Kamto-ambazonie : l'incident de toronto fragilise davantage le mrc

Déjà miné par les dissensions internes nées de la décision de Maurice Kamto de ne pas prendre part aux élections du 09 février, cet autre refus du leader du MRC de rencontrer des « ambazoniens » présents au rassemblement de Toronto pourrait faire fuir -tous ses soutiens anglophones. Maurice Kamto était de passage dans la région de Toronto dans le cadre d’une tournée internationale, qui a pour but de « mobiliser la diaspora camerounaise ». Comme quelques jours plus tôt à Paris, place de la république, des membres de la diaspora camerounaise au Canada sont venus assister à un rassemblement au Banquet Symphony Hall de Mississauga, près de Toronto. Invitées au rassemblement à condition de ne pas porter les emblèmes séparatistes, des personnes arborant les couleurs des indépendantistes anglophones de « la république d’Ambazonie » auraient refusé de participer à l’événement sans leurs bannières. Mais d’après d’autres sources, des indépendantistes anglophones de la « république d’Ambazonie » étaient effectivement présents dans la salle. Sans les emblèmes séparatistes. « Le prof a dit hors de question » « C’est au moment de rencontrer Maurice Kamto qu’ils sont d’abord allés porter leurs emblèmes », relèvent sur Facebook. Casta Formen, une militante du Mrc qui a pris part au rassemblement de Toronto. D’après cette dernière, c’est cette attitude qui aurait poussé Maurice Kamto à opposer une fin de non-recevoir à leur demande d’audience. Ainsi, faisant suite à un post de Mimi Mefo, ex d’Equinoxe TV dont la proximité avec le mouvement sécessionniste est notoirement connue, post dans lequel Mimi Mefo dénonce l’attitude « méprisante » de Kamto, Casta Formen, la militante du Mrc citée plus haut prend la défense de son président dont elle estime qu’on lui aurait « tendu un piège » : « C’est drôle de voir les gens déformer autant les faits sur la base de l’article de Mimi (Mimi Mefo, Ndlr). Ils [les sécessionnistes] étaient tous dans la salle et j’y étais aussi. Au moment de rencontrer le Prof Kamto, ils partent porter tous leurs accessoires ambo-zoniens : drapeau, etc. Et là le prof a dit hors de question. Désolée de voir que l’article de Mimi Mefo ne donne pas toute l’histoire. Ils étaient là dès le matin en tant qu’anglophones, quand le prof est entré ils étaient dans la salle, pourquoi aller se changer ensuite si le but n’est pas de piéger Kamto ? Un Kamto qui vous répète matin, midi et soir qu’il ne sera jamais pour la division de son pays… Je trouve égoïste que des gens veulent profiter d’une situation comme celle-là alors qu’ils connaissent très bien la position du prof sur la division du pays. Ça m’avait tout l’air d’un piège et je trouve égoïste qu’ils [les ambazoniens) ne pensent qu’à leurs intérêts, sachant qu’une rencontre dans ces conditions-là avec le prof allait avoir des retombées très négatives », écrit-elle sur Facebook. Toutes les résolutions de la communauté internationale demandent de discuter avec les Ambazoniens Outre Mimi Mefo et bien d’autres pros Ambazonie, l’autre qui n’a pas du tout aimé l’attitude « surprenante » de Kamto vis-à-vis des Ambazoniens de Toronto c’est Patrice Nganang. Le « full professor » s’est fendu de quelques pépites sur sa page Facebook. Florilège : « Que Maurice Kamto fasse ses bagages et rentre vite participer à l’élection ! Il fait quoi ici dehors merde ! ». « Les camerounais m’aiment. Et tu fuis les anglophones. Pathétique ! ». « Le problème est très simple. Que Maurice Kamto ne comprenne pas que rencontrer les Ambazoniens, ou alors les ‘sécessionnistes’ comme il les appelle, est la condition de possibilité, je dis bien, la condition de possibilité de sa carrière politique après Biya, est la chose la plus surprenante de tous les discours qu’il tient depuis Paris ». « Merde, Maurice Kamto fait campagne pour le boycott mais chasse spécifiquement les Anglophones qui meurent pour le boycott ! ». « Toutes les résolutions de la communauté internationale – ONU, USA, etc. – demandent.de discuter avec les Ambazoniens, ils payent leur transport et viennent eux-mêmes au meeting de Kamto et. Kamto les chasse? Merde, il fait quoi ici dehors alors ». Le leader du MRC a instrumentalisé la crise des régions anglophones Si la position de Maurice Kamto sur la sécession du Cameroun est restée constante quant à son indivisibilité, il est aussi vrai que le leader du MRC a instrumentalisé la crise des régions anglophones à des fins politiques, une instrumentalisation qui sert d’ailleurs mieux son combat et le rend audible et crédible auprès d’une certaine communauté internationale. En tout cas, le fond politique de cette crise le vend mieux que le fameux hold-up électoral ou encore le boycott des élections. Ainsi, faire cet affront aux sécessionnistes, sans même y mettre de la manière, va certainement lui coûter cher. A moins qu’il fasse amende honorable pour rattraper les dégâts, les prochaines sorties des leaders des mouvements sécessionnistes feront beaucoup de torts à son image et à son combat. N’allez surtout pas croire que le discours laconique sur le sujet lors du rassemblement de Washington (les ambazoniens sont mes frères, nos frères camerounais. Je les comprends. Je suis prêt à les recevoir à tout moment sans leurs effigies ou drapeaux. Je suis contre la sécession, pour le fédéralisme) y changera quelque chose.


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