Incendie à yaoundé : les preuves d'un détournement de 3 milliards en fumée

Le feu a détruit le serveur central, où se trouveraient des documents accablants contre des détourneurs de l’intérieur. Un incendie s’est déclaré vendredi, vers 22h20, à la Trésorerie générale de Yaoundé. Les flammes, finalement maîtrisées au bout de plusieurs heures par les sapeurs-pompiers, ont dévasté l’aile arrière abritant les services de contrôle et du traitement informatique des comptabilités de la circonspection financière régionale. En d’autres termes, c’est le serveur centr’al, zone sensible où sont stockés les états financiers, qui a été sérieusement endommagé. On rappelle au passage que ce service des finances publiques est étroitement gardé par l’armée à toute heure du jour ou de la nuit, et qu’il est situé à 5 minutes des sapeurs-pompiers de Mokolo et du collège la Retraite. Rendu sur Tes lieux dès le lendemain matin le ministre des Finances (Minfi), Louis Paul Motaze, évoque «la destruction d’un certain nombre de matériels et documents physiques». S’il rassure quant à la continuité du service dès ce lundi, tout en annonçant – ça va de soi – l’ouverture d’une enquête par les services compétents en vue de déterminer les causes exactes du sinistre, les langues, elles, n’ont pas attendu les conclusions pour se délier. D’aucuns évoquent un incendie ciblé, dans un service qui charrie en effet toutes sortes de sarcasmes. Lors de la prise, de service du trésorier payeur (TPG) entrant, Emmanuel Ehowe Moussima, nommé par arrêté du Minfi du 9 mars 2020, il avait ainsi été, apprend-on de sources introduites, constaté un trou de 3 milliards de francs dans les caisses. Le caissier principal, acculé, avait reconnu avoir trempé à hauteur de 1 milliard, les 2 autres milliards étant imputés au TPG sortant, Francis Lin Mathieu Essono, appelé à faire valoir ses droits à la retraite, puis devenu député du Mfoundi au terme des élections du 9 février 2020. Quatre mois sont passés depuis lors, sans que soient déposée une plainte du directeur général du Trésor (DGT), encore moins du Minfi. Tout au plus, a-t-il été demandé à Emmanuel Ehowe Moussima de saisir la justice. Une sorte de fuité en avant, l’infortuné n’ayant été associé ni de près ni de loin aux présumés tripatouillages de son prédécesseur. Au plus fort dudit scandale, assurent des sources proches du dossier, ce sont encore des interventions haut placées qui avaient permis la libération du caissier principal, qui se trouvait entre les mains de la gendarmerie. Quant à Francis Lin Mathieu Essono, désormais couvert par l’immunité parlementaire, c’est une longue procédure qu’il faudrait engager afin qu’il réponde de ses,actes devant la justice de son pays. Le même avait déjà, en fin mars 2018, été traduit devant le Tribunal criminel spécial (TCS), dans le cadre d’une affaire de disparition de vignettes automobiles et des timbres fiscaux à la délégation régionale des Transports du Centre et à la Trésorerie générale de Yaoundé. Ce jour-là, le désormais «honorable» avait pointé un doigt accusateur sur dame Maguip Miaffo épse Effoudou. Laquelle, dit-on, a pris la poudre d’escampette après une audition lors de l’enquête préliminaire. Elle’ est, depuis le 2 août 2017, sous le coup d’un mandat d’arrêt. Avec l’incendie de la nuit de vendredi à samedi, ce sont sans doute des éléments de preu-vos de la disparition des 3 milliards de francs des caisses publiques qui sont parties en fumée. Quant aux résultats des investigations annoncées par le Minfi, les citoyens, échaudés par des antécédents ayant fini en eau de boudin, n’y comptent pas trop.


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