Les avocats de ces prisonniers sont en grève depuis novembre 2021. La promesse du ministère public de désigner des avocats pour les détenus a été rejetée. Plus de 100 détenus anglophones détenus à la prison centrale de Yaoundé sont privés de jugement devant le tribunal militaire de Yaoundé depuis plus de cinq mois. Ce sont eux qui ont décidé de refuser les avocats mandatés par le parquet pour assurer leur défense. « L’État ne peut pas nous poursuivre et décide de nommer des avocats pour nous défendre. Il s’agit d’une violation grave du droit à un procès équitable. La désignation d’un avocat pour les détenus qui en ont besoin devrait se faire dans la salle d’audience devant le président du tribunal », confirme un détenu anglophone. Le 12 avril 2022, des officiers du tribunal militaire de Yaoundé se sont rendus auprès des détenus anglophones pour leur proposer de désigner des avocats pour assurer leur défense. Cette promesse du parquet a été rejetée par les détenus : « Nous ne faisons pas confiance aux avocats que nous ne connaissons pas. Le procureur est contre nous dans le cadre de la procédure judiciaire et il est inadmissible que la personne que vous accusez vienne en même temps que la personne que vous êtes censé défendre. C’est une grave violation du droit à une procédure régulière », a ajouté un détenu. Depuis novembre 2021, plus de 100 détenus anglophones se sont vu refuser un siège au tribunal militaire de Yaoundé. Cette situation se justifie par le fait que les Collectifs d’avocats chargés de défendre les mouvements séparatistes présumés ont décidé de baisser leurs rideaux pour exposer les poursuites judiciaires dans lesquelles leurs clients, dont certains risquent la peine de mort, doivent se poursuivre. Nicodemus Amungwa, le chargé de communication du collectif d’avocats chargé de la défense d’Ayuk Tabe, le président de l’Etat fictif d’Ambazonia, explique : « Les procès des prisonniers anglophones devant le tribunal militaire sont entachés de plusieurs affaires d’atteintes aux droits humains violations. les audiences sont les seules preuves. Les témoins à charge ne sont jamais à la barre. De plus, nos clients sont également confrontés à la torture en détention provisoire. Trois de nos clients ont déjà été expulsés depuis quatre mois de la prison centrale vers le Secrétariat d’État à la Défense, où ils sont toujours détenus ». Les avocats ont décidé de baisser la robe pour dénoncer les lenteurs judiciaires et tout traitement inhumain de leurs clients en détention provisoire. « Les détenus ne sont pas jugés dans un délai raisonnable et le procès ne respecte aucune règle d’équité », explique un avocat. Certains de ces détenus sont en prison depuis 2016 et attendent toujours leur procès. Ils s’attendaient à ce que les responsables du tribunal militaire trouvent d’abord des solutions aux griefs formulés par le collectif d’avocats qui ont décidé de se retirer, plutôt que de former les avocats en qui ils n’ont pas confiance.
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