L’homme qui se présente comme camarade politique du ministre délégué à la justice est poursuivi ainsi que son compagnon pour escroquerie par les responsables d’une autre formation politique en quête d’implantation dans la partie septentrionale du Cameroun. M. Sali Moussa, en détention à la prison centrale de Yaoundé-Kondengui et Aliou Jean Calvin Siama, poursuivis pour escroquerie, ruminent une rancœur contre le Révérend pasteur jean Calvin Baraka, président du parti politique dénommé «Peuple Intègre Pour le Changement (PIC)». On pouvait le lire sur les visages de ces derniers lors de l’audience du 22 juillet 2020. Le premier se présente comme le coordonnateur départemental des Patriotes démocrates pour le Développement du Cameroun (Paddec), la formation politique de Me Jean de Dieu Momo, par ailleurs, ministre délégué de la Justice. Le second se dit étudiant de droit à l’Université.de Yaoundé II à Soa. Les deux compagnons répondent des faits d’escroquerie devant le Tribunal de première instance de Yaoundé centre administratif. Jean Calvin Baraka accuse les deux acolytes nommés respectivement Trésorier national et Secrétaire général adjoint de son parti, d’avoir détourné la somme de 1,5 million de francs destinée à la vulgarisation et l’implantation du PIC dans les régions septentrionales du Cameroun. Les mis en cause, qui contestent cette version des faits, affirment avoir rempli leur mission qui n’est pas allée jusqu’au bout à cause de l’insuffisance manifeste des moyens financiers mis à leur disposition et l’indisponibilité du plaignant. A l’audience du 22 juillet, le président du PIC a soutenu l’accusation au cours d’un témoignage qui n’a pas convaincu totalement le représentant du parquet. Il a expliqué avoir fait la connaissance de M. Sali Moussa dans le cadre d’une coalition des partis de l’opposition autour de l’Union pour la Fraternité et la Prospérité (PFP) de M. Bilé Olivier. Lorsqu’il reprend le contrôle de son parti, il a contacté Sali Moussa par voie de WhatsApp en lui faisant part de son projet d’implanter le PIC dans le Grand Nord. Au cours d’une rencontre, les mis en cause le rassurent de leur cote de popularité dans cette zone. Il va donc leur confier les postes de responsabilités et un cahier de charge. Il s’agissait de sensibiliser les populations, recruter les militants à travers l’organisation des réunions populaires dans le but d’implanter le parti dans le septentrion. Un budget a été arrêté à cet effet. La somme de 400 mille francs a été remise en mains propres à M. Sali Moussa qui assurait déjà le poste de Trésorier national du PIC. D’autres montants d’une valeur d’1,1 million de francs lui seront envoyés via des transferts Mobile Monney. Escroquerie non constituée D’après Jean Calvin Baraka, les mis en cause ne lui avaient pas dit qu’ils appartenaient au Paddec de Jean de Dieu Momo et ne lui ont pas expédié les justificatifs des dépenses effectuées au cours de leurs différentes activités ainsi les rapports dont M. Saliou Siama, le Secrétaire général adjoint était chargé. «Dès fors, le doute s’est installé dans mon esprit. Et c’est lorsqu’un journal publie la liste des candidats aux dernières législatives et municipales avec les mêmes noms figurant dans les listes du PIC et du Paddec que je me rends compte que j’étais victime d’une arnaque», a déclaré le plaignant. Il indique, par ailleurs, que fors du déclenchement de la procédure, M. Saliou Siama a restitué la somme de 750 mille francs. Pendant son témoignage, M. Sali Moussa a dit avoir rempli sa mission en faisant une sensibilisation de proximité, en fabriquant des prospectus et autres gadgets du parti. Il a ajouté que les demandes d’organisation des manifestations publiques se sont heurtées au refus des autorités administratives qui estimaient que le PIC n’avait pas d’existence légale et évoquaient le contexte d’insécurité imposé par la secte terroriste Boko Haram. Il a relevé que les fonds mis à leur disposition étaient insuffisants limitant ainsi leurs actions sur le terrain. En outre, le mis en cause a déclaré que, pendant leur séjour au septentrion, il était difficile d’échanger avec le président du PIC qui se disait pris par d’autres occupations. Il s’est présenté comme un entrepreneur politique qui a une large base qu’il peut attribuer à un «ami politique» qui en a besoin. Il a affirmé n’avoir jamais démissionné du Padecc. «Le fait pour le plaignant de m’envoyer en prison me gêne, mais cela constitue pour moi une école qui me rapproche à l’expérience de Nelson Mandela », a confié M. Sali Moussa. M. Saliou Siama a corroboré les déclarations en indiquant qu’il n’était chargé de la gestion des fonds litigieux. Il a déclaré avoir restitué une partie de ces fonds parce qu’il voulait se tirer d’affaires. Dans ses réquisitions, le représentant du parquet a estimé qu’il n’y a lieu de parler d’escroquerie dans cette affaire. Au cours des débats, dit-il on s’est rendu compte que c’est Jean Calvin Baraka qui s’est rapproché de Sali Moussa et pas le contraire. Pour .lui, les mis en cause n’ont utilisé aucune manœuvre pour extorquer de l’argent au plaignant. De plus, le voyage pour le septentrion, l’hébergement, l’entretien des foules ont un coût. Peut-on dire que ces deux personnes se sont rapprochées du plaignant pour lui prendre des fonds qu’ils ont utilisé à des fins personnelles ? C’est la question que le Tribunal doit examiner, a conclu le magistrat du parquet. L’avocat de Baraka, pour sa part, a déclaré que si les incriminés n’ont pas déterminé son client à leur donner de l’argent, comme l’affirme le parquet, il y a tout même eu abus de confiance. Le problème, d’après lui, est que Sali Moussa et Saliou Siama n’ont pas justifié l’argent qu’ils ont perçu. «On peut se poser la question de savoir pour quel compte ces derniers rassemblaient-ils les populations ? Est-ce pour le Padecc, le PIC ou le SDF», s’est-il demandé? L’avocat a demandé les dommages et intérêts évalués à 3,2 millions de francs. La décision du tribunal est attendue le 12 août 2020.
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