Il broie du noir. Deux ans après son affectation au lycée bilingue de Batoufam dans le département du koung-khi région de l’Ouest, Cedrick Ngassa (nom d’emprunt) perçoit 10.000 FCFA provenant de l’APEE (Association des parents d’élève et enseignants) pour subvenir à ses besoins. Un état de chose qui n’est pas normal. « En temps normal, il est prévu que deux ans après la prise de service, nous percevions au minimum le 1/3 de notre salaire (64 000 FCFA) », confie-t-il, le regard hagard. Pour remédier à cette situation, l’enseignant de mathématiques de 26 ans, a entamé des procédures au ministère des Enseignements secondaires (Minesec), et dit ne pas encore avoir de suite favorable à son problème. Pour joindre les deux bouts, le major de sa promotion au sortir de l’Ecole normale supérieure . (ENS) de Yaoundé en 2018, fait dans les travaux champêtres, associé à ce qu’il perçoit des parents. « C’est grâce à mes parents que je parviens à survivre jusqu’à présent. Car ici, je loue la maison (15 000FCFA), il faut payer la facture du courant électrique. Sans compter la nutrition. Je suis parfois obligé de fuir les cours pour aller faire le champ parce que c’est insupportable. », argue-t-il. Des situations pareilles, bon nombre d’enseignants les vivent au quotidien. C’est le cas depuis cinq ans pour Cyrille Kouakam. Il a été affecté au CETIC de Mayobaleo, département du Faro et Déo dans la région de l’Adamaoua, et vit des situations inconfortables. La somme de 128.000 FCFA, représentant les 2/3 du salaire d’un enseignant, qu’il perçoit depuis six mois, ne lui permet pas de joindre les deux bouts, n’ayant pas d’autres sources de revenus. « Ma zone d’affectation est tellement enclavée qu’il n’y a pas de réseau routier ni d’hôpital, rien pour s’épanouir. Je me sens souvent obligé de prolonger mes congés pour me ressourcer un peu en famille. », renchérit l’enseignant de maçonnerie. Mais il ne reste pas les bras croisés. « J’ai déjà déposé plusieurs dossiers au Minesec pour que ma situation soit rétablie. Mais mes dossiers traînent toujours dans les tiroirs. Je devais déjà toucher l’intégralité de mon salaire (192.000 FCFA) hormis les primes », explique-t-il. Pour Gutenberg Ndogmo Meli, enseignant de froid et climatisation à l’Ecole normale des instituteurs d’enseignement technique (ENIET) publique de Ber-toua, la situation s’est décantée depuis quatre ans. Mais il reconnaît avoir eu recours des relations haut placées, malgré la lenteur dans l’évolution des dossiers au Minesec. « J’ai procédé par la magouille pour avoir le premier salaire, le réseau pour le 1/3 restant, le réseau pour la totalité du salaire. Même pour l’effet financier des avancements c’est grâce au réseau », déplore-t-il.
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