Le problème d’accès aux aliments reste d’actualité malgré les améliorations notées depuis l’an 2000. D’après le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Gabriel Mbaïrobé, environ 2,7 millions de personnes sont en insécurité alimentaire dans le pays. Ce chiffre a été révélé le 15 avril 2021 à Yaoundé, au cours de la présentation des résultats de « l’analyse du cadre harmonisé d’identification des zones à risques et d’analyse des populations en insécurité alimentaire au Cameroun », pour le compte du mois de mars 2021. En comparaison à d’autres années, ce chiffre est en baisse, malgré la persistance de la crise socio-politique dans les deux régions anglophones du pays (Nord-Ouest et Sud-Ouest). Ainsi que des exactions de Boko Haram et des inondations dans la partie septentrionale du Cameroun. En effet, dans son Country-brief à fin mai 2018, le Programme alimentaire mondiale (Pam) avait par exemple inventorié 3,9 millions de personnes confrontées à l’insécurité alimentaire sur le territoire camerounais. « Au cours de la période courante, de mars à mai 2021, la situation alimentaire peut être qualifiée de bonne dans 11 départements classés en phase minimale, et relativement acceptable dans 33 départements classés sous-pression. On note cependant que 14 départements sont en phase de crise dans les régions du Nord-Ouest, du Sud-Ouest, du Centre et du Littoral », a détaillé le ministre de l’Agriculture. En janvier 2021, le Réseau d’alerte précoce contre la fajnine (FEWS net) s’inquiétait déjà; « Il est probable que la situation de la sécurité alimentaire des ménages pauvres, dont la plupart vivent dans des endroits insécurisés et inaccessibles, qui n’ont pas cultivé au cours de la saison 2019-2020 et n’ont pas accès à l’aide humanitaire, se dégrade davantage en situation d’urgence ». Cette inquiétude s’appuyait sur l’analyse 2020 du Cadre harmonisé d’identification des zones à risques et des populations en insécurité alimentaire et nutritionnelle au Cameroun. L’analyse notait qu’un ménage actif agricole sur 10 a été affecté par les effets négatifs du Covid-19, forçant plus de 2,7 millions de personnes à faire appel à des stratégies d’adaptation de leurs moyens d’existence. Elle révélait par ailleurs que la pandémie a constitué un frein à la production d’environ 42 % d’actifs agricoles, occasionné une augmentation des pertes postrécoltes, entrainé la raréfaction des denrées alimentaires de base, provoquant ainsi un renchérissement des prix d’achat de 3 %. « Une situation faite de contraintes de toutes sortes dans laquelle les systèmes agricoles et alimentaires1 sont davantage perturbés que par le passé », soutenait alors le Minader, Gabriel Mbairobé. Cette situation, exacerbée par les inondations et les attaques de la secte terroriste Boko Haram dans l’Extrême-Nord, la crise sociopolitique dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ou encore l’insécurité civile dans l’Adamaoua, a aggravé l’insécurité alimentaire. Entre autres recommandations: la limitation du gaspillage alimentaire, la mise en place des stocks de produits et des semences agricoles (physique et monétaire), le soutien à la modernisation des filières prioritaires, le développement des infrastructures rurales, l’apport d’une assistance humanitaire d’urgence aux populations en insécurité alimentaire sévère, etc. L’on évaluait alors les besoins immédiats de moyens de subsistance à 30 milliards Fcfa, destinés à l’appui matériel et technique aux organisations de producteurs de denrées.alimentaires à cycle court ou à la fourniture d’un soutien aux moyens de subsistance des ménages affectés. Sans oublier la formulation et la mise en œuvre d’un programme national de résilience dont l’implémentation débutera dans les zones les plus touchées par l’insécurité alimentaire.
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