Le chef de l’État camerounais, Paul Biya, a quitté le pays dimanche en fin de matinée «pour un court séjour privé en Europe», selon la formule consacrée par le cabinet civil, renouant ainsi avec les déplacements vers l’extérieur après neuf mois de résidence continue au pays. Il s’agit d’un record, pour un dirigeant qui, avec son épouse, Chantal mais aussi une forte délégation d’accompagnateurs, effectue ce genre de déplacements au moins quatre fois l’an. C’est depuis le 15 septembre 2018, en effet, que le président Biya était revenu d’un sommet sur la coopération sino-africaine à Beijing, prolongé par une escale à Genève, en Suisse, pour une absence totale de 19 jours. Par trois fois, au moins, des plans de vol présidentiels vers l’extérieur se sont retrouvés sur les réseaux sociaux avec force détails sur le nombre d’éléments de sa sécurité, les armes en leur possession, leurs dates et lieux de naissance, leurs numéros de passeports, leurs types et numéros d’armes ainsi que le nombre de munitions de chacun, amenant le cabinet civil et le protocole d’État à annuler ces déplacements. Selon des sources proches du dossier, plusieurs responsables du palais présidentiel ont été auditionnés sur ces fuites d’informations, en même temps que des interpellations auraient été effectuées, y compris de diplomates en poste à l’étranger. Cette fébrilité, autour des voyages du couple présidentiel camerounais, intervient au moment où plusieurs membres, très remuants membres du Collectif des organisations démocratiques et patriotiques de la diaspora camerounaise (Code), mais aussi des sécessionnistes anglophones, émettent régulièrement la menace de perturber la quiétude de Paul et Chantal Biya à Bruxelles, en Belgique ou encore à Genève, leurs lieux de résidence favoris eu Europe. En février 2018, rappelle-t-on, un rapport de Organize Crime and Corruption Reporting (Occrp), dans le cadre du Global Anti-Corruption Consortium, indiquait que le président camerounais, en 35 ans de règne, avait dépensé l’équivalent de 90 milliards FCFA pour ses séjours à l’étranger, pour une durée cumulée de quatre ans et demi de «courts séjours privés» hors du Cameroun, principalement à Genève. La même enquête précisait que le Trésor camerounais débloquait, quotidiennement pour les mêmes raisons, environ 20 millions FCFA uniquement en frais d’hôtel du chef de l’État et de sa délégation, hormis les repas et autres extras.
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