Phénomène : quand les morts deviennent politiques au cameroun

Du décès de Paul Eric Kingue en passant par celui de Christian Penda Ekoka et aujourd’hui celui de Christelle Mirabelle Lingom, on observe une certaine récupération du politique. Depuis un certain temps, on note que les décès des personnalités sous le feu des projecteurs font objet de récupération de la part des politiques. Les morts deviennent de plus en plus politisées. Notre confrère Le Messager dan son édition du 14 septembre 2021, note que tout a commencé avec le décès de Paul Eric Kingue l’ancien maire de la commune de Djombe-Penja par ailleurs ex-allié du leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) Maurice Kamto. Rappelons qu’officiellement, il a été dit que Paul Eric Kingue est décédé des suites de coronavirus. «L’allié de Maurice Kamto, passé visiblement ou furtivement du côté du pouvoir suite aux élections législatives et municipales du 9 février 2020, va par sa disparition, donner du grain à moudre aux adversaires de l’opposant. Il est accusé en sourdine et parfois ouvertement par certains acteurs politiques, de ne pas être aussi innocent que cela sur l’origine de sa mort. Ce faisant, la bataille fait rage sur la toile au point où le leader de l’opposition camerounaise est obligé d’appeler les siens à un respect de la mémoire de Pek. L’opinion constate médusée dès lors jusqu’où la volonté d’en découdre en politique peut conduire les acteurs, prêt à faire feu de tout bois», écrit Le Messager. Christian Penda Ekoka Tout comme pour Paul Eric Kingue, la politique s’est aussi mêlée au décès de Christian Penda Ekoka qui fut également un allié de Maurice Kamto. Dans son cas, le bouchon a été poussé loin au point où Kamto, les sympathisants et militants de son parti le MRC ont été interdits de se présenter aux obsèques de son allié avec qui il a eu une mésentente sur les résultats de l’audit des fonds de Survie Cameroun. «L’annonce de sa mort ouvre curieusement les vannes, non pas d’une consternation à la dimension de l’homme qu’il fut, mais plutôt à une passe d’armes où les torpilles et missiles sont au programme. Maurice Kamto et les siens sont mitraillés dans tous les sens. Le comble de la confusion arrive lorsqu’il écrit un poème pour rendre hommage à son allié, une oraison funèbre. Loin de calmer les ardeurs de ses adversaires politiques, ce texte lyrique vif de significations va plutôt jeter de l’huile au feu. Le pouvoir, contre toute attente, va aller jusqu’à s’emparer de la conduite des obsèques, l’opposant irréductible ! La famille du défunt, elle aussi entre dans la danse pour interdire au Mrc de venir aux obsèques. Visiblement, la gestion des fonds Survie aura fait des dégâts sur la bonne entente entre Maurice Kamto et Penda Ekoka», écrit Le Messager. Christelle Mirabelle Lingom Son décès est tout aussi parlant de ce que les morts deviennent politisées au Cameroun. Cette jeune dame, doit-on le rappeler, a été accusée par des militants du Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (PCRN) d’avoir tourné une sextape avec le blogueur Paul Chouta. Elle décède au moment où elle a porté l’affaire devant les juridictions du pays. «Le décès de cette jeune dame, emportée dans un tourbillon médiatique aux colorations politiques, vient conforter la grande propension des hommes politiques à livrer leurs batailles sur les macchabées. Cette fois, le Mrc est vent debout contre ceux qui ont « assassiné » Mirabelle. Les tirs groupés visent le PCRN de Cabral Libii. Du fait que la défunte avait des amitiés avec certains membres de ce parti, aucune hypothèse liée à sa mort n’est épargnée et mis au compte de cette famille politique. Le fait qu’elle ait été abusée sexuellement avant sa mort, vient cristalliser davantage cette affaire, impliquant la justice à dire le droit dans une affaire que la politique affectionne. Le leader du MRC a de ce fait appelé à faire toute la lumière sur la mort suspecte de Mirabelle. Une interpellation qui pourrait refroidir les ardeurs dans la manifestation de la vérité au nom de la politique ? La défunte a été happée, comme on le lit sur la toile, venant de diverses sources, comme un tremplin politique», écrit Le Messager.


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