Lire ici le texte du journaliste et sociologue. MORT POUR LA PATRIE Rodrigue Ndagueho Koufet est décédé hier (jeudi, 7 avril 2022) dans les geôles de la prison centrale de Douala des suites de choléra, épidémie qui sévit, depuis ces derniers temps, dans six régions camerounaises. Ce détenu du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) avait été arrêté lors des marches pacifiques du 22 septembre 2020. Juste pour avoir revendiqué pour la refonte consensuelle du système électoral, pour avoir dénoncé la crise sécuritaire dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, pour avoir décrié la mauvaise gestion des fonds de la Can repoussée en 2022, ce militant avait été interpellé, puis écroué à New Bell le 29 septembre 2020. Il avait, au demeurant, été condamné à trois ans de prison ferme le 7 décembre 2021 par le Tribunal militaire de Douala pour des « faits de coaction, insurrection, attroupement et manifestations illégales ». Il devait payer 200.000 Fcfa d’amendes et 377.000 Fcfa de dépens. Après avoir été contaminé au choléra ces derniers jours, R. Ndagueho Koufet a, par la suite, été victime d’une anémie sévère et il en est, malheureusement, décédé. Après avoir passé 18 mois dans le principal pénitencier de la capitale économique camerounaise, Il est mort à l’âge de 37 ans et laisse une veuve et quatre enfants éplorés. Après avoir écouté, in extenso, le témoignage de l’épouse de R. Ndagueho ce matin(vendredi, 8 avril 2022) sur les antennes de Radio Équinoxe, il apparaît, manifestement, un problème de prise en charge médicale dans les milieux carcéraux et, singulièrement, à la prison de New Bell. Alors que ce détenu subissait les soins dans le centre hospitalier des logements sociaux de Yassa, son épouse est informée par les médecins de venir, illico presto, avec des membres de la famille. Stupéfaite, cette dernière leur demande si son époux est mort, et que si c’est le cas, qu’ils le lui disent directement. Sur le champ, dame Ndagueho prend une moto course qui la conduit à Yassa. Arrivée sur les lieux, le personnel médico-sanitaire l’informe que son mari est dans l’ambulance à l’hôpital Laquintinie. S’escrimant à rallier l’hôpital Laquintinie par la suite, elle n’a pas pu, raconte-t-elle, arriver à temps pour cause d’embouteillages. Malgré tout, c’était une peine perdue tant R. Ndagueho a déjà rendu l’âme. Selon toute vraisemblance, le personnel médico-sanitaire des logements sociaux de Yassa, confronté à une certaine frilosité face à ce cas critique, n’a pas voulu annoncer la triste nouvelle du décès de ce patient au moment où le pire est arrivé. Constatant qu’il ne pouvait rien faire de positif, il ont appelé, in extremis, l’épouse de Ndagueho. Le décès du détenu du parti de Maurice Kamto intervient dans un contexte préoccupant de la surpopulation carcérale qui date, où les prisonniers manquent d’eau, dorment à la belle étoile, dans les fosses sceptiques et s’alimentent mal. A ceci s’ajoutent, entre autres, la vétusté des locaux de cette prison, l’exiguïté des geôles, la piètre gestion des déchets physiologiques et l’état piteux de l’infirmerie. En dehors du premier cas Éric Mbayo, qui est le premier militant du Mrc à avoir contracté le choléra en fin mars 2022, quatre autres militants sont, aujourd’hui, entre la vie et la mort puisqu’étant, eux aussi, atteints de choléra. Ces prisonniers malades avaient été condamnés par le collège des juges militaires à travers des jugements séparés rendus le 8 décembre 2021. Il s’agit de Florimond Dzuguem, condamné à deux ans de prison ferme; Clador Mérimé Kengni, condamné, lui aussi, à deux ans de prison tout comme Roger Temapi Kameni. Stéphane Soh, quant à lui, avait écopé d’une condamnation à trois ans d’emprisonnement ferme. Tous les quatre prisonniers atteints de choléra croupissent à l’hôpital. Le pire peut survenir à tout moment si l’on n’y prend garde. Ulcéré par ces conditions carcérales deshumanisantes et dégradantes, le mouvement « Free Bibou Nissack », pilotée par l’épouse du porte-parole de Maurice Kamto, exige une enquête sur les conditions de décès de R. Ndagueho Koufet afin que toutes les responsabilités soient établies et que les sanctions administratives et judiciaires suivent. Serge Aimé Bikoi
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