Un an après les tueries que cette localité dans le Nord-ouest a enregistrées, La Nouvelle Expression a effectué une descente risquée dans un village déserté parses populations, à l’image de plusieurs localités des régions anglophones du Cameroun. Cela fait un an qu’a eu lieu le meurtre de 22 civils à Ngarbuh, dont 13 enfants et une femme enceinte dans le Nord-Ouest anglophone du Cameroun. Ces meurtres commis le 14 février 2020 ont été parmi les pires incidents imputables aux forceé de sécurité camerounaises depuis le début, fin 2016, de la crise qui sévit dans les régions anglophones du pays. Un an après, le procès de cette tuerie vient d’être ouvert. Cette localité s’est vidée de ses habitants, apeurés par un conflit entre éleveurs et agriculteurs qui ne trouve toujours pas de solutions. Conséquence, le village et bien des localités voisines sont désertées par leurs populations dont les champs et – autres plantations sont abandonnées. Les seuls éléments «touristiques» qui frappent les rares visiteurs sont les restes de maisons incendiées et les tombes construites par l’Etat, en mémoire des victimes. Suh, nom d’emprunt, membre d’une des familles victimes, s’est rendu sur Ngarbuh pour se recueillir sur une des tombes. «// se souvient encore de cette triste journée comme si c’était hier. Il était environ 4h30 heures du matin lorsque j’ai entendu des tirs. J’ai juste eu le temps de m’enfuir vers la forêt, abandonnant tout, même jusqu’à ce jour mon frère qui s’est enfui reste introuvable», raconte ce jeune homme, la quarantaine révolue. Ce jour-là, nous avons rencontré sur place quelques jeunes garçons, dont l’âge est compris entre 7 et 11 ans, accompagnés de leur frère aîné. Ils se sont rendus à Ngarbuh, disent-ils, pour saluer la mémoire de leurs amis décédés. « Moi, je connaissais les 9 qui sont enterrés ici. C’était la famille de Chifu Biaise, ça fait mal de se rappeler ce triste jour « , raconte sous anonymat le frère aîné des jeunes venus ce jour-là. Du Haut de cette colline, on peut apercevoir au fond, le ravin, des plantations abandonnées, des restes de maisons incendiées, des sépultures. Du sommet de cette falaise, il a fallu encore 40 minutes de marche à pied pour toucher le sol des lieux de l’incident. Des maisons abandonnées à la hâte. Dans ces maisons, des plats et autres marmites au sol, quelques vêtements étalés au sol où sur les lits en bambou. Devant trois de ces habitations partiellement ou complètement consumées par les flammes, des sépultures construites par le gouvernement et où sont écrits en gras: « In Memory of The victims of NGARBUH incident 14th February 2020 », en français : En mémoire des victimes de l’incident de Ngarbuh 14 février 2020. L’Ecole du lieu est abandonné dans la broussaille. Voilà tout ce qu’il reste dans ce village. Ngarbuh aujourd’hui est une localité désertée par ses habitants, apeurés par la présence des forces de défense qui y ont installé des camps. La plupart vit dans les villages voisins. La mort de ces 23 personnes à aussi aggravé dans la localité une tension tribale entre les éleveurs peuls et les agriculteurs autochtones. Certains Peuls, soupçonnés d’être de mèche avec le gouvernement, ont été pris à partie par les séparatistes. En réaction, beaucoup d’éleveurs se sont rapprochés des militaires. Une tension perceptible car, les quelques éieveurs de bétail rencontrés sont armés de flèches, de coutelas, de manchettes bien aiguisées comme s’ils savent le danger qui les guette. Dans le village de Tubaw où il s’est réfugié, Ngwakongo, un autre habitant qui requiert l’anonymat, a un seul souhait retourner vivre à Ngarbuh. «On n’a pas de quoi manger, on ne cultive pas, on a abandonné nos champ, dites-moi avec tout ça comment vivre», ‘interroge-t-il? Pour faciliter le retour des populations sur Ngarbuh, le gouvernement a récemment remis 5 millions de francs CFA aux victimes pour la reconstruction de chaque maison incendiée. Les récoltes et le bétail détruit ont aussi été dédommagés. En plus, les ayants droits des familles tuées ont également reçu de l’argent du gouvernement. Au total, un peu plus de 80 millions de francs CFA dépensés. Adolphe Lele L’Afrique, le Gouverneur de la région du Nord-ouest, après une descente sur le terrain le 3 février dernier, rassure toutefois des dispositions mises sur pied par l’Etat. «Nous sommes venus sur haute instruction de l’Etat, non seulement pour remettre son assistance et celle de la première dame aux victimes, mais aussi tes enveloppes pour les maisons, les plantes détruites et le bétail détruit. Sur le plan sécuritaire, les mesures seront renforcées, je puis vous dire qu’en dehors de la crise qui s’est transformée en font de commerce, existe le conflit foncier, patrimoniaux, et j’ai instruit le préfet à regarder de près ces conflits, de faire tout pour que les populations soient en sécurité», avait expliqué le gouverneur. Ngarbuh n’est pourtant pas la seule localité des régions anglophones où l’insécurité a chassé les populations. Une élite du département du Lebialem où les terroristes ont{ assassiné des chefs traditionnels il y a quelques jours, vivent dans la ville de Dschang depuis plusieurs années. «Les chefs traditionnels qui ont été assassinés avaient d’abord fui leur village. Ils sont revenus à l’appel des autorités administratives qui les ont rassurés. Leur sort ne va pas encourager les autres», relève une élite du Lebialem qui s’est réfugié à Dschang depuis le début des violences à Fosson eleleng en frontière avec Fongo Tongo dans la Menoua. A Mbengwi, Matazem, Babadjou dans le Nord-ouest, à Mautu dans le Sud-ouest où des atrocités ont été commises entrainant plusieurs dizaines de morts, ces derniers mois, l’exode des populations n’est pas massif. Mais tous les jours, ceux qui fui leurs localités pour cause d’insécurité sont de plus en plus nombreux. Pour preuve, l’avalanche des déplacés anglophones ne cesse de croître dans les zones francophones. «Une illustration que ceux qui partent ne sont pas en train de rentrer», soutient un ressortissant de Batibo, revenu en catastrophe à Bonaberi, après avoir tenté un retour au village
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