Il s’agit de l’allocution du président national du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc), à l’occasion de l’installation du bureau régional élu de cette formation politique à l’Ouest Cameroun, le 20 août 2022. Mesdames Messieurs, Mes chers Amis, Avant toute chose, observons une minute de silence pour l’Otage politique NDAGUEHO KOUFET Rodrigue, mort au front de la lutte pour la liberté, et en mémoire de tous nos autres camarades décédés au cours de cette année. Cette minute de silence est également à la mémoire de nos compatriotes massacrés par la secte Boko Haram dans l’extrême nord et ceux mort dans le conflit armé fratricide dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. (Salutations des délégations départementales) Ma présence ici, à Bafoussam, ce jour, à cette esplanade de l’Eglise Évangélique du Cameroun, à l’occasion de la cérémonie d’installation des responsables nouvellement élus des organes de base de notre parti dans la Région de l’Ouest, en particulier des membres du Bureau de la Fédération régionale, est chargée de sens. D’abord, cette présence me donne l’occasion de m’acquitter d’un agréable devoir : celui de vous adresser mes chaleureuses félicitations pour la victoire sans appel que les populations de la Région m’ont accordée lors de l’élection présidentielle de 2018, après un meeting historique à la Place des fêtes de la ville. Je m’acquitte de ce devoir de gratitude profonde avec presque quatre années de retard, et vous savez pourquoi. Entre le séjour en prison en 2019, la tournée à l’étranger, suivie de l’isolement dû au covid-19 en 2020, mon assignation de facto en résidence surveillée, la même année, les péripéties de la gestion de l’initiative SCSI en 2021, la terreur déclenchée contre notre parti à la suite des Marches pacifiques, en particulier celles du 22 septembre 2020, il ne m’a pas été possible de venir vous rendre hommage pour votre engagement et votre détermination, qui nous ont permis de remporter une brillante victoire électorale en 2018, et de mener par la force de choses la résistance nationale en dépit des brimades, des violences, de l’acharnement haineux dont sont victimes les militants du MRC depuis fin 2018. Je vous remercie en outre pour l’accueil mémorable et tout aussi historique que vous m’avez réservé lors de ma visite dans cette ville à la suite de la tragédie drame Gouache. Ma présence ici est ensuite le symbole d’un enracinement inébranlable. A ceux qui, de manière éhontée, foulant aux pied nos traditions les plus profondes, sont allés à la Place des Fêtes dire au monde qu’ils me renient, que « l’Ouest tourne définitivement le dos à KAMTO », vous leur montrez votre attachement et votre affection pour un homme, dont le seul crime est d’avoir osé dire non à la dictature, au tribalisme assumé, à la haine ethnique banalisée, à la perpétuation injustifiée d’une guerre fratricide, à la fraude électorale institutionnalisée, au pillage des ressources publiques dans l’impunité. Vous avez montré au Cameroun et au monde que vous avez foi en notre lutte commune pour un changement dans la paix et par les urnes dans notre pays. Vous leur aviez déjà signifié cela par l’accueil sans précédent que vous m’avez réservé dans cette ville, lors de ma visite sur le site de la tragédie de Gouache. Vous le confirmez aujourd’hui encore, de façon éclatante et inoubliable, à l’occasion de la présente cérémonie. Je vous renouvelle du fond du cœur toute ma gratitude et mon affection. Ma présence ici est enfin l’occasion d’un nouveau départ du MRC dans cette Région, dans la sérénité et la confiance, en développant plus que par le passé l’implantation de notre parti dans tous les coins et recoins et dans toutes les couches de la population ; en mettant en œuvre – en synergie avec ELECAM – une dynamique d’inscriptions massives des populations sur les listes électorales, car comme je n’ai cessé de vous le dire depuis dix ans que notre parti existe, nous réaliserons le changement que les Camerounais appellent de tous leurs vœux, dans la paix et par les urnes. On peut essayer de cacher le soleil, mais on ne peut