Grande panique dans le sud-ouest, la terreur cohabite avec les habitants

Le Centre pour les droits de l’homme et de la démocratie en Afrique (Chrda) dénonce les actes d’atteinte aux droits de l’homme perpétrés par John Ewome Ekobo, dit Moja Moja, militaire du Bataillon d’intervention rapide et chef traditionnel du village Bwassa dans le Sud-Ouest du Cameroun. Une plainte contre lui a été déposée au tribunal militaire de Yaoundé.

Le 20 août 2022, un collectif d’avocats conduit par Me Amungwa Tanyi Nicodemus et Me Tamfu Ngarba a été convoqué au service central des Recherches judiciaires de la gendarmerie nationale. Cette convocation avait pour but de confirmer la plainte déposée au tribunal militaire de Yaoundé contre le nommé John Ewome Ekobo, plus connu sous le nom Moja Moja. Il est le militaire du Bataillon d’intervention rapide (Bir), par ailleurs chef traditionnel du village Bwassa. Il est accusé de torture et abus de fonction. Jusqu’à ce jour, ces avocats ne savent plus le sort réservé à leur plainte. Entre temps, les atteintes aux droits de l’homme attribués à Moja Moja ne cessent de s’aggraver.

Le rapport du Centre pour les droits de l’homme et de la démocratie en Afrique centrale (Chrda), suite aux actes de traitement inhumains et dégradants concernant ce militaire en service au bataillon d’intervention rapide (Bir) donne la sueur froide.

Dans ce rapport, l’on apprend que ce militaire connu sous le nom de Moja Moja s’est doté « d’une certaine cour martiale » à Buéa où il inflige des traitements inhumains et dégradants aux hommes et femmes de cette ville. Dans ce rapport publié la semaine dernière, le Chrda révèle de nombreux cas de traitements inhumains subis par des hommes et des femmes dans la région du Sud de juin à novembre 2022. Au moins 40 cas d’actes de barbarie ont été recensés. Certaines victimes présentent toujours les séquelles de traumatismes physiques. Le rapport du Chrda explique que le mode opératoire de Moja Moja est inédit : il procède à l’arrestation des personnes qu’ils soupçonnent d’être les complices des séparatistes et les torture au point que certaines en sont désormais handicapées. Ces deux derniers mois, 11 cas de détention arbitraire ont été dénombrés dans le rapport du Centre pour les droits de l’homme et de la démocratie en Afrique.

L’Etat laisse faire

Ces actes de violence violent toutes les lois nationales et Conventions ratifiées par le Cameroun sur le respect des droits de l’homme notamment l’article 2 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques qui dispose : « Les Etats parties au présent Pacte s'engagent à: Garantir que toute personne dont les droits et libertés reconnus dans le présent Pacte auront été violés disposera d'un recours utile, alors même que la violation aurait été commise par des personnes agissant dans l'exercice de leurs fonctions officielles. »

Le Centre pour les droits de l’homme et de la démocratie que dirige l’avocat Agbor Balla relève que les actes de traitements inhumains et barbares attribués à Moja Moja sont connus des autorités administratives et judiciaires de la région du Sud-Ouest. Ce militaire du Bataillon d’intervention rapide dispose également de moyens de transport logistiques qui lui permettent de se déployer pour procéder à des arrestations « barbares ». Mais les multiples plaintes déposées dans les différentes instances judiciaires du Sud-ouest restent sans suite. Cette impunité contraire aux principes que doit respecter un Etat de droit comme le Cameroun laisse les populations dans un état de psychose générale. Une source au tribunal militaire affirme qu’une enquête préliminaire a été ouverte suite à la plainte déposée par le collectif d’avocats.

Moja Moja avait procédé en début d’année à l’arrestation d’une femme enceinte, présentée comme l’ex copine d’un général séparatiste. La dame avait passé plusieurs mois en détention avant d’être libérée. Le Centre pour les droits de l’homme et de la démocratie en Afrique que dirige Felix Agbor Balla a saisi le Comité des Nationsunies contre la torture.


 


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