Les populations sont très impliquées et n’hésitent pas à manifester leur colère à chaque fois en brandissant des pancartes de protestation. Les mandataires du parti ont eu chaud dans certaines localités. L’élection municipale du 9 février 2020 joue ses houleuses prolongations sur le terrain. Depuis quelques jours, les mandataires du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) sillonnent les quatre coins du pays pour superviser l’élection des Maires et des exécutifs municipaux avec comme ligne à suivre, la circulaire du parti. Une mission parsemée d’embuches car sur le terrain, ces émissaires du parti des flambeaux font face à une fronde ouverte des populations. Elles font savoir à qui veut l’entendre, qu’elles ont aussi leur mot à dire pour ce qui est du choix du futur homme fort de la commune. Sauf qu’elles ne font pas parties du corps électoral. Leur différente action visent à influer le choix des conseillers. « En fait, les populations ont déjà joué leur rôle en choisissant leur liste le 9 février 2020. Il revient maintenant aux conseillers municipaux de choisir le futur maire », confie un membre du Rdpc. Des élections sous fond de tension C’est une posture, qui n’est pas du goût des populations au niveau de la base. La grogne du lundi 24 février à Obala, dans la région du Centre, en est une preuve patente. Elles n’ont pas caché leur hostilité envers le Maire sortant qui, ne représente pas leur aspiration profonde. Des pancartes brandies à la place des fêtes de la ville, renseignaient à suffire sur leur desideratas. On pouvait lire entre autres : « La population dit non Ediba » ; « Les Bayam-Sellam refusent Ediba » ou encore « Ediba dehors ». Une colère manifeste, qui a tenu la ville en haleine pendant des heures. Cette pression populaire n’a pas réussi à ébranler les conseillers municipaux. Ils ont accordé leur violon pour un autre mandat de 5 ans, de Simon Pierre Ediba à la tête de la commune d’Obala. Même si la tension est loin d’être retombée, les remous n’ont pas disparus tout comme à Makénéné, une commune située dans le département du Mbam-et-Inoubou. Dans cette partie du pays, les protestations ont failli dégénérer en conflit intercommunautaire. Les populations en colères, ont bloqué la nationale n°4 créant au passage une longue file d’embouteillage. Elles revendiquaient ainsi à leur manière, le siège de maire titulaire. C’est à une heure tardive, que les barricades ont été enlevées : « Les jeunes sont fâchés parce que notre tête de liste voulait être maire. Il a même gagné mais, il y a eu des complots pour qu’il perde. Les Bamilékés ont déjà fait 5 mandats. Un Nyokon veut aussi être maire », souligne à grand trait le chef Salomon Yah. Pour ce chef de village Nyokon 2, les consignes du parti n’ont pas été respectées : « Le comité central a investi le candidat Nyokon. Les deux autres candidats ont été écartés pour mauvaise gestion et maladie. Ils étaient d’accord mais ensuite, ils sont allés manigancer avec le préfet pour reprendre les élections ». Cette localité vit sous une tension permanente. Pour sortir de cette situation délétère, la solution reste politique. « La seule solution est de nous donner la tête de la mairie. Ce n’est pas négociable », laisse entendre un jeune. Le Maire contesté de Makénéné, Njatou Ngadep Brolin, a du pain sur la planche. Pour se faire accepter après ces éclats de voix, le magistrat municipal est engagé sur le chemin de la réconciliation : « Mon premier challenge est d’aller vers mes frères conseillers municipaux qui ont claqué la porte. Tout ce qui m’anime c’est de ramener la paix dans la commune de Makénéné ; c’est fédérer toutes les énergies, toutes les couches sociologiques pour que Makénéné retrouve le chemin du développement. J’irai tendre la main à mes frères ». Même à Yaoundé 4, les heurts ont été perceptibles. In fine, Gabriel Effila est sorti vainqueur. Accusé levez-vous A Mbouda dans le département des Bamboutos, c’était tout aussi houleux. La session de plein droit prévue pour le lundi 24 février, a finalement eu lieu le mardi 25 après de vives tensions enregistrées la veille. Encensé par une partie de la population pour son bilan jugé élogieux, le maire sortant, Roger Ngoulla, a été mis en minorité par les conseillers au profit de Wadji. Dans une vidéo devenue virale, le maire déchu parle de complot et affirme en mondovision que l’argent a circulé : « Il y a une vidéo qui circule dans laquelle il est dit de manière claire que le ministre a décidé que le Maire Ngoulla ne fait plus partie de son schéma. Pourquoi un ministre de la république peut se permettre d’appeler les conseillers municipaux et de leur permettre de voter pour un candidat bien précis ». Un climat qui divise des militants. Pour Zoteye Tchoffo, l’un des cadres du parti dans les Bamboutos : « Le Comité central a pris des dispositions et a choisi des mandataires pour chaque commune. C’est le parti qui investit les candidats au poste de conseillers ; c’est le parti qui devrait encore investir les candidats au poste de l’exécutif. Pour éviter des discussions, on travaille en interne. On essaie de trouver des consensus. Ce qui n’est pas aussi facile ». Et d’ajouter : « L’élection de l’exécutif est entre les mains des conseillers. Il revient aux 41 conseillers d’élire l’exécutif. Mais quand un candidat s’engage à motiver les populations pour venir faire des revendications, cela me semble un peu maladroit. C’est légitime {…} mais cela a des risques ». A Monatélé où on a le Rdpc, le Pal et le Fdc, l’élection des adjoints au maire n’a pas pu se tenir pour non application d’une disposition du code général sur les collectivités décentralisées, souligne Denis Emilien Atangana. Pour certains observateurs, ces tensions observées çà et là, pourraient laisser des séquelles dans la durée au sein du parti au pouvoir.
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