pas l’éteindre. On peut voler une victoire, mais on ne volera pas LA PROMESSE, celle que je vous ai annoncée lors de la campagne pour le scrutin présidentiel de 2018, et dont je n’en étais que le messager. Les récentes élections internes ont créé des remous dans nos rangs dans cette Région de l’Ouest. De tels remous apparaissent à la suite des élections dans tous les partis politiques, sans exception. Mais dans notre cas, quelques aventuriers aux desseins inavouables ont essayé de bâtir des chimères pour semer la division dans nos rangs, sur la base du mensonge, espérant ainsi dérouter certains de nos militants. Ils n’y sont pas parvenus, mais continuent de fourbir leurs armes. C’est pourquoi je vous exhorte, chers Amis politiques de la Région de l’Ouest, à une vigilance accrue et de tous les instants. Cela dit, j’engage tous les responsables des organes de base élus à ouvrir grands leurs bras aux Amis politiques dont les listes de candidatures n’ont pas été retenues ou qui ont perdu le scrutin à l’issue de la compétition électorale, et qui conservent leur engagement et leur loyauté vis-à-vis du parti. Ces responsables nouvellement élus doivent être des rassembleurs. Une famille divisée court inévitablement à sa perte. Le Directoire de notre parti veillera de près à ce travail de rassemblement auquel il attache du prix. Que les militants déçus à l’issue du scrutin sachent que le MRC n’appartient pas à ceux qui ont gagné, et qui seront d’ailleurs jugés aux résultats de leur travail sur le terrain. Ceux qui, parce qu’ils seraient déçus, essaient de mettre le feu à la maison, y compris en allant chercher des appuis extérieurs au parti, ne peuvent pas nous faire croire que c’est parce qu’ils aiment trop cette maison qu’ils veulent la réduire en cendre. Je sais que ceux qui aiment vraiment le MRC n’œuvreront jamais à sa destruction. On ne sert pas son parti seulement en occupant, par tous les moyens et à tous les prix, tel ou tel poste que l’on convoite ; on le sert efficacement partout où le devoir vous appelle, partout où l’on peut être utile. Je saisis cette occasion pour rappeler que occuper tel ou tel poste au sein d’un organe de base du parti ne donne pas automatiquement le droit d’être le candidat du parti à telle ou telle élection étatique ; les investitures se feront par des instances désignées à cette fin par le parti, en fonction de la capacité des uns et des autres à nous ramener la victoire. Car quels que soient ceux qui gagneront, c’est le parti tout entier et chacun de ces militants qui auront gagné. C’est le lieu de dire quelques mots sur le boycott des élections couplées, législatives et municipales de février 2020, décidé, comme vous le savez, par le Conseil National de notre parti. En nous abstenant de prendre part à ces élections, nous avons fait preuve, en tant que parti politique, de courage et de leadership dans le champ politique national. Nous avons accepté de payer un prix politique élevé pour montrer qu’en toute circonstance nous mettons l’intérêt de la Nation et du peuple camerounais au-dessus de celui de quelques ambitions personnelles, que nous comprenons et respectons, mais qui ne sauraient être le fil rouge qui guide nos actions. Et le peuple camerounais nous a bien compris, puisque notre mot d’ordre de boycott a été suivi massivement. En prenant cette décision grave, qui ne se prend pas à la légère, croyez-moi, nous avons fait également un choix salutaire pour le MRC : nous avons évité une crise grave au sein de notre parti, crise qui aurait été causée par la manière dont les investitures de nos candidats en vue desdites élections ont été réalisées, et qui avaient frustré de nombreux militants ayant travaillé dur pour l’implantation et le développement de notre parti. En outre, nous avons évité le piège politique qui nous avait été tendu par le pouvoir-RDPC en place, et dont je n’en dirai pas plus ici. C’est parce que nous avons évité ce piège-là que le régime, furieux, est devenu franchement féroce contre le MRC. Sinon, comment un parti politique auquel on a laissé le champ libre pour gagner tous les sièges peut-il