Alors que la frontière est fermée depuis bientôt six mois, les autorités locales camerounaises signalent l’arrestation et la détention de certains commerçants camerounais en Guinée Equatoriale. Périodiquement, au gré des prétentions et poussées sécuritaires du président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo de Guinée Equatoriale, la frontière, 189km avec le Cameroun est fermée avec à la clef des arrestations préventives dans la plus grande discrétion. Comme c’est le cas en ce moment où le préfet de la Vallée du Ntem signale officiellement la détention de deux Camerounais à Malabo. Si Bouba Haman signale qu’il doit en exister d’autres, le gouverneur du Sud, Félix Nguele Nguele souligne que des démarches diplomatiques sont en cours pour l’élargissement des compatriotes qui seraient des diplomates. Une autre étincelle dans cette crise pour le moment feutrée que les autorités camerounaises souhaitent très passagère. «Il vaudrait mieux qu’elle trouve une solution entre les deux parties. Il n’est de l’intérêt de personne qu’elle soit soumise à l’arbitrage des instances internationales», croit savoir un membre du gouvernement. C’est en tout cas, début août 2019 que les autorités camerounaises sont alertées de l’intrusion des militaires équato-gulnéens sur leur territoire près de la ville de Kye-Ossl, qui fait face à la ville équato-guinéenne d’Ebebiyin. Sur plusieurs centaines de mètres au-delà de la rivière, qui matérialise la frontière, les Camerounais ont constaté un dé-frichage et la pose de jalons. Il se confirme donc l’intention du président Obiang d’élever un mur au-delà de la frontière naturelle avec le Cameroun. La réaction des autorités de Yaoundé ne s’est pas faite attendre. Dès le 06 août 2019, le chef d’Etat-major des armées, le général René Claude Meka, se rend sur les lieux et constate la menace d’empiètement du territoire camerounais. Le Cameroun adresse un avertissement au président Obiang Nguema qui, prenant probablement des exemples sur les murs de protection érigés par Israël, et le projet du président Trump des Etats-Unis à la frontière avec le Mexique, veut j ”bunkeriser » son pays. Normal, i souligne un officiel camerounais. Mais pas en attentant au territoire camerounais. Le Min-def a passé la St Sylvestre avec la troupe dans cette lie Brim et s’était rendu à un autre poste de commandement pour les mêmes raisons. Kye-Ossi, pas Bakassi A l’heure de la libre circulation des biens et ressortissants de la zone Cemac, «l’initiative de la Guinée Equatoriale interroge tout de même», commente un diplomate. Surtout que les populations d’Afrique centrale sont globalement très mobiles dans l’ensemble de la sous-région. Bien sûr, reconnait-il, la frontière camerounaise constitue le principal point de passage des migrants des pays ouest-africains. «Mais de-là à fermer la frontière, comme c’est le cas depuis octobre 2019, on ne peut que s’étonner». Depuis environ six mois en effet, les échanges commerciaux sont gelés entre Malabo et Yaoundé. Pas surprenant que l’activité corgmerciale généralement très relevée de Kye-Ossi, soit quasiment nulle. Cela était très perceptible lors du récent séjour du reporter d’Essingan au cours de la visite de travail des deux ministres la semaine dernière. A écouter des témoignages, des visites ministérielles équato-guinéennes se multiplient dans cette partie continentale du pays. Une importante délégation des responsables de la sécurité et de la défense, menée par le vice-ministre des affaires étrangères, Nze Okue Mifumu, a également sillonné cette partie de la province de Kye-Ntem pour s’enquérir du problème, recenser les migrants clandestins et menacer d’expulsion les «sans-papiers non déclarés au service d’immigration.» Et pourtant, à la lecture de la balance commerciale déséquilibrée pour la Guinée Equatoriale, les mesures prises par les autorités de ce pays voisin, lui sont totalement défavorables. Malabo reproche aux autorités camerounaises «leur laxisme dans le développement de ces flux migratoires non maîtrisés, qui constituent désormais une réelle menace pour le pays.» Un prétexte pour le tempérament belliqueux et belliciste du «petit voisin» dont les premiers incidents et tentatives de prétentions sur le Cameroun remontent à décembre 1996. Une parenthèse vite fermée à l’époque, pour que Kye-Ossi ne soit pas Bakassi.
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