En dépit des dispositions de la loi électoral, Elecam a validé une liste ne contenant que des chefs dit de 3ème degré. Les listes des différents candidats aux prochaines élections régionales du 6 décembre prochain ont été rendues publique ce vendredi 2 octobre 2020 à Yaoundé par la présidence du conseil électoral d’Elecam. Dans la région du Nord, ce sont au total douze listes qui seront en compétition. Il s’agit de huit listes pour ce qui est des délégués départementaux, à savoir trois listes en compétition dans la Bénoué (Fsnc, Undp et Rdpc), même scénario dans le Mayo-Louti où on retrouve les mêmes acteurs et une seule liste (Rdpc) en compétition dans les départements du Mayo-Rey et du Faro. Pour ce qui est du collège des chefs traditionnels, chacun des départements aura une liste en compétition. Dans la Bénoué, on note la présence du lamido de Garoua, Alim Garga Hayatou, par ailleurs secrétaire d’Etat à la Santé publique dans l’actuel gouvernement. Si de manière générale, les listes de la région n’ont connu aucun problème au niveau de la validation par Eiecam, il reste que la région du Nord présente l’une des grosses curiosités de ce scrutin avec la liste des chefs traditionnels du Mayo-Rey. A la simple lecture de la résolution du Conseil électoral portant validation des listes présentées par les chefs traditionnels dans le pays, on observe que le Nord est la seule région qui présente une liste des chefs conduite par un chef traditionnel de 3ème degré. Au même moment ; au cours de la réunion d’examen des dossiers déposés, le même conseil, en application la loi 2029/005 du 25 avril 2019 modifiant et complétant certaines dispositions de la loi N° 2012/001 du 19 avril 2012 portant code électoral, a rejeté les listes conduites par Daouda dans le département du Mbéré dans l’Adamaoua et par Raphael Ayongo dans la Ménoua à l’Ouest au motif que ces listes étaient conduites par des chefs traditionnels de 3ème degré. En effet, selon ce texte, en son article 250, alinéa 2, «les listes des candidats représentants le commandement traditionnel sont conduites par un candidat ayant la qualité de chef traditionnel de 1er ou de 2ème degré.» Dans l’alinéa 3 du même article, il est stipulé que «lorsqu’il n’existe qu’un seul siège à pourvoir dans une zone électorale résultant du découpage ou du regroupement spécial, le candidat représentant le département est investi par un parti politique et le candidat représentant le commandement traditionnel doit avoir la qualité de chef traditionnel de 1er ou de 2e degré. Toutefois, en l’absence d’un chef traditionnel de 1er et de 2e degré, la candidature d’un chef de 3eme degré est admise.» Ainsi dans la liste des chefs traditionnels du Mayo-Rey, on retrouve cinq candidats dont Yaouba Baba Haman Salihou, connu pour être un Dogari de la cour du lamido de Rey-Bouba et qui sera tête de liste. Il sera accompagné de Douna Pascal, chef de 3ème degré à Tcholtiré, Bakary Hamaoua, chef de 3ème degré à Touboro, Djegoulale Alphonse, chef de 3ème degré à Madingring et Ibrahîma Bakary connu également pour être un dogari de la cour du lamido de Rey-Bouba. «Depuis plusieurs années nous dénonçons le fait que dans le Mayo-Rey, l’Etat est complice de l’étouffement des populations par le lamido de Rey-Bouba. La publication des listes par Elecam vient à nouveau apporter une preuve supplémentaire s’il en était encore besoin. Voici un département où des chefferies ont été créée depuis plus de 35 an dans les localités comme Touboro, Gamba et autres et dont le lamido avec la complicité de l’Etat à travers les préfets et même le Minât et la Présidence, empêche la mise en pratique du décret d’application de ces chefferies. Je dois vous signaler qu’officiellement dans ses documents, le Minât ne reconnaissait que le lamidat de Rey-Bouba comme unique chefferie traditionnelle dans le département, or cette chefferie ne couvre que l’arrondissement de Rey-Bouba. A l’approche des régionales, on a demandé aux sous-préfets de créer quelques chefferies car la situation allait être compliquée, les pauvres ont reçu des instructions du lamido et ont fabriqué à la hâte des marionnettes. Bilan des courses, personnes ne peut donner aujourd’hui avec exactitude le fichier des chefs traditionnels du Mavo Rey : de plus pour les régionales, on est allé chercher des dogaris du lamidat de Rey-Bouba pour présenter à la place des chefs de 2e ou de 1er degré, mieux aucun des chefs traditionnels du Mayo-Rey fabriqués jusqu’ici ne bénéficie de la prise en charge de l’administration comme les autres chefs partout ailleurs. On a vu le même scénario lorsqu’il fallait désigner les responsables des tribunaux coutumiers, pendant qu’ailleurs on désignait des chefs de 1er et de 2e degré, dans le Mayo-Rey le lamido a fait installer ses dogaris dans les arrondissements. En fait, pour dire plus simplement, il y a l’Etat du Cameroun et il y a un « Etat » du Mayo-Rey qui est au-dessus de celui-là et à qui les responsables du Cameroun doivent faire allégeance», explique Olivier Nganhoul, élite du Mayo-Rey. UNDP Réuni en conclave le 18 septembre dernier à l’effet de désigner les candidats de l’Undp dans le Mayo-Rey aux élections régionales, les militants de la Fédération des sections Undp du Mayo-Rey avaient fini par prendre la résolution de ne pas participer à ce scrutin. En cause, Célestin Yandal, président de la fédération départementale et ses camarades entendaient par cet acte, dénoncer les multiples violations que subissent les populations dans cette localité. Au terme des discussion, à la place de la liste Undp pour le département du Mayo-Rey, les militants vont produire une déclaration. «Considérant les multiples frustrations et injustices que nous subissons dans le département du Mayo-Rey, considérant le manque d’intérêt porté par les pouvoirs publics sur nos us et coutumes dans ce département, considérant le mépris et le non-respect de l’arrêté du 4 juillet 2007 qui limite le territoire de commandement de la chefferie de Rey-Bouba au seul arrondissement de Rey-Bouba, considérant l’opacité délibérément entretenu par la chefferie de Rey-Bouba et sa main mise sur la désignation et la gestion des chefs traditionnels avec a complicité des autorités administratives, considérant nos multiples dénonciation à ce sujet restés sans aucune moindre réaction des pouvoirs publics, considérant l’importance des élections régionales dans le parachèvement du processus de mise en place de la décentralisation et du développement local sans la prise en compte des revendications légitimes des populations du département, décidons à l’unanimité de ne pas prendre part à ces élections du 6 décembre 2020. Cette décision mûrement et sagement réfléchis est une manière pour nous de ne pas cautionner l’arbitraire et l’injustice que nous décrions des lustres». Au lendemain de la publication des listes par Elecam, .Célestin Yandal est immédiatement monté au créneau pour dénoncer ce qu’il considère comme une nouvelle preuve de la complicité de l’Etat avec le lamidat de Rey-Bouba pour dit-il, bafouer les droits des populations autochtones du département.
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