peur de se plaindre, par crainte de représailles. Ils souffrent et abstiennent, en espérant que demain sera meilleur.
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