[Éducation]un arnaqueur au trousse des proviseurs

Un arnaqueur se passant pour un directeur du ministère des Finances, il dit vouloir éviter aux gestionnaires indélicats qu’il invite à l’appeler, les chemins de la prison. Depuis deux semaines, un individu harcèle au téléphone des chefs d’établissements publics ciblés à l’avance, qu’il sollicite. Le stratagème commence par un Sms. « Bonjour Monsieur X (Mle …). Bien vouloir de concert avec Sieur Y (Mle …, intendant du lycée de …), prendre attache de toute urgence avec M. Nteppe Luc que je suis (chef de la division des affaires juridiques et du contentieux à la Direction générale du Trésor) au… pour affaire vous concernant ». Dans les cas portés à notre connaissance grâce à quelques victimes qui ont enregistré les appels téléphoniques, lorsque le proviseur appelle, il fait mine d’être occupé. « Rappelez-moi dans 5mn, le temps que je libère l’usager qui est devant moi », dit-il d’un air très suffisant. Lorsqu’on le rappelle comme convenu, il demande si le gestionnaire se souvient des griefs portés sur sa gestion lors des contrôles budgétaires effectués ces dernières années. « Je n’étais pas obligé de vous informer mais sachez que j’ai entre les mains un dossier qui risque de vous conduire en prison. Il a été transmis à notre direction générale par le Directeur de la comptabilité-matières.Le Directeur général du Trésor m’a demandé de faire la note pour transmettre le dossier au ministère de la Justice. Cela fait suite aux rapports de contrôle des exercices 2018, 2019 et 2020 qui vous accablent », indique-t-il. Sûr de l’effet de surprise et de la panique probable de son interlocuteur, il entreprend « par gentillesse », de lui lire le contenu de la note qui l’accable. D’un air hautain, il commence par l’entête d’un document préparé à l’avance et dont seuls les noms des concernés changent, énumère des « vu » et finit par les griefs retenus contre le gestionnaire et son agent financier. Il y en a de sérieux comme de farfelus, mais toujours beaucoup pour lui donner l’impression que la prison les guette, lui et son intendant : absence de preuve de gestion du matériel informatique, du Tm, surfacturation, fausses factures, faux et usage de faux, non-versement des frais Fenassco, etc. Et c’est là qu’il pèche. Il énumère plusieurs fois des frais qui sont prélevés en amont de la chaîne de collecte et dont la gestion n’incombe pas à ces derniers. Puis, il se fâche dès la moindre contrariété. « Vous croyez que je suis obligé de vous lire ça ? En tout cas, vous aurez affaire avec la justice ». Ceux qui sont restés lucides pendant l’exercice d’arnaque s’étonnent qu’il leur parle à chaque fois du ministère de la Justice alors que les fautes de gestion, lorsqu’elles existent, sont de la compétence du Contrôle supérieur de l’Etat. « Depuis quand le Minfi s’occupe du contrôle de la gestion des frais exigibles ? S’étonne l’un d’eux. Le Minesec a des structures dédiées à cette tâche ». D’autres incongruités sont aussi relevées. Tout d’abord, l’identité du pseudo-bienfaiteur. A bonne source, M. Nteppe Luc n’occupe pas de telles fonctions au ministère des Finances. L’organigramme (2013) de la Direction générale du Trésor, de la Coopération financière et monétaire comprend en effet une inspection des services, la direction des affaires générales, une direction des assurances, une division de l’informatique, une division de la micro-finance, une direction de la comptabilité publique, une direction de la trésorerie, une direction de la coopération financière et monétaire et pas de division des affaires juridiques et du contentieux. Ensuite, contre ses prévisions, plusieurs de ses potentielles cibles n’ont pas connu pendant la période suscitée des contrôles ayant entraîné la signature des procès-verbaux contradictoires, ainsi qu’il l’insinue dans la lecture de son acte d’accusation. Plusieurs jours après la conversation, certains ont voulu relancer le numéro communiqué qui sonne toujours. Mais il discrimine le décrochage. « C’est un escroc. Un cadre de ce niveau dispose d’une ligne de service qui peut même toucher l’international. Quel intérêt a-t-il à nous demander de l’appeler s’il y avait une telle urgence, à partir de nos téléphones personnels ? », réagit une victime.


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