Franc cfa : la france moque la réforme communautaire

Un rapport du Sénat français dénonce le caractère cosmétique de la nouvelle coopération monétaire et informe que l’abandon de la devise commune n’est que de pure forme sauf si les pays de la zone Franc coalisent pour l’émergence d’une politique dynamique ambitieuse et collective. AU MOMENT où se tenait à Brazzaville la rencontre entre les pays de la Cemac et la France sur le destin de la relation entre ces deux partenaires, le Sénat français a fait une sortie des plus retentissantes sur le Franc Cfa notamment en ce qui concerne la réforme de la coopération monétaire avec la France, le lieu de l’impression de la monnaie et les bénéfices tirés par la France par le dépôt des réserves de change au Trésor public français. Pour ce faire, Nathalie Goulet, sénatrice centriste, s’est fait le devoir d’en dévoiler les grandes lignes pour la commission des finances du Sénat hexagonal dans la presse. D’après elle, « les engagements de la France vis-à-vis du franc CFA qui constitue une ligne dont on ne parle jamais ». De plus, « c ’est un sujet qui passe entre minuit et demi et une heure du matin pendant le vote du budget » au Parlement. Le sujet paraît plus symbole et technique que financier. Tout comme les idées reçues sur les supposés ou réels bénéfices pue tire la France de cette monnaie selon ses explications dans une interview accordée à la radio française RFI. «En fait, ce qui se passe, c ’est que vous avez une garantie qui est donnée par la France. En échange de cette garantie, la France conserve des réserves de change des pays africains. C’est normal, quand vous demandez une garantie à votre banque, elle vous prend une hypothèque. Là, c ’est pareil », explique-t-elle. Cependant, le sujet est politiquement plus complexe et lourd qu’il n’y paraît. Car, dans les données de souveraineté des Etats, la monnaie est incontournable. Si elle comprend le vœu des opinions africaines de vouloir rompre, avec cette monnaie étrangère, elle excipe le fait que le France ne gagne rien et ne s’enrichit pas avec les réserves de change des pays de la zone franc. «L’obligation de détenir une partie des réserves sur un compte d’opérations auprès du Trésor ne constitue pas une taxe sur les pays de la zone franc et, évidemment, ne sert pas à financer la dette française. Je vous assure qu ‘avec 4 000 milliards d’engagements au bilan, 2 000 milliards de dettes à peu près, la France ne s’enrichit pas avec les réserves de change africaines », poursuit-elle. Sur Te lieu d’impression de la monnaie, la sénatrice louvoie. «On est dans le détail. En termes de symbole, c ’est essentiel que les pays africains puissent éditer leur propre monnaie », lance-t-elle sans conviction. Elle poursuit : «l’abandon du franc CFA va mettre un terme à un symbole et il y a beaucoup de malentendus. Mais sur le plan technique de la cuisine et de l’arrière-cuisine, les choses n ’ont pas beaucoup changé ». En fait, assure-t-elle, ce qui va se passer, <«z l’opération se fait, on gardera la convertibilité. Vous avez une voiture qui roule, vous changez la carrosserie du franc CFA, vous l’appelez «éco». Vous allez rompre avec la carrosserie précédente et avoir une nouvelle monnaie, mais le moteur va rester le même. Ça va rester la parité et la convertibilité sur l’euro. En réalité, la réforme telle qu ’elle est proposée, est cosmétique, sauf si les pays d’Afrique se rassemblent et en profitent pour faire émerger une politique dynamique et ambitieuse, et collective ». Pour elle, c’est caractère cosmétique qui est à l’origine des vives critiques qu’essuie la réforme proposée par l’Afrique de l’Ouest sur l’Eco. «Cela ne dépend pas de la France qu ’elle soit cosmétique. Cela dépend des pays africains qui sont les premiers concernés. Moi, je crois que c ’est un avantage, une base pour en faire autre chose. C ’est ce que nous expliquait d’ailleurs Dominique Strauss-Kahn, c’est que cela peut-être une opportunité formidable. Maintenant, il dépend des pays africains et de leurs dirigeants d’utiliser cette période de réformes pour une réforme ambitieuse, budgétaire et monétaire. Donc, cet abandon du franc CFA. en deux mots peut être une opportunité », conclut-elle.


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