De la Société camerounaise du Droit d Auteur (Socadra) à la Société nationale camerounaise de l Art musical (Sonacam), en passant par la Société civile nationale des Droits d Auteur (Socinada), les Cameroon music corporation (Cmc), la Société civile camerounaise de l’Art musical (Socam), le droit d auteur au Cameroun ressemble à un organisme programmé chaque fois à dessein pour échouer. Tant la récurrence des palabres sur fond de détournement de fonds plombe les flancs de la gestion de ces différents organismes qui se succèdent depuis des années dans cet important secteur de l art musical. Un vrai casse-tête aussi bien pour l’Etat que pour les artistes. Le droit d’auteurs au Cameroun a une histoire. Mais une histoire qui n’est pas un long fleuve tranquille. L’on se souvient pour la petite histoire que, c’est le 22 septembre 1979 qu’un décret présidentiel (N°79/392) crée la Société camerounaise des droits d’auteurs (Socadra) dans notre pays. Cet organisme public est chargé de la gestion des droits d’auteurs sur l’ensemble du territoire national. La Socadra remplace à cet effet, la Société des auteurs, compositeurs, éditeurs de musique (Sacem), un organisme français, qui avait jusque-là compétence au Cameroun sur la gestion des droits d’auteurs dans notre pays. L’espoir suscité par la mise sur pied d’une société de gestion collective gérée par les nationaux s’est rapidement estompé, si bien que le ministère de l’information et de la Culture de l’époque la remplace en 1990 par la Société civile nationale du droit d’auteur (Socinada). Les leçons de l’échec de la Socadra inspirent une nouvelle forme de société de gestion collective des droits d’auteurs : une société civile, mise en place par les artistes eux-mêmes, à l’issue d’une assemblée générale constitutive. L’objectif est noble pour susciter un nouvel espoir chez les artistes. Mettre en vitrine un réel esprit de corps pour l’amélioration des conditions de vie et le développement de l’art au Cameroun. Mais au bout de quelques années, la Socinada entre elle aussi en crise. Les maux qui avaient emporté la Socadra ressurgissent avec beaucoup d’allant : détournement des sommes perçues sur l’exploitation des droits des auteurs, trafics d’influence de toute nature, guerres de clans, etc…. Plus d’un milliard de Fcfa sont ainsi détournés par les administrateurs qui sont tous des artistes élus par leurs pairs Le 6 juin 2002, à la faveur d’une nouvelle loi votée en décembre 2000, la Socinada est dissoute. Ladite loi reconfigure l’environnement juridique et administratif du droit d’auteurs au Cameroun. Plus tard, une commission de liquidation présidée par Claude Bernard Messy est mise sur pied. En 2005, ladite liquidation prend corps, sous la supervision de Magloire Ondoa, alors président de la Commission permanente de médiation et de contrôle des organismes de gestion collective du droit d’auteur et des droits voisins. Là encore, .des divergences d’opinion sont constatées, notarYi-ment dans la gestion des fonds collectés. Le président de la République, Paul Biya, décide de mettre fin aux querelles byzantines des artistes en créant la Cameroon Music Corporation (Cmc) et en nomme Manu Dibango comme président du Conseil d’administration de cette nouvelle société. Dysfonctionnements Basé à Paris en France, le célèbre saxophoniste engage un vaste chantier de réformes avec d’autres organismes des droits d’auteurs étrangers. Seulement, sa gestion est vite critiquée par ses pairs. Pour sauver son honneur trainé dans la boue, Manu Dibango rend son tablier. Une Assemblée générale élective organisée le 16 avril 2005 propulse Sam Mbende au poste de président du Conseil d’administration de la Cmc. Ses rapports orageux avec la Minac, Ama Tutu Muna, perturbe fortement son mandat. Le pic de l’adversité intervient le 12 mai 2008 lorsque la Minac annule les résolutions de l’Assemblée générale. Elle retire également l’agrément donnant droit à la gestion collective du droit d’auteur du domaine musical à la Cmc. Sur ces entrefaites, nait le 7 juin 2008, la Société civile camerounaise (Socam). Elle a à sa tête, Odile Ngaska comme Présidente du Conseil d’Admi-nistration. Sauf que l’arrivée de cette dernière sera fortement contestée par Sam Mbende qui affirme être toujours en fonction. Elle ne manque non plus de plonger la main dans la cagnotte. Constat : depuis 2008, la gestion collective du droit d’auteur du domaine musical au Cameroun est paralysée. Les perceptions des redevances du droit.d’auteurs sont arrêtées, les usagers du droit d’auteur, d’habitude pas très prompts à s’acquitter de leurs redevances, trouvent dans ce désordre ambiant, un motif supplémentaire de refus de payer. Les conditions de vie des artistes se dégradent, les divisions renaissent de plus belle et s’accentuent au sein de la classe musicale camerounaise. Avec l’arrivée du ministre Narcisse Mouelle Kombi au ministère des Arts et de la Culture, une nouvelle mutation voit le jour avec l’entrée en scène de la Société nationale camerounaise de l’art musical (Sonacam) qui a pour Pca, l’artiste musicien de renommée avérée, Sam Fan Thomas. Mais très tôt, les ayants droit vont vite déchanter. L’on parle de nombreux dysfonctionnements observés au sein de la gestion de la Sonacam par la Commission de contrôle des organismes . de gestion collective entre janvier 2018 et juin 2019. Ce qui vient pour rappeler que l’art musical ne s’est pas toujours départi de ses vieilles tares. Surtout cet acoquinement incestueux avec l’argent du droit d’auteurs. La nouvelle réforme engagée par le ministre Pierre Ismaël Bidoung Mkpatt’qui a abouti à l’adoption d’une nouvelle loi, engage les artistes à aller aux élections dans les prochains jours pour doter la Sonacam d’un nouveau directoire, après l’adoption des textes fondateurs de la Sonacam. Pourra-t-on donc assister enfin, à la fin des bagarres inutiles dans l’art musical ? Wait and see !
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