Kribi : dans l'enfer de la prostitution des mineures

Dans la cité balnéaire, il y a des adolescents, dont certaines sont à peine âgées de 12 ans, qui se livrent à cette activité. Kribi, le chef-lieu du département de l’Océan dans la région du Sud, vibre désormais au rythme de trois types de prostitution. C’est du moins ce que croient les responsables de la délégation départementale de la Promotion de la femme et de la famille de l’Océan. D’un côté, il y a des adolescents, dont certaines sont à peine âgées de 12 ans. Dans la deuxième catégorie il y a les jeunes filles émancipées. Leur âge oscille entre 16 et 20 ans et la dernière catégorie est constituée de femmes au-dessus de la majorité (21 ans et plus). Au Mokolo Essamba par exemple, les coins de distraction comme les « tourne dos », les bars et les comptoirs de vin de palme sont nombreux. Ici, les femmes sont aux aguets devant leurs domiciles. Elles arborent des tenues vestimentaires parfois extravagantes pour séduire. Naomie est âgée de 23 ans. Cette jeune fille que nos confrères du quotidien Le Jour ont rencontrée habite le carrefour Mokolo Essamba depuis six mois. Elle boit une bière avec trois jeunes gens, ses voisins du quartier. Il s’agit en fait de rabatteurs. Leur rôle consiste à trouver des clients à la jeune femme. En contrepartie, elle leur offre à boire. En plus de la bière qu’elle consomme, Naomie a deux bâtons de cigarette entre les mains. Elle porte une robe moulante qui expose une bonne partie de son corps. Le carrefour Kingue « J’ai dit à mes parents que je travaille à Kribi et ils savent que j’ai un emploi qui me fait gagner un peu d’argent. Je n’ai pas de famille dans cette ville. Si je me suis retrouvée ici, c’est parce que j’avais toujours des problèmes avec ma maman. Elle n’a cessé de me dire d’aller vivre où je veux. Finalement, j’ai décidé de quitter la maison et je passe mon temps à boire et à fumer pour noyer mes soucis. Lorsque je trouve un homme qui est prêt à me donner un peu d’argent pour manger, je me rends disponible pour lui. J’ai une fille qui vit chez ma mère, je veux rentrer en famille, mais j’ai honte parce que je leur ai dit que je travaillais alors que je vis chez une voisine », déclare Naomie. Un autre quartier chaud : le carrefour Kingue. Il est plus de 22h ce 28 janvier 2021. Le snack bar Emergences grouille de monde. Des filles âgées de 15 à 20 ans sont nombreuses dans ce somptueux espace qui distille les sonorités musicales de l’heure. La boisson coule à flot. Ginette L., 16 ans, est assise avec trois autres filles. Elles sont toutes élèves dans un établissement de la ville. « Nous sommes un groupe de jeunes, nous nous connaissons depuis des années et nous sommes ensemble à l’école. Lorsqu’on arrive ici, c’est pour jouer la vie. On boit et on s’amuse entre nous. Parfois les gars sollicitent notre compagnie. Lorsque la proposition est bien faite nous nous mettons à leur disposition pour passer une bonne soirée », explique Ginette L. Les berges des plages « Je suis mère d’une fille. Quand je sors, ma mère reste à la maison avec ma fille âgée d’un an. Parfois, lorsqu’un homme me donne un peu d’argent j’en remets une bonne partie à ma mère qui reste beaucoup plus à la maison avec l’enfant », ajoute Ginette. La ville dispose de plusieurs points de repères pour les travailleuses du sexe. Parmi ces points, l’on peut citer le carrefour Mboa Manga, le carrefour Django, le carrefour Kingue, le quartier Newton. Les berges des plages sont également des lieux d’exposition pour les travailleuses de sexe. Ces employés qui gagnent peu sont parfois obligés de dépenser tout leur argent pour quelques secondes de plaisir. C’est la même chose que l’on observe du côté de la Socapalm qui se trouve à Kienke. Beaucoup de filles ont quitté les villages imaginant dans leur tête que Kribi était en fait le paradis. La prostitution ici dans cette ville ne consiste plus à chercher le Blanc au bord de la plage. Les camionneurs qui font la ligne du port de Kribi vers les autres villes abandonnent leurs véhicules pour aller dans les auberges avec les femmes. Les serveuses de bars, les réceptionnistes dans les hôtels, les agents des sociétés de gardiennage ont également une responsabilité dans ce phénomène.


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