Stéphane akoa : ‹‹ les conséquences de la mort de paul éric kingue sont multiples ››

L’analyste revient sur les implications de la disparition du flamboyant maire de la commune de Njombe-Penja et ce que l’on peut retenir de sa personnalité. La vie politique camerounaise se fera désormais sans M. Paul Eric Kingue. Selon vous, quelles sont les conséquences de son décès dans le jeu politique de notre pays ? Elles sont multiples. Indubitablement. Tout d’abord, en raison de ce que la personnalité de Paul Eric Kingue représente pour sa région et, au-delà de Njombe-Penja, dans les espaces politiques qu’il avait entrepris d’investir, ensuite… car l’énergie qu’il mettait pour mener ses actions signifiait une qualité exceptionnelle dans les pratiques de la politique de notre pays – où trop souvent, rengagement est motivé par la poursuite de petits intérêts égoïstes – et, enfin, car son « dernier engagement », aux côtés de Maurice Kamto, a éclairé les observateurs sur la conduite du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC). La disparition Paul Eric Kingue nous met face à un grand vide. Et une grande difficulté à imaginer certains jeux politiques mais aussi certains enjeux sans une figure d’une telle envergure incroyablement déterminée face aux injustices. Les citoyens ont besoin qu’on leur présente des projets et des programmes sérieux. Les citoyens ont aussi besoin que les porteurs de projets et de programmes soient sincères, volontaires, honnêtes. Quand il y a tant des personnes si peu responsables, si peu qualifiées – et si peu élues – pour prendre en charge nos destins terrestres. Paul Eric Kingue était aussi une figure sur laquelle l’opposition s’appuyait pour fédérer ses forces et se lancer à la conquête du pouvoir politique. Il laisse également un grand vide sur ce point… Fédérer l’opposition ? Je ne sais pas si c’était son intention. Et je doute fort que ce fut la stratégie du MRC. Surtout si l’on se remémore les conditions dans lesquelles M. Kamto et M. Kingue se sont « séparés ». Mais il est un fait, oui, que Paul Eric Kingue était une figure sur laquelle le Mouvement pour la renaissance du Cameroun aurait dû s’appuyer pour s’implanter au-delà des limites de ses fiefs « acquis ». En tirant avantage de son charisme qui séduisait une catégorie essentielle de la population des territoires oubliés de la République et l’expertise qu’il avait du terrain. Ce qui aurait permis de ramener au MRC des électeurs déçus par le RDPC (comme lui avait été particulièrement été par ses camarades du Rassemblement démocratique du peuple camerounais, à sa sortie de prison, regrettant, notamment, de ne pas avoir été soutenu alors qu’il estimait combattre pour une noble cause). Ce qui aurait été très utile et tout particulièrement appréciable pour renouveler notre vie politique en établissant de nouveaux « équilibres » entre les formations de la majorité et celles de l’opposition. Une note administrative fait savoir que M. Kingue est décédé des suites de COVID-19. Un cas comme celui-ci nous rappelle les réalités de ce virus mais aussi son ampleur dans nos vies quotidiennes… Je crc- qu’effectivement nous devons enfin prendre conscience que face à nous se dresse un terrible mur, impitoyable et injuste. Si nous ne sommes pas capables de prendre toutes les mesures nécessaires notamment celles que les Autorités conseillent, nous allons droit vers une catastrophe. Certes, les grands clercs abrutis de certitudes, les administratifs prétentieux et peu républicains dévoués comme des griots, les conjurations de vénérables patriciens qui portent la vanité à la boutonnière, les administrateurs incivils d’une bureaucratie incapable d’un autre mouvement que le tourner-en-rond, les multitudes superstitieuses assoiffées d’illusions dans leur besoin de consolation impossible à rassasier perfusent un détestable compldtisme. Mais le simple bon sens laisse croire que ce qui a déjà coûté trop de vies doit logiquement nous imposer l’adoption d’un certain nombre de comportements et de pratiques prudentes. Que peut-on retenir de l’homme Paul Eric Kingue ou de sa personnalité ? La franchise. C’est une qualité rare chez les humains. Très rare chez les politiques. Paul Eric Kingue était entier. Sans feintes ni esquives. Simplement fixé sur ses objectifs. On a besoin de figures qui vivent la politique avec intensité.


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