Par Grégoire DJARMAILA Voici trois semaines que les « seigneurs de la craie » ont séché les cours pour réclamer, entre autres à l’Etat, de meilleures conditions de travail et le paiement d’arriérés de salaire et d’avancements. Regroupés au sein du collectif « OTS » (On a Trop Souffert) et opérant à visages masqués, les grévistes décrient notamment les retards dans le traitement de leurs dossiers d’intégration et de prise en charge financière ainsi que la mauvaise gestion de leurs carrières. Objectivement, personne ne peut remettre en cause la légitimité de ces revendications qui irradient sur les conditions de vie et de travail de ces éducateurs. Tout comme personne ne peut accepter qu’un fonctionnaire doit attendre cinq ans après sa sortie d’école pour percevoir son premier salaire. Dans la société, l’enseignant joue un rôle éminemment important. C’est à lui qu’incombe la tâche de transmettre les connaissances. Après la famille, l’éducateur assure la socialisation de l’enfant (apprenant) pour lui inculquer les valeurs de la société. C’est donc, compte tenu de l’importance du rôle de cet acteur social que le gouvernement reste sensibilise aux préoccupations du corps enseignant. Ces dernières décennies, l’éducation est l’un des secteurs qui bénéficient de grosses dotations budgétaires. C’est aussi dans ce secteur que l’Etat recrute le plus dans la fonction publique. La multiplication des écoles de formation (Ens et Enset) participe de la volonté du chef de l’Etat d’accorder une place de choix à ces formateurs de la jeunesse. A la suite des négociations entamées par le gouvernement, le président de la République vient de prescrire une batterie des mesures pour apporter des réponses appropriées aux revendications formulées par les enseignants. Certaines de ces mesures sont d’application immédiate. Les premières mesures doivent être effectives dès la paie de ce mois de mars. Ainsi dès ce mois et ce jusqu’à la fin de l’année, une dotation d’1 milliard 759 millions de F sera dégagée chaque mois pour apurer la dette liée à l’indemnité de non-logement ainsi que celle relative à l’intégration partielle des enseignants. Selon la prescription présidentielle, les rappels seront payés dès le mois de mai 2022 et le reliquat de la dette intérieure due aux enseignants sera apuré au cours du prochain exercice budgétaire. Le chef de l’Etat enjoint en outre les ministres concernés à procéder au traitement accéléré des dossiers des enseignants. En bon père de famille, le chef de l’Etat a donc entendu les cris de ses compatriotes enseignants. Le déploiement de pas moins de cinq membres du gouvernement dans le cadre de la communication gouvernementale sur les revendications des enseignants prouve à suffisance que ce dossier tient à cœur les pouvoirs publics. Il faut admettre que malgré un contexte économique particulièrement difficile, le président de la République a accédé aux revendications légitimes des enseignants. Il n’est superflu de rappeler que notre pays est actuellement sous programme avec le Fonds monétaire international (Fmi) avec ce que cela comporte comme contraintes budgétaires. Par ailleurs, à l’instar de nombreux autres pays, le Cameroun subit durement et ce depuis plusieurs années, la chute des cours des matières premières sur le marché mondial. La survenue de la pandémie du coronavirus, il y a deux ans, et qui a mis en berne toutes les activités économiques, n’est pas pour arranger les choses. Et selon les prédictions des économistes, la guerre en Ukraine nous promet des jours plus drastiques. Il y a donc lieu pour les enseignants de se montrer compréhensifs, de reprendre la craie et de donner du temps au gouvernement pour résoudre leurs problèmes. Ils doivent surtout éviter que leurs revendications fassent l’objet d’une récupération par des acteurs tapis dans l’ombre. La récente sortie de certains leaders politiques en panne d’inspiration pour apporter « leur soutien aux enseignants » et appelant « le peuple camerounais à ne pas rester muet face aux souffrances des enseignants » s’inscrit dans cette logique d’instrumentalisation de ce mouvement d’humeur. La tentative d’implication des élèves dans ce mouvement d’humeur procède de ces mêmes intentions pernicieuses. Ces politiciens du dimanche qui n’ont de programme politique que la diabolisation du pays invitent les enseignants à poursuivre, voire à durcir leur mouvement de grève et s’échinent à banaliser les mesures que vient de prescrire le chef de l’Etat. En réalité, ces tentatives malsaines ont pour finalité de mettre en péril la formation de la jeunesse et de créer une situation chaotique dans le pays. Dans leur agenda caché, ces forces obscures tentent de s’inspirer de ce qui s’est passé dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest il y a sept ans pour aboutir à une situation insurrectionnelle. Tout en en affichant son ouverture pour le dialogue, le gouvernement restera vigilant sur toute tentative de dévoiement de ces revendications.
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