Histoire : jusqu'à 1903 , mes Bamoun étaient considéré au départ comme des Bamilékes
Le terme Bamiléké se trouve sous la forme BAM’LEKE dans les textes et sur les cartes Allemandes à partir de 1905 pour désigner tant la région que les populations dont nous nous occupons.
Il n’a été cependant que progressivement utilisé avec le sens restrictifque nous lui connaissons aujourd’hui. La région de Makénéné par exemple y était incluse.
Le regretté professeur Yves PERSON soutenait au cours d’une des multiples entrevues que les Bamoun étaient considéré au départ comme des Bamiléké. Ils n’ont été reconnus comme une population distincte par les Allemands qu’à partir de 1903 à cause du prestige et de la personnalité marquante de Njoya leur chef.
Les limites des territoires des groupes étant alors imprécises, la région Bamoun était considérée comme s’étendant jusqu’aux portes de Bangangté. Notons que d’autre part que pour les Anglais qui constuaient la majeure partie de population européenne au Cameroun entre 1845 et 1884, les Bamiléké, les Bamoun, les groupes Bafut, Ndop, Kom et Nsaw(Nso) étaient tous appelés « Cameroon Highlanders » ce qui peu se traduire par « les montagnards du Cameroun ».
Ces populations n’étaient cependant pas les seuls montagnards du pays, les Anglais leur ont donné un autre nom : » Grassfields ou Grassfielders » . Ce dernier nom générique est encore largement utilisé sous des formes altérées : « Graffis, Glaffiss » par les habitants concernés pour parler d’eux-mêmes.
Les mêmes populations étaient d’ailleurs plus anciennement indistinctement regroupées avec les Banen, les Bafia… sous le nom « Bayun » voir « Bayon ». Le problème posé par la délimitation de la région dite Bamiléké tire son origine de l’imprécision même du contenu de ce vocable.
De même qu’en de nombreux endroits on parle des riverains d’un cours d’eau, d’un lac, d’une rue ou d’une route, de même qu’on parle des montagnards ou des gens d’en haut et des gens d’en bas… de même dans la région de Dshang on parle des Balekeu ou des Baleké. Lekeu ou Léké terme local désignant une vallée ou un terrain présentant une concavité, Balekeu ou Baleké signifie les gens qui vivent dans la vallée.
Le terme BAMILÉKÉ a été mentionné pour la première fois dans un rapport du chef de poste de la plaine des Mbo non loin de Dschang en 1905. Pour des raisons de commodité administrative, les Allemands mais surtout les Français ont étendu cette cette terminologie à l’ensemble des populations de la région que nous étudions. Il s’avère ainsi clairement que le mot Bamiléké est un pis-aller. De ce fait, le groupe Bamiléké tel qu’il est connu de nos jours ne correspond pas à une réalité historique.
En fait on regroupe plus généralement les Bamiléké les « Bantu », plus encore parmi les « semi-Bantu » ou encore les « Bantoïdes » qui occupent une zone de forte densité démographique entre le massif du Cameroun à l’Est, le pays Igbo à l’Ouest et la Basse Benoué. (Tikar, Bamiléké, Bamoun, Vuté ou Babouté)….
Alors il faut s’avancer avec prudence lorsqu’on parle des Bamiléké mais plutôt une juxtaposition de petites communautés qui présentent des caractéristiques socio-culturelles communes et que l’on regroupe par Commodité sous l’appellation Bamiléké.réalités.
Le fait Bamiléké ne constitue pas un cas isolé. De tels regroupements etai légion en Afrique à l’époque coloniale. Comme ils ont été maintenus dans la plupart des cas, ils contribuent encore de nos jours à donner une fausse image de certaines realités…. »
Extrait de : Bamiléké de l’ouest Cameroun 1850-1916. PANTHEON SORBONE, La situation avant et après l’accentuation des influences européennes. Paris Juin 1986.