être celui-là même qui fustige chaque jour notre « petit parti » de n’avoir pas pris part à cette mascarade électorale ? Comme dirait notre bon peuple : « Pourquoi le MRC porte son pantalon et ça sert le RDPC ? » Depuis plus de deux ans ce parti n’a pas digéré la pilule de notre boycott, dont l’approbation populaire a montré l’étendue de l’illégitimité de ses élus. C’est pourquoi il essaie de susciter dans nos rangs quelques individus sans foi ni loi qui s’agitent dans tous les sens, profèrent des menaces, déversent des torrents d’injures. Je puis vous assurer mes chers Amis : je supporterai toutes les insultes, comme je le fais depuis dix ans que notre parti existe. Mais je ne laisserai au grand jamais détruire le MRC sans rien faire. Ce parti est le patrimoine de tous ses militants ; mais il est devenu bien plus que cela : il est désormais un patrimoine politique national. Car de nombreux Camerounais l’ont bien compris : la Renaissance, pour laquelle nous nous sacrifions les uns les autres, c’est la Renaissance nationale. Cette Renaissance nationale, telle que nous la comprenons au MRC, est fondée sur un socle de valeurs, en l’occurrence la Vérité-Réconciliation, la Justice, la probité, la Fraternité républicaine et la Solidarité, qui sont des valeurs déterminantes pour la construction d’une Nation unie, forte et prospère. Comme je n’ai cessé de vous le dire, le tribalisme est mortel pour la construction d’une Nation, parce qu’il est division, fractionnement, exclusion. Chacun de nous vient de quelque part ; mais nous ne devons pas être captifs de ce quelque part ; ce quelque part ne doit pas se transformer en une prison pour nous. Le Cameroun ne sera une Nation rayonnante, progressant dans une prospérité partagée, que si ses enfants apprennent à se connaître, à s’apprécier mutuellement pour ce qu’ils portent de positif ; s’ils retrouvent la joie de l’hospitalité fraternelle qui est un socle commun de nos riches cultures. Il ne s’agit pas du rêve irréaliste d’une société d’harmonie parfaite, mais de la conviction, fondée sur l’expérience de chaque jour, qu’il existe dans chaque ethnie ou tribu ce qu’il y a de meilleur et de pire parmi les humains. Mes chers Amis, Peuple du changement, Peuple de la résistance au-delà de la Région de l’Ouest et du Cameroun, la Résistance est d’abord résilience. Par votre courage et votre sens du sacrifice pour la cause de l’intérêt général, vous avez montré que vous êtes ce qui est arrivé de meilleur au Cameroun, sur le plan politique, depuis des décennies. Ceux qui vous détestent le font parce que vous mettez à nu leurs méfaits et les dégâts qu’ils causent aux populations et à notre pays. Ceux qui gardent le silence admirent votre courage, mais sont tétanisés par la peur. Au moment même où nous sommes ici réunis, près d’une centaine de nos militants et sympathisants sont des Otages politiques enfermés dans diverses prisons du pays, condamnés illégalement à des peines de prison ferme, allant pour certains jusqu’à 7 ans. Je pense notamment au Trésorier national de notre parti, le Pr Alain FOGUE TEDOM, à mon Porte-parole et Conseiller, M. Olivier BIBOU NISSACK, à notre Secrétaire National chargé du Développement du parti, M. Pascal ZAMBOUE, à de nombreux jeunes cadres du parti tel que M. Salomon BEAS et bien d’autres que je ne peux citer tous ici faute de temps. Je voudrais qu’ils sachent que je pense à chacun d’eux personnellement, chaque jour, et que tous ensemble nous continuerons à les soutenir et à nous battre pour que justice leur soit rendue un jour. On nous a spolié d’une victoire, on a torturé et embastillé des centaines de nos militants et sympathisants, on a brisé des vies, détruit des familles ; mais, écoutez-moi bien, mes chers Amis, je le répète : PERSONNE, JE DIS BIEN PERSONNE, NE CHANGERA LA PROMESSE. Maintenant, JE DECLARE INSTALLE LE BUREAU DE LA FEDERATION REGIONALE DU MRC DANS LA REGION DE L’OUEST, sous l’autorité du Secrétaire de la Fédération régionale, Me TASSA NEGOU André. Rentrez dans la PAIX ! Je vous aime. Que Dieu bénisse le Cameroun !